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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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elle montrait de l’humeur et de l’impatience si on lui en faisait l’observation. Mais mistress Saddletree l’excusait ; il était bien naturel à une jeune fille pour qui tout était nouveau dans Édimbourg de s’amuser un peu à-regarder tout ce qui frappait les yeux, et c’était une enfant gâtée, accoutumée à suivre ses volontés, qui n’était pas encore soumise à la discipline domestique ; on n’apprend pas tout de suite à être attentive et douce. Mais patience, pensait-elle, avec le temps cela viendra : on n’a pas bâti Holy-Rood en un jour.
    Il semblait que la prévoyante dame eût deviné juste. Au bout de trois mois, Effie parut ne plus songer à autre chose qu’à accomplir tous ses devoirs ; mais elle ne s’en acquittait plus avec cet air riant et enjoué qui avait d’abord frappé tout le monde. On la voyait souvent verser des pleurs qui annonçaient un secret chagrin, quoiqu’elle cherchât à les cacher dès qu’elle s’apercevait qu’on les remarquait. Ses yeux perdirent leur éclat, les couleurs de ses joues s’évanouirent, et sa démarche devint pesante et embarrassée. De pareils symptômes n’auraient pu faire prendre le change sur leur cause à l’œil éclairé de mistress Saddletree ; mais, pendant les derniers mois qu’Effie demeura chez elle, une maladie l’obligea de garder la chambre, de manière qu’elle n’eut que peu ou point d’occasions de la voir. La mélancolie d’Effie et son abattement augmentèrent encore pendant le dernier mois ; elle se livrait même quelquefois à des accès de désespoir, sans que Bartholin Saddletree s’aperçût de rien, si ce n’est des erreurs fréquentes qu’elle commettait dans sa boutique, ce qui le força de donner aux affaires de son commerce des soins qui n’étaient pas compatibles avec son goût pour le barreau. Aussi perdit-il toute patience avec elle, et lui déclara-t-il dans son latin de légiste, sans beaucoup de respect pour les genres, qu’il fallait qu’elle fût naturaliter fatuus et furiosus idiota {42} , et qu’on devrait la traduire devant un jury, pour décider s’il ne faudrait pas l’enfermer à Bedlam. Les voisins et les domestiques observaient, avec une curiosité maligne et une compassion méprisante, le changement survenu dans la taille et dans la santé de cette fille, naguère si jolie et encore intéressante ; mais elle n’accorda sa confiance à personne, répondant aux railleries par des sarcasmes, et aux questions sérieuses par un désaveu formel ou par un déluge de pleurs.
    Enfin, quand la santé de mistress Saddletree fut sur le point de lui permettre de reprendre ses occupations ordinaires dans la maison et dans la boutique, Effie, soit qu’elle craignît que sa maîtresse ne lui fît subir un interrogatoire pressant, soit que d’autres raisons pour s’absenter devinssent urgentes, demanda à Bartholin la permission d’aller passer quelques semaines chez son père, donnant pour motif de cette absence le mauvais état de sa santé, et le désir d’essayer si le repos et le changement d’air pourraient la rétablir. Saddletree, qui avait des yeux de lynx pour les distinctions les plus subtiles de la jurisprudence, était aveugle comme un professeur de mathématiques hollandais dans tout ce qui concerne les affaires ordinaires de la vie ; il ne soupçonna rien, ne lui fit aucune question, et lui accorda la permission qu’elle demandait.
    Malheureusement pour elle, il existait des gens plus clairvoyans, qui n’avaient nul doute sur l’état où elle se trouvait, et qui apprirent qu’il s’était passé un intervalle de huit jours entre son départ de chez Saddletree et son retour à Saint-Léonard, voyage qui n’exigeait pas plus d’une heure. Jeanie en apercevant Effie crut voir l’ombre de cette sœur si fraîche, si gaie, si charmante, qui avait quitté la maison, de son père il n’y avait guère plus d’un an. Depuis plusieurs mois les deux sœurs ne s’étaient pas vues. Les affaires de la boutique avaient servi de prétexte à Effie pour ne point aller à Saint-Léonard, et les occupations de Jeanie, maintenant qu’elle était seule avec son père, ne lui laissaient guère le loisir d’aller à la ville. La retraite dans laquelle vivaient les paisibles habitans de Saint-Léonard avait empêché que les bruits de la médisance ne parvinssent jusqu’à eux. Jeanie fut donc épouvantée de l’état dans lequel elle revit sa sœur : elle lui fit

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