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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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honorable, quoi qu’en dise ce vieux corps whig.
    – Je… je… oui, dit le laird en réunissant tout son courage, oui, je répondrai pour vingt livres sterling. Et il se tut, surpris lui-même de sa générosité inaccoutumée.
    – Que le Dieu tout-puissant vous récompense ! s’écria Jeanie dans un transport de gratitude.
    – J’irai même jusqu’à trente ! ajouta le laird en jetant les yeux avec embarras, tantôt sur elle, tantôt sur Saddletree.
    – Très bien ! dit Saddletree en se frottant les mains ; et moi je mettrai tous mes soins et toute mon expérience pour que cet argent soit bien employé. Fiez-vous à moi !… je connais le moyen d’engager un parleur {55} à se contenter de modiques honoraires. Il ne s’agit que de lui faire accroire que vous avez à le charger de deux ou trois affaires importantes, et qu’il faut qu’il fasse bon marché de celle-ci pour gagner la pratique. Il n’y a pas de mal à ménager votre argent le plus que nous le pouvons ; car, après tout, ils ne vous vendent que des paroles qui ne leur coûtent rien, au lieu que dans mon métier de sellier, enharnacheur et marchand de harnais, pour vendre une bride il faut que j’en achète le cuir.
    – Ne puis-je être d’aucune utilité ? dit Butler : je ne possède malheureusement que l’habit que je porte ; mais je suis jeune, actif, dites-moi seulement ce que je puis faire.
    – Vous pourrez nous aider à chercher des témoins, dit Saddletree ; il ne faudrait qu’en trouver un qui déposât qu’Effie lui a seulement dit le moindre mot de sa situation, et il ne lui en coûterait pas un cheveu de sa tête ; M. Crossmyloof me l’a répété. On ne peut forcer le ministère public, m’a-t-il dit, à administrer une preuve positive. M’a-t-il dit positive ou négative ? je ne m’en souviens pas trop, mais c’est égal. C’est donc au défendeur à faire preuve des faits qu’il allègue pour sa défense. Cela ne peut être autrement.
    – Mais le fait, monsieur, dit Butler, le fait que cette pauvre fille a donné le jour à un enfant, sans doute il faudra qu’on le prouve ?
    Saddletree hésita un instant, tandis que le visage de Dumbiedikes, prenant un air de sérénité en entendant cette question, se tournait alternativement vers Butler et vers Saddletree, comme s’il eût été placé sur un pivot.
    – Mais…, répondit enfin Saddletree, mais… oui…, je pense que… que cela doit être prouvé. Ce sera sans doute l’objet d’un jugement interlocutoire. Au surplus, la preuve du fait est tout établie, car elle l’a avoué.
    – Avoué le meurtre ! s’écria Jeanie en changeant de couleur et en tremblant de tout son corps.
    – Je ne dis pas cela, reprit Bartholin ; mais elle a avoué qu’elle a donné le jour à un enfant.
    – Et qu’est-il devenu ? dit Jeanie. Je n’ai pu tirer d’elle que des soupirs et des larmes.
    – Elle dit qu’il lui a été enlevé par la femme dans la maison de laquelle il est né, et qui lui a donné des secours en ce moment.
    – Et qui était cette femme ? demanda Butler : c’est par elle qu’on peut connaître la vérité. Où demeure-t-elle ? Je vais l’aller trouver à l’instant même.
    – Je voudrais, dit le laird, être aussi jeune et aussi leste que vous, et avoir comme vous le don de la parole !
    – Eh bien, répéta Butler d’un ton d’impatience, qui est-elle donc ?
    – Effie seule pourrait le dire, répliqua Saddletree ; et lors de son interrogatoire elle a refusé de répondre à cette question.
    – C’est donc elle que je vais aller trouver à l’instant, dit Butler ; et s’approchant de Jeanie : – Adieu, Jeanie, ajouta-t-il à voix basse ; ne faites pas de démarche imprudente jusqu’à ce que vous ayez de mes nouvelles. Et il partit sur-le-champ.
    – J’irais bien aussi, dit le laird d’un ton d’humeur et de jalousie ; mais il s’agirait de ma vie que mon cheval ne voudrait pas me conduire ailleurs que de Dumbiedikes ici et d’ici à Dumbiedikes.
    – Ce que vous pouvez faire de mieux, lui dit Saddletree, comme ils sortaient ensemble de la ferme, c’est de m’envoyer les trente livres sterling.
    – Trente livres ! s’écria Dumbiedikes, qui n’avait plus alors devant lui les deux yeux qui avaient excité sa générosité. Je croyais avoir dit vingt livres.
    – Vous avez dit trente, répondit Saddletree.
    – Je ne le croyais ; mais ce que j’ai dit je le tiendrai.

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