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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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et cette idée s’empara tellement de son esprit, qu’il craignit de manquer à son devoir, comme membre de l’Église d’Écosse, s’il passait près de lui sans lui parler.
    – Il y a des momens, pensa-t-il, où la moindre intervention suffit pour détourner du mal ; où un seul mot dit à propos a plus de force pour prévenir un malheur, que toute l’éloquence d’un Cicéron n’en aurait pour le réparer. Et quant à mes propres chagrins, ils me sembleront plus faciles à supporter, s’ils ne me détournent pas de l’accomplissement de mes devoirs.
    D’après ce raisonnement, il quitta le sentier qu’il suivait et s’avança du côté de l’inconnu. Celui-ci prit le chemin de la montagne comme pour éviter Butler ; mais voyant qu’il le suivait, il se retourna brusquement, et s’avança vers lui comme pour braver son regard scrutateur.
    Comme ils étaient à quelque distance l’un de l’autre, Butler eut le temps d’examiner ses traits : il paraissait avoir environ vingt-cinq ans. Il aurait été difficile de juger du rang qu’il tenait dans le monde d’après ses vêtemens ; les jeunes gens bien nés en portaient souvent de semblables pour leurs courses du matin ; mais comme l’étoffe n’en était pas très chère, beaucoup de clercs et de commis-marchands avaient adopté le même costume. On ne pouvait cependant pas croire que l’inconnu fût vêtu d’une manière au-dessus de sa condition ; on aurait plutôt pensé que ses vêtemens n’y répondaient pas ; car il avait l’air fier et hautain, le regard assuré, la démarche hardie, et des manières qui semblaient dire qu’il pouvait-réclamer la supériorité sur les autres. Sa taille était au-dessus de la moyenne, tous ses membres bien proportionnés, et sa figure très agréable ; tout son extérieur aurait intéressé et prévenu en sa faveur, sans cette expression indéfinissable que donne à la physionomie l’habitude de la dissipation, et s’il n’avait eu dans son air et dans ses gestes cette audace qui souvent n’est qu’un masque que prend la crainte.
    Ils se regardèrent l’un l’autre en se rencontrant. L’étranger, portant la main à son chapeau, continuait son chemin en silence, quand Butler, l’ayant salué à son tour, lui dit : – Voilà une belle matinée, monsieur. Vous êtes de bonne heure sur ces hauteurs.
    – J’ai affaire ici, répondit le jeune homme d’un ton qui n’invitait pas à continuer la conversation.
    – Je n’en doute pas, monsieur, reprit Butler ; et vous me pardonnerez si j’ajoute que j’espère que cette affaire est de nature à ne pas être réprouvée par les lois.
    – Monsieur, répondit l’inconnu d’un ton de surprise et de mécontentement, je ne pardonne jamais une impertinence, et je ne conçois pas à quel titre vous vous arrogez le droit de vous mêler de ce qui ne vous regarde en rien.
    – Je suis soldat, monsieur, dit Butler, et je suis chargé d’arrêter, au nom de mon Maître, ceux qui méditent des projets criminels.
    – Soldat ! s’écria l’étranger en reculant d’un pas en arrière et en portant la main sur la garde de son épée ; soldat déguisé ! chargé de m’arrêter ! Vous estimez donc bien peu votre vie pour vous charger d’une telle commission.
    – Vous ne me comprenez pas, monsieur, dit Butler d’un air grave, ni ma profession guerrière, ni mon Warrant ne sont de ce monde ; je suis un ministre de l’Évangile, et j’ai reçu de mon Maître le droit de recommander aux hommes la paix sur la terre conformément aux préceptes de l’Évangile.
    – Un ministre ! dit l’inconnu avec un sourire méprisant : je sais que les gens de votre robe s’arrogent en Écosse le droit étrange de se mêler des affaires particulières ; mais j’ai voyagé, et je ne me laisse pas mener par les prêtres.
    – S’il est vrai, monsieur qu’il existe des gens de ma robe, ou, comme vous auriez pu le dire plus décemment, de ma vocation, qui se mêlent des affaires des autres pour satisfaire leur curiosité, ou par des motifs encore plus condamnables, vous ne pouviez recevoir chez l’étranger une leçon plus sage que d’apprendre à les condamner. Mais je suis appelé à travailler à la moisson de mon Maître, et j’aime mieux m’attirer votre mépris en parlant, que les reproches de ma conscience en gardant le silence.
    – Au nom du diable ! s’écria le jeune homme avec emportement, dites-moi donc ce que vous

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