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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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mille caresses, lady Staunton semblait vivement intéressée, et retrouver une énergie nouvelle lorsqu’elle se voyait en plein air, parmi les sites des montagnes, avec les deux enfans qu’elle charmait en leur racontant ce qu’elle avait vu dans d’autres pays, et ce qu’elle avait à leur montrer dans le manoir de Willingham. Ceux-ci, de leur côté, ne négligeaient rien pour faire de leur mieux les honneurs du comté de Dumbarton à la dame qui paraissait si bonne et si complaisante ; aussi y avait-il à peine dans les montagnes voisines un vallon où ils ne se fussent pas empressés de la conduire.
    Dans une de ces excursions, Reuben étant occupé ailleurs, David servit seul de guide à lady Staunton, et il lui promit de lui faire voir sur les rochers une cascade bien plus haute et bien plus belle qu’aucune de celles qu’ils eussent encore admirées. Il fallait faire cinq grands milles, sur un terrain inégal ; mais la beauté des paysages fit oublier la longueur de la route, et la vue était variée tantôt par la mer et les îles qu’ils apercevaient à travers les montagnes, tantôt par des lacs lointains, tantôt par des rochers et des précipices. Lorsqu’ils furent arrivés au but de leur promenade, la scène qui se déploya aux regards de lady Staunton la dédommagea amplement de la fatigue qu’elle avait éprouvée. Une cascade impétueuse s’élançait à gros bouillons du sommet d’une sombre montagne, dont la couleur contrastait fortement avec l’écume blanche qui jaillissait le long des flancs du rocher ; et à la profondeur d’environ vingt pieds, un autre roc interceptait la vue du torrent, dont le bruit terrible indiquait qu’avant de s’arrêter dans le vallon il se précipitait encore de rocher en rocher dans un abîme qu’on ne pouvait apercevoir.
    Ceux qui aiment la nature désirent toujours pénétrer jusque dans ses retraites les plus cachées. Lady Staunton demanda à David s’il ne connaissait aucun endroit d’où l’on pût voir le précipice dans lequel le torrent tombait avec un bruit effrayant. Il lui dit que du haut du rocher qui leur en interceptait la vue on dominait complètement sur la chute d’eau, mais qu’on ne pouvait y arriver que par un sentier escarpé, glissant et dangereux. Déterminée à satisfaire sa curiosité, les obstacles ne l’arrêtèrent point ; elle dit à David de l’y conduire, et celui-ci, gravissant le rocher devant elle, lui indiquait avec soin les endroits où elle pouvait placer le pied sans danger.
    Après avoir grimpé comme les oiseaux de mer contre les flânes du granit, ils parvinrent à en faire le tour, et se trouvèrent en vue du spectacle effrayant d’une cataracte dont les eaux tombant d’environ soixante pieds au-dessus de leur tête de rocher en rocher, se précipitaient avec un bruit horrible dans un gouffre ouvert sous leurs pieds à une profondeur immense, et dont les yeux ne pouvaient juger, à cause des vapeurs que la chute des eaux en faisait élever, comme un épais brouillard. Ils étaient en ce moment placés sur une pointe de rocher dont la largeur était à peine suffisante pour deux personnes, et le bruit épouvantable des eaux, la vue des précipices qui les entouraient de toutes parts, firent une telle impression sur lady Staunton, qu’elle s’écria que la tête lui tournait et qu’elle allait tomber. Elle serait tombée en effet, et se serait inévitablement brisée sur les rochers, si David ne l’eût soutenue. Il était fort et vigoureux pour son âge, mais il n’avait que quatorze ans, et lady Staunton, peu rassurée par son secours, et trouvant sa situation véritablement périlleuse, se mit à pousser des cris affreux. C’était une nouvelle imprudence, car si ce jeune homme, partageant sa frayeur, manquait un instant de présence d’esprit, il était impossible qu’ils ne périssent pas tous deux.
    Cette imprudence les sauva pourtant. Un coup de sifflet si aigu partit à peu de distance, qu’ils l’entendirent malgré le bruit du torrent, et au même instant ils virent paraître au-dessus d’eux sur le rocher une figure humaine couverte de cheveux grisonnans qui, tombant en désordre sur son front et sur ses joues, venaient rejoindre des moustaches et une barbe de même couleur.
    – C’est l’Ennemi {138} , dit l’enfant, que lady Staunton vit trembler à son tour.
    – Non, non, s’écria-t-elle, inaccessible à une terreur superstitieuse, et reprenant, avec l’espoir

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