Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
Montant alors à cheval avec quelque difficulté : – Avez-vous remarqué, ajouta-t-il, que les yeux de Jeanie quand elle pleurait étaient brillans comme des grains d’ambre ?
    – Je ne m’inquiète guère des yeux des femmes, répondit l’impassible Saddletree ; je voudrais pouvoir en dire autant de leur langue. Ce n’est pas, ajouta-t-il en se rappelant la nécessité de maintenir sa réputation comme mari, que j’aie à me plaindre de la soumission de la mienne. Oh ! je ne souffre pas chez moi de lèse-majesté ni de perduellion contre mon autorité souveraine.
    Le laird ne trouva rien d’assez important dans cette observation pour y répondre ; et après avoir rendu le salut muet que lui fit M. Saddletree, il se sépara de lui, et chacun d’eux s’en alla de son côté.

CHAPITRE XIII.
 
    «  Je vous garantis que le coquin ne se noiera point, quand même son navire ne serait pas plus solide qu’une coquille de noix. »
    SHAKSPEARE. La Tempête.
    Butler ne sentit ni fatigue ni appétit, quoique la manière dont il avait passé la nuit précédente eût dû lui donner l’un et l’autre ; mais il les oublia dans son empressement à aller au secours de la sœur de Jeanie.
    Il marchait d’un pas si rapide qu’il semblait courir, lorsqu’il fut surpris de s’entendre appeler par son nom. La voix qui le prononçait semblait lutter contre une toux asthmatique, et se distinguait à peine au milieu du trot retentissant d’un poney des Highlands.
    Il se tourna, aperçut le laird de Dumbiedikes qui pressait sa monture pour le rejoindre, celui-ci ayant à suivre le même chemin que lui pendant environ l’espace de deux cents toises. Butler s’arrêta, ne sachant pas trop bon gré au cavalier essoufflé de retarder ainsi son voyage.
    – Oh ! oh ! cria le laird en retenant près de notre ami Butler son bidet au pas inégal, j’ai là une bête bien volontaire.
    Butler aurait volontiers tourné à gauche pour reprendre la route d’Édimbourg, sachant bien que tous les efforts de Dumbiedikes auraient été inutiles pour vaincre l’obstination celtique de son bucéphale ; car Rory Bean (c’était le nom du bidet) n’aurait pas dévié d’une toise du sentier qui conduisait à son écurie. Alors même qu’il s’arrêta pour reprendre haleine après un trot inutile pour Rory comme pour son cavalier, la forte résolution de Dumbiedikes lui resta pour ainsi dire au gosier sans qu’il pût l’exprimer. Ce ne fut donc qu’au bout de deux minutes que Butler lui entendit prononcer les mots suivans, qui ne sortirent de sa bouche que par suite de deux efforts :
    – Oh ! oh ! M. Butler, voilà une belle journée pour la moisson.
    – Très belle ! répondit Butler. Et il fit un pas pour s’éloigner.
    – Un moment ! s’écria le laird, un moment ! ce n’est pas là ce que j’ai à vous dire.
    – Dépêchez-vous donc ! dit Butler en s’arrêtant : vous savez que je suis très pressé, et tempus nemini… Vous connaissez le proverbe.
    Dumbiedikes ne connaissait pas le proverbe, et il ne chercha pas même à avoir l’air de le connaître, comme bien d’autres l’auraient fait à sa place ; il recueillait ses esprits pour la grande affaire qui l’occupait tout entier, et ne pouvait pas s’amuser à défendre ses avant-postes.
    – M. Butler, dit-il, savez-vous si M. Saddletree est un grand jurisconsulte ?
    – Je n’ai que sa parole pour le croire, répondit Butler d’un ton sec ; mais il se connaît sans doute lui-même.
    – Oui ! dit le laird d’un ton qui signifiait – je vous comprends, M. Butler ; – en ce cas, je chargerai de la défense d’Effie mon propre homme d’affaires, Nicol Novit (fils du vieux Nicol Novit, et presque aussi fin que son père).
    Ayant ainsi montré plus de sagacité que Butler n’en attendait de lui, il porta la main à son chapeau galonné, et intima à son cheval, avec le talon, l’ordre de se remettre en route, signal auquel Rory Bean obéit avec cette promptitude que montrent toujours les hommes et les animaux quand on leur ordonne de faire ce qui est conforme à leur inclination.
    Butler se remit en route, non sans un mouvement de cette jalousie que lui avait inspirée plusieurs fois l’assiduité du laird dans la famille de Deans. Mais il était trop généreux pour nourrir long-temps un sentiment si voisin de l’égoïsme. – Il est riche de ce qui me manque, se dit-il à lui-même ; pourquoi regretterais-je

Weitere Kostenlose Bücher