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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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sorte de transport de frénésie causé partie par ses chagrins, partie par la sainte colère dont il se sentait enflammé. Il avait le poing fermé, les joues en feu, les lèvres tremblantes, et paraissait ne pouvoir plus trouver de termes pour exprimer sa douleur et son indignation. Butler, craignant les suites d’une agitation si violente pour un vieillard encore plus abattu par l’affliction qu’épuisé par l’âge, se hasarda à lui recommander la patience.
    – La patience ! répliqua Deans avec humeur, je n’en manque point ; j’en ai autant qu’un homme puisse en avoir dans le misérable temps où nous vivons ; et je n’ai pas besoin que des hérétiques, des fils ou petits-fils d’hérétiques viennent m’apprendre à porter ma croix.
    C’était contre l’aïeul de Butler que se dirigeait cette allusion ; Reuben feignit de ne pas s’en apercevoir. – En pareille circonstance, lui dit-il, il n’est pas défendu de recourir aux moyens humains. Si vous appeliez un médecin, à coup sûr vous ne lui demanderiez pas quels sont ses principes religieux.
    – Vous croyez cela ?… C’est-ce qui vous trompe, et s’il ne me prouvait pas qu’il fût dans le droit chemin, jamais une goutte des potions qu’il m’ordonnerait ne passerait par le gosier du fils de mon père.
    Il est dangereux de risquer un argument du genre de celui que Butler venait d’employer, il nuit quelquefois au lieu de servir. Il venait d’en faire l’expérience ; mais, comme un brave soldat dont le coup de fusil n’a pas porté, il n’abandonna pas le terrain, et il fit une charge à la baïonnette.
    – Vous interprétez trop rigoureusement les règles du devoir, monsieur, lui dit-il ; le soleil luit et la pluie descend sur le juste et sur l’injuste. La Providence les a placés dans le monde de manière à établir entre eux des rapports indispensables, peut-être pour que le méchant puisse être converti par le juste, et peut-être aussi pour que parmi les épreuves auxquelles le juste est exposé ici-bas, il se trouve celle d’être obligé de fréquenter quelquefois les profanes.
    – Vous n’y entendez rien, Reuben, répliqua Deans ; vos argumens sont pitoyables. Peut-on toucher de la poix sans qu’il vous en reste aux doigts ? Que pensez-vous donc des anciens champions du Covenant qui n’auraient pas voulu entendre le sermon d’un ministre, quelques grâces qu’il eût reçues d’en-haut, s’il n’avait rendu témoignage contre la dépravation des temps ? Eh bien, pas un avocat ne parlera pour moi ni pour les miens, s’il n’a rendu témoignage comme les restes malheureux de cette Église dispersée, mais bien-aimée encore, qui a vécu dans le creux des cavernes.
    À ces mots, comme s’il eût été fatigué des argumens et de la présence de ses hôtes, le vieillard se leva, leur fit ses adieux par un geste de la tête et de la main, et alla s’enfermer dans sa chambre à coucher.
    – C’est sacrifier la vie de sa fille, dit Saddletree à Butler quand Deans se fut retiré. Où trouvera-t-il un avocat cameronien ? A-t-on jamais entendu parler d’un avocat qui se soit fait martyr d’une religion ? Je vous dis que c’est sacrifier la vie de sa fille.
    Pendant la dernière partie de cette discussion, le laird de Dumbiedikes était arrivé, suivant son usage presque journalier. Après être descendu de cheval, et en avoir passé la bride dans un crochet scellé dans le mur, il était entré, s’était assis à sa place accoutumée, et tout en fixant ses yeux sur Jeanie, selon sa coutume, il les portait cependant alternativement sur chacun des orateurs. La dernière phrase de Saddletree le frappa. Il se leva, traversa lentement la chambre, et, s’approchant de lui, il lui dit, d’une voix tremblante : – L’argent ne peut-il rien pour eux, M-Saddletree ?
    – L’argent ? dit celui-ci en prenant un air grave : si vraiment ! on ne peut rien sans argent dans Parliament-House. Mais où en trouver ? vous voyez que M. Deans ne veut rien faire. Mistress Saddletree est amie de la famille, elle y prend beaucoup d’intérêt, mais elle ne peut s’exposer à être responsable singuli in solidum des frais d’une pareille affaire. Si chaque ami voulait supporter sa part du fardeau, on pourrait faire quelque chose… chacun ne répondant que pour soi, bien entendu… Je ne voudrais pas entendre condamner cette pauvre fille sans qu’elle ait été défendue… Cela ne serait pas

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