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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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fait de bonnes lectures, et vivant dans la haute société ; voici quelle en était la teneur :
    « MA TRÈS CHÈRE SŒUR,
    » Je me hasarde à vous écrire, à tous risques, pour vous informer que je suis vivante, et que je jouis dans le monde d’un rang beaucoup plus élevé que je ne le méritais et que je ne pouvais l’espérer. Si la fortune, les distinctions, les honneurs pouvaient rendre une femme heureuse, il ne me manquerait rien. Mais vous, Jeanie, vous qui, aux yeux du monde, pouvez paraître bien au-dessous de moi, vous êtes bien plus heureuse !
    » J’ai eu le moyen d’avoir de vos nouvelles de temps en temps, ma chère Jeanie ; je crois que sans cela mon cœur se serait déchiré. J’ai appris avec grand plaisir que vous êtes entourée d’une charmante petite famille. Nous n’avons pas le même bonheur. La mort nous a enlevé successivement deux enfans, et il ne nous en reste aucun. Que la volonté de Dieu s’accomplisse ! Si nous en avions un, peut-être sa vue dissiperait-elle les sombres pensées qui le tourmentent sans cesse, et qui le rendent si terrible pour lui et pour les autres. Que cela ne vous effraie pourtant point, Jeanie ; il est toujours plein de tendresse pour moi, et je suis beaucoup plus heureuse que je ne le mérite.
    » Vous ne reconnaîtrez pas mon écriture, Jeanie. J’ai fait bien d’autres progrès. J’ai eu les meilleurs maîtres en pays étranger, et j’ai beaucoup travaillé parce que je voyais que cela lui faisait plaisir. Il est véritablement bon, mais il a plus d’un sujet de chagrin, quand il porte ses regards en arrière. Pour moi, quand je songe au passé, j’ai toujours une lueur de consolation ; et je la dois à la conduite généreuse de ma sœur, qui ne m’a pas abandonnée quand tout le monde me délaissait. Le ciel vous en a récompensée. Vous vivez heureuse, aimée et estimée de tous ceux qui vous connaissent ; et je mène une vie misérable, ne devant la considération qu’on m’accorde qu’à un tissu de mensonges et d’impostures que le moindre accident peut découvrir. Depuis qu’il a recueilli la succession de son père et celle de son oncle, il m’a présentée à ses amis comme fille d’un Écossais de grande condition, obligé de s’expatrier lors des guerres du vicomte de Dundee ; – c’est le vieil ami de notre P…e Clavers {133}  : vous savez ? Il dit que j’ai été élevée dans un couvent d’Écosse, ce que mon accent rend assez vraisemblable. Mais quand un de mes concitoyens vient à me parler des familles qui prirent part aux guerres de Dundee, et me fait quelques questions sur la mienne, quand je le vois attendre ma réponse, les yeux fixés sur les miens, je ne sais comment la terreur que j’éprouve ne dévoile pas sur-le-champ la vérité ; je ne me suis sauvée jusqu’ici que grâce à la politesse et au savoir-vivre, qui empêchent qu’on ne me presse de questions trop embarrassantes. Mais combien cela durera-t-il ? et si je fais découvrir qu’ il a cherché à cacher l’origine véritable de son épouse, ne me haïra-t-il pas ? Il me tuerait, je crois, car il est maintenant aussi jaloux de l’honneur de sa famille qu’il s’en souciait peu autrefois.
    » Je suis en Angleterre depuis quatre mois. J’ai souvent songé à vous écrire ; mais il peut résulter tant de dangers d’une lettre interceptée, que je n’ai pas osé le faire jusqu’ici. Me voici enfin obligée d’en courir le risque. La semaine dernière, je vis votre grand ami le D. d’A. ; il vint dans ma loge au spectacle, il s’assit près de moi. Quelque chose dans la pièce vous rappela à son souvenir. Juste ciel ! il conta toute l’histoire de votre voyage à Londres à tous ceux qui étaient dans la loge, et particulièrement à la malheureuse créature qui en avait été la cause. S’il avait su, s’il avait pu se douter près de qui il était assis, à qui il contait cette aventure ! Je souffris avec courage, comme le prisonnier indien lié au fatal poteau supporte les horribles tortures de son supplice, et sourit quand ses bourreaux inventent quelque nouveau tourment. Mais enfin je n’y pus plus tenir, je m’évanouis ; on attribua cet accident à la chaleur qui régnait dans la salle et à un excès de sensibilité, et je fus assez hypocrite pour confirmer cette double erreur. La découverte de la vérité était ce qu’il y avait de plus redoutable. Heureusement il n’y était pas. Mais cet

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