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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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malheurs domestiques. Ces dernières considérations ramenaient Butler à des sentimens de conciliation, pourvu qu’il pût céder sans compromettre ses principes. C’est ainsi que notre héroïne, simple et sans prétention, avait le mérite de ces conciliateurs qui sont annoncés comme une bénédiction sur la terre.
    La seconde croix de mistress Butler, pour parler le langage de son père, c’était que, quoique quatre à cinq ans se fussent écoulés depuis sa dernière entrevue avec sa sœur dans l’île de Roseneath, elle ignorait absolument si elle était heureuse et dans quelle situation elle se trouvait. Dans leur position respective, on ne pouvait espérer, peut-être même ne devait-on pas désirer une correspondance bien active, mais Effie lui avait promis de lui donner de ses nouvelles, si elle vivait, si le sort la favorisait ; et, n’en recevant aucune, Jeanie en concluait ou qu’elle n’existait plus, ou qu’elle était tombée dans quelque abîme de malheur. Ce silence lui paraissait du plus mauvais augure, et lui donnait les plus vives inquiétudes sur la destinée de cette sœur chérie. Le voile qui la couvrait se déchira enfin.
    Un jour que le capitaine de Knockdunder était venu à la manse, après avoir fait une absence de quelques jours, lorsqu’on lui eut servi, sur sa demande, un mélange de lait, d’eau-de-vie et de miel, qu’il prétendait que mistress Butler préparait mieux qu’aucune femme en Écosse, – À propos, ministre, dit-il à Butler, j’ai trouvé à la poste, à Glascow, une lettre pour votre excellente femme. Le port est de quatre sous, voulez-vous les jouer quitte ou double au trictrac ?
    Le trictrac et les dames étaient l’amusement favori de M. Whackbairn, principal de l’école de Libberton, où Butler avait vécu si long-temps comme sous-maître. Le ministre se piquait d’une certaine force à ces deux jeux, et sa conscience ne lui faisait aucun reproche de se livrer de temps en temps à un délassement qu’il regardait comme innocent. Mais celle de Deans était plus sévère, et il poussait des soupirs qu’on aurait pu prendre pour des gémissemens quand il voyait les enfans s’amuser avec les tables de jeux dans le salon, ou les dames et les dés. Plus d’une fois mistress Butler avait voulu placer ces objets, si odieux aux regards de son père, dans quelque chambre ou quelque coin moins apparent : – Laissez-les où ils sont, disait alors Butler. Je n’ai point à me reprocher que ces amusemens innocens en eux-mêmes me fassent négliger des devoirs plus importans. Je ne veux donc pas qu’on puisse supposer que je me livre en secret, et par conséquent contre ma conscience, à une récréation qui n’a rien de criminel, et que je puis me permettre de temps en temps ouvertement. Nil conscire sibi, Jeanie, telle est ma devise. Cela signifie, ma chère amie, qu’un homme agit avec confiance et franchise, quand sa conscience ne lui reproche rien.
    Tels étant les principes de Butler, il accepta le défi du capitaine, et remit à sa femme la lettre qui lui était adressée, après lui avoir fait observer qu’elle portait le timbre d’York, mais que l’adresse ne paraissait pas de l’écriture de son amie mistress Bickerton, à moins qu’elle n’eût fait de grands progrès dans l’art d’écrire, ce qui ne paraissait pas probable à son âge.
    Laissant Duncan et son mari occupés de leur partie de trictrac, mistress Butler alla donner quelques ordres pour le souper, le capitaine ayant annoncé qu’il passerait la nuit au presbytère. Elle ouvrit négligemment la lettre, mais elle n’eut pas plus tôt lu les premières lignes, qu’elle courut s’enfermer dans sa chambre à coucher pour la lire.

CHAPITRE XLVIII.
 
    « Le bonheur t’a souri, sois heureuse toujours !
    » Garde-toi d’envier ma fortune précaire ;
    » C’est à moi d’envier le calme de tes jours,
    » Et ta si modeste chaumière. »
    Anonyme.
    Cette lettre ne portait d’autre signature que la lettre E ; elle était bien d’Effie. Cependant, ni l’écriture ni l’orthographe, ni le style, n’auraient pu faire reconnaître qu’elle avait été écrite par Effie, dont l’éducation n’avait pas été plus brillante que celle de Jeanie, et qui en avait moins bien profité.
    Cette lettre était écrite en caractères appelés écriture italienne, bien tracés, quoique un peu raides. – L’orthographe et le style indiquaient une personne qui avait

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