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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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disette qu’on n’a pas encore oubliée en Écosse, épuisèrent les moyens du fier presbytérien, et, après avoir encore lutté quelque temps, il entendit siffler à ses oreilles les citations faites par l’agent des redevances, les décrets de la cour-baron, les séquestres, les saisies de récolte et de semences, comme les balles des Torys avaient sifflé à celles des Covenantaires aux journées de Pentland et du pont de Bothwell ou d’Airdmoss ; enfin Douce David Deans eut beau résister, et il résista beaucoup, il fut battu à pied et à cheval, et resta à la merci d’un seigneur avare, à l’instant où Benjamin Butler venait de mourir.
    Chacun prévoyait quel serait le destin de ces deux malheureuses familles : on croyait les voir chasser de leur demeure au premier instant ; mais un événement inattendu dérangea ces calculs.
    Le jour même où leur expulsion devait avoir lieu, tandis que tous leurs voisins se préparaient à leur accorder toute leur compassion, et que pas un ne se disposait à leur donner le moindre secours, le ministre de la paroisse et un médecin d’Édimbourg reçurent une invitation de se rendre en toute hâte près du laird de Dumbiedikes. Tous deux en furent très surpris, car plus d’une fois en vidant sa bouteille il avait témoigné le peu de cas qu’il faisait de l’une et de l’autre profession.
    Le médecin de l’âme et celui du corps arrivèrent en même temps dans la cour du vieux manoir. Ils se regardèrent tous deux d’un air d’étonnement, et conclurent qu’il fallait que Dumbiedikes se crût bien mal pour les avoir ainsi fait appeler en même temps. Avant que le domestique eût le temps de les annoncer, ils furent joints par un homme de loi, Nicol Novit, soi-disant procurateur devant la cour des shériffs, car à cette époque il n’y avait pas de solliciteur.
    Ce dernier personnage fut introduit dans la chambre du laird, où peu de temps après le médecin de l’âme et celui du corps furent aussi invités à se rendre.
    Dumbiedikes s’était fait transporter dans son plus bel appartement. C’était une chambre dans laquelle tous ses ancêtres étaient morts successivement, et qu’on nommait pour cette raison the dead-room ( la chambre des morts). Outre le malade et M. Novit, il s’y trouvait encore le fils et unique héritier du laird, grand garçon d’environ quatorze ans, à l’air un peu niais, et la femme de charge, âgée d’environ quarante-cinq ans, à teint couleur de buis, et qui avait été chargée de la conduite de la maison depuis la mort de lady Dumbiedikes. Le laird, dont la tête, qui n’avait jamais été bien saine, était en ce moment plus dérangée que jamais, s’adressa à peu près en ces termes à ses conseillers spirituels et temporels :
    – Ça va mal, messieurs mes voisins, ça va mal pour moi presque aussi mal qu’en 1689, quand je fus poursuivi par les collégiens {28} . Ils se trompaient bien pourtant sur mon compte. –… Ils m’appelaient papiste ; mais il n’y a jamais eu une parcelle de papiste dans tout mon individu, entendez-vous, ministre ? –… Jean, prenez exemple sur moi, mon fils, c’est une dette qu’il faut que nous payions tous. –… Et voilà Nicol Novit qui vous dira, que je ne fus jamais bon dans ma vie quand il s’agissait de payer des dettes. –… M. Novit, vous n’oublierez pas de retenir la rente annuelle qui est due par le billet du comte. –… Si je paie aux autres, je pense qu’il faut que les autres me paient à leur tour. –… Ce n’est que justice. Jean, quand vous n’aurez rien autre à faire, plantez un arbre, il poussera pendant que vous dormirez. Mon père me le disait il y a quarante ans, je n’ai jamais eu le temps d’y faire attention. –… Ne buvez jamais d’eau-de-vie le matin, mon fils, prenez plutôt de l’eau admirable. Jenny en fait d’excellente. Docteur, j’ai la respiration aussi pénible qu’un joueur de cornemuse qui a joué vingt-quatre heures de suite à une noce payante {29} . –… Eh bien, ministre, récitez-moi quelques petites prières, cela me fera peut-être du bien, cela me distraira de mes pensées. Allons, quelques prières, mon brave homme.
    – Je ne puis réciter une prière comme on chante une chanson, répondit l’honnête ministre ; faites-moi connaître l’état de votre âme, et nous prierons Dieu de lui faire miséricorde.
    – Est-ce que vous ne devez pas le savoir ? Vous ai-je payé les émolumens

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