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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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fait quelques pas pour aller rejoindre la compagnie ; est-ce que je serais assez folle pour avoir de l’humeur de ce qu’Effie est devenue une grande dame, tandis que je ne suis que la femme d’un ministre ?
    Elle s’assit sur une chaise au pied de son lit ; croisant ses bras sur sa poitrine, elle résolut de rester seule jusqu’à ce qu’elle eût pénétré dans tous les replis de son cœur, et qu’elle en eût banni tous les sentimens qui ne lui paraissaient pas convenables. Il ne lui fallut pas de longs efforts. Elle fut bientôt maîtresse du mouvement d’amour-propre dont elle avait été agitée un instant en voyant qu’Effie semblait rougir de sa famille ; elle ne songea plus qu’au bonheur de savoir qu’une sœur qu’elle chérissait tant, pour qui elle avait tant fait, qu’elle avait craint de voir tomber dans le besoin, dans la misère, peut-être dans le crime, était maintenant dans l’abondance, dans la prospérité, jouissait de l’estime et de la considération du monde ; enfin elle sentit de quelles importance il était pour son bonheur que son secret fût bien gardé, puisque la connaissance de la famille d’Effie pouvait conduire à la découverte que Staunton n’était autre que ce fameux Robertson, si long-temps et si inutilement cherché.
    Elle rentra dans le petit salon à l’instant où son mari et le capitaine venaient de finir leur partie de trictrac, et elle entendit celui-ci confirmer la nouvelle que la lettre de sa sœur venait de lui apprendre… l’arrivée prochaine du duc d’Argyle dans l’île de Roseneath.
    – Il trouvera beaucoup de grouses et de coqs de bruyères dans les plaines d’Auchingower, dit Duncan, – Probablement il viendra dîner ici, et prendre un lit à la manse, suivant son usage.
    – Il y a bien droit, capitaine, dit Jeanie.
    – Il a droit à tous les lits du pays, de par tous les diables ! s’écria le capitaine. Mais dites à votre bonhomme de père de tenir toutes ses bêtes en bon ordre, car le duc voudra les voir ; et conseillez-lui de faire sortir de sa cervelle, pour un jour ou deux, toutes ses sornettes cameroniennes, si cela lui est possible : quand je lui parle de ses bestiaux, il me répond par un passage de la Bible, et cela n’est pas honnête, à moins qu’on ne porte votre habit, M. Butler.
    Jeanie vit que Duncan avait de l’humeur : mais personne ne connaissait mieux qu’elle l’art de désarmer la colère par la douceur, et elle se contenta de lui répondre en souriant qu’elle espérait que Sa Grâce trouverait que son père avait répondu à la confiance qui lui avait été accordée.
    Mais le capitaine, qui avait perdu le port de la lettre au trictrac, et qui n’aimait point à perdre, était en disposition de quereller ; et se tournant vers Butler : – M. Butler, lui dit-il, vous savez que je ne me mêle pas-beaucoup de vos affaires d’Église, mais vous me permettrez de vous dire que je trouverai fort mauvais que vous laissiez punir comme sorcière la vieille Ailie Mac-Clure, attendu qu’elle n’a jeté de sort sur personne, qu’elle n’a rendu aucun de nos hommes aveugle, boiteux, ni possédé du diable, mais qu’elle se borne à dire la bonne aventure, à prédire à nos pêcheurs combien ils prendront de veaux marins et de chiens de mer, etc. ; ce qui est fort amusant à entendre.
    – Ce n’est pas comme sorcière, dit Butler, qu’elle a été sommée de comparaître devant le presbytère ; c’est uniquement pour l’avertir de cesser à l’avenir des pratiques et des impostures qui n’ont d’autre but que de tromper les ignorans et de leur escroquer de l’argent.
    – Je ne sais quelles sont ses pratiques et ses impostures, répliqua Duncan, mais je sais qu’on se propose de la prendre quand elle sortira de l’assemblée, et de lui donner un bain dans le lac. De par tous les diables ! je serai au presbytère, et nous verrons qui sera en mauvaise posture.
    Sans faire attention à cette sorte de menace, Butler répondit qu’il ignorait un projet si cruel contre cette pauvre femme, et que pour empêcher son exécution, il lui ferait donner cet avis en particulier, au lieu de la faire paraître devant le tribunal ecclésiastique.
    – C’est parler en homme raisonnable, dit Duncan, et le reste de la soirée se passa paisiblement.
    Le lendemain matin, après que le capitaine eut fait sa libation du matin avec le liquide appelé le bouillon d’Athole, il partit dans son

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