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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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avez à me dire. Pour qui me prenez-vous ? Quelle affaire avez-vous avec moi ? Ne vous suis-je pas étranger ? Connaissez-vous mes actions et mes projets ? Je ne conçois rien à votre conduite ni à vos discours.
    – Vous avez le projet de violer une des lois les plus sages de votre pays ; une loi, ce qui est bien pis encore, que Dieu lui-même a gravée dans nos cœurs, et à laquelle il nous est impossible de contrevenir sans que tous nos nerfs tressaillent.
    – Et de quelle loi parlez-vous ?
    – De celle qui dit : TU NE TUERAS POINT ! répondit Butler d’un ton grave et solennel.
    L’inconnu parut violemment agité. Butler crut avoir produit sur son esprit une impression favorable, et résolut d’achever son ouvrage. – Pensez, jeune homme, dit-il en lui appuyant la main sur le bras, pensez dans quelle terrible alternative vous vous placez ! donner la mort ou la recevoir ! Pouvez-vous songer à paraître devant un Dieu offensé, le cœur encore plein du désir, d’immoler votre frère ? Supposez que vous ayez le malheur non moins grand de sacrifier votre adversaire à votre vengeance, Dieu ne vous imprimera-t-il pas un signe sur le front comme à Caïn, comme au premier fratricide ? un signe qui frappe d’horreur quiconque l’aperçoit ; un signe qui dénonce le meurtrier à quiconque le regarde ? Songez…
    – Vos avis sont excellens, monsieur, dit l’inconnu en retirant son bras ; mais vous les prodiguez en pure perte. Je ne suis pas venu ici avec de mauvaises intentions contre qui que ce soit. Je puis avoir commis bien des fautes. – Ne dites-vous pas, vous autres prêtres, que tous les hommes en commettent ? Bien loin de vouloir attaquer la vie de personne, je ne suis ici que pour sauver les jours d’une victime de l’injustice. Si, au lieu de vous amuser à parler de ce que vous ne connaissez point, vous voulez faire une bonne action, une œuvre réellement méritoire, je vais vous en donner l’occasion. Voyez-vous là-bas sur la droite cette petite colline, au-dessus de laquelle on distingue les cheminées d’une maison située de l’autre côté ? Rendez-vous à cette habitation ; demandez-y Jeanie Deans, et dites-lui en secret, vous m’entendez ! en secret, que celui qu’elle sait bien l’a attendue ici depuis la pointe du jour jusqu’à ce moment ; mais qu’il ne peut l’y attendre davantage. Vous ajouterez qu ’il faut qu’elle vienne me trouver cette nuit dans la Fondrière du Chasseur, dès que la lune se montrera derrière le mont Saint-Antoine, ou que dans mon désespoir elle me rendra capable de tout.
    – Et qui donc êtes-vous ? s’écria Butler, étrangement et peu agréablement surpris. – Qui êtes-vous, pour me donner une pareille commission ?
    – Je suis… je suis le diable, répondit précipitamment l’étranger.
    Butler fit deux pas en arrière par instinct, et se recommanda à Dieu intérieurement. Malgré son instruction, on ne pouvait exiger de lui qu’il eut l’esprit élevé au-dessus des préjugés de son siècle et de son pays, où l’on regardait comme infidèle et comme athée quiconque ne croyait pas aux spectres et aux sorciers.
    – Oui, continua l’inconnu, sans prendre garde à son émotion, donnez-moi le nom de Belzébuth, d’Astaroth, ou de tel autre des esprits infernaux des sphères inférieures ou supérieures que vous voudrez choisir ; vous ne trouverez pas un nom qui soit plus odieux à celui qui le porte, que le mien ne l’est à moi-même.
    Il parlait ainsi avec le ton d’amertume d’un homme à qui sa conscience fait des reproches auxquels il ne peut se soustraire, et sa physionomie avait pris une expression effrayante. Butler ne manquait pas de fermeté, mais il en fut ému et interdit.
    L’étranger, après avoir parlé ainsi, fit quelques pas pour s’éloigner. Tout-à-coup il se retourna, revint près de Butler, et lui dit d’un ton fier et impérieux : – Je vous ai répondu ; je vous ai dit qui je suis, ce que je suis. Répondez-moi à votre tour. Qui êtes-vous ? Quel est votre nom ?
    – Butler, répondit-il ; la surprise d’une question si subite, et le ton dont elle était faite lui ayant arraché cette réponse avant qu’il eût pu réfléchir s’il était convenable qu’il la fit ; Reuben Butler, ministre de l’Évangile !
    – Butler ! répéta l’inconnu, en enfonçant son chapeau sur ses yeux, Butler ; sous-maître d’école à Libberton ?
    – Lui-même,

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