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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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jours de danse {38} , que le danger de ma tête et de mon cou, et la peur de la corde sanglante et de la balle rapide, du tranchant de l’épée, de la botte {39} et des poucettes, du froid et de la faim, du sec et de l’humide, arrêtèrent la légèreté de ma tête et la folle agitation de mes pieds. Et maintenant, indignes filles, si jamais je vous entends prononcer ce mot de danse, si vous songez seulement qu’il existe des joueurs de cornemuse et de violon, je vous renonce pour mes filles, et n’ai plus rien de commun avec vous, comme il est vrai que l’âme de mon père est avec celles des justes. Allons, allons, mes poulettes, ajouta-t-il d’un ton radouci en voyant quelques larmes s’échapper des yeux de ses deux filles, et surtout de ceux d’Effie, rentrez, rentrez ; nous prierons la grâce du ciel de nous préserver de toutes ces folies profanes, qui engendrent le péché et servent le royaume de ténèbres contre le royaume des lumières.
    Les intentions de David Deans étaient fort bonnes ; mais il avait mal choisi son temps pour faire cette remontrance à ses filles ; il opéra une diversion dans les sentimens d’Effie, et la confidence qu’elle était sur le point de faire à sa sœur resta renfermée dans son sein. – Elle me regarderait comme la boue de ses souliers, pensa-t-elle, si je lui disais que j’ai dansé avec lui quatre fois sur la prairie et une fois chez Maggie Macqueen. Peut-être même en parlerait-elle à mon père, et elle deviendrait maîtresse absolue. Mais je n’irai plus ; je ferai un pli à un feuillet de ma bible, ce sera comme si je faisais un serment. Non ! bien certainement, je n’irai plus. Elle tint toute une semaine la promesse qu’elle s’était faite ; mais, pendant tout ce temps, elle fut de mauvaise humeur, triste, maussade, ce qu’on n’avait jamais remarqué en elle, si ce n’est dans de courts instans de contrariété.
    Ce changement avait un air de mystère qui inquiéta d’autant plus la prudente et bonne Jeanie, qu’elle aurait cru mal agir avec sa sœur en faisant part à son père de ses alarmes, qui pouvaient n’avoir d’autre cause que sa propre imagination, peut-être trop prompte à s’effrayer. D’ailleurs, son respect pour le bon vieillard ne l’empêchait pas de voir que sur tout ce qui tenait aux principes religieux, il était opiniâtre et absolu, et qu’il portait la haine des amusemens les plus innocens au-delà de ce qu’exigeaient la raison et la religion. Elle savait que, s’il était instruit des promenades qu’Effie avait recommencé à faire presque tous les soirs, il voudrait en savoir la cause, et les lui interdirait trop sévèrement peut-être ; que sa sœur, accoutumée à jouir d’une liberté illimitée, ne pourrait souffrir de se trouver gênée dans ses volontés ; que si elle s’habituait à mépriser les ordres de son père dans un seul point, elle finirait bientôt par les enfreindre dans tous, et qu’il en résulterait plus de mal que de bien. Dans le grand monde, une jeune fille, quelque légère qu’elle puisse être, se trouve restreinte par l’étiquette ; elle est sous la surveillance d’une maman et d’un chaperon {40}  ; mais la jeune villageoise qui, dans l’intervalle de ses travaux, saisit un instant de plaisir, n’a que ses propres principes pour la retenir : c’est ce qui rend quelquefois ces amusemens dangereux. Toutes ces réflexions se présentaient à l’esprit de Jeanie, et la plongeaient dans l’incertitude sur la conduite qu’elle devait tenir à l’égard de sa sœur ; mais il arriva une circonstance qui mit fin pour quelque temps à ses inquiétudes.
    Mistress Saddletree avec qui mes lecteurs ont déjà fait connaissance, était parente éloignée de David Deans, qui l’estimait parce que c’était une femme d’une vie exemplaire, et un digne membre de l’église presbytérienne ; il avait donc toujours existé une sorte de liaison entre les deux familles. Cette digne dame, grâce aux soins de laquelle le commerce de son mari était dans un état florissant, était venue faire une visite à Saint-Léonard, environ un an avant l’époque à laquelle se rattache le commencement de notre histoire ; elle avait besoin d’une servante, ou plutôt d’une fille de boutique. – M. Saddletree, dit-elle, n’est jamais dans sa boutique toutes les fois qu’il peut mettre le nez dans Parliament-House. C’est une chose embarrassante pour un corps de femme

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