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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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répondit :
    — J’attends
la venue de Kirisha. Puis je déciderai.
    — Ce
n’est pas Kirisha qui décidera avec qui tu commerces, ma reine.
    — Pourquoi
aller si loin ? Juda et Israël, c’est une demi-année de voyage par la mer.
Ne peut-on passer un pacte sans se voir, ce Salomon et moi ?
    Tan’Amar
hésita. Il se raidit avant de sourire et de répondre avec calme :
    — S’il
suffisait d’un pacte, il serait déjà entre tes mains. Tu iras chez Salomon
parce qu’il le veut, et tu y songes depuis le départ de Tamrin.
    Ils se
dévisagèrent, pétrifiés l’un autant que l’autre par la vérité qui venait d’être
énoncée.
    Makéda fut
au bord de la colère. Puis elle comprit ce que voulait dire Tan’Amar. Elle posa
sa main sur la paume qu’il tenait ouverte sur son genou. Il la serra à la
broyer, murmura :
    — Je
serai ici à ton retour, aussi fidèle qu’à ton départ. Elle ferma les paupières
et se détourna, sans un mot pour lui quand il s’éloigna.
    Ce
soir-là, on la vit solitaire dans le sanctuaire de sa mère Bilqîs. Elle y
chanta et fit des sacrifices.
    Le
seigneur Yahyyr’an se précipita pour l’annoncer à Tan’Amar, plein
d’espoir :
    — La
reine chante pour sa mère. La saison des pluies est achevée. Elle s’est
décidée, comme convenu. Tu t’es trompé du tout au tout, général Tan’Amar !
Tu as manigancé pour m’écarter, mais tu me verras bientôt tuer le taureau dans
l’enceinte de Bilqîs !
    Le rire de
Tan’Amar lui fit l’effet d’une gifle.
     
    *
     
    Quatre
jours plus tard, alors que le soleil rayonnait, un guetteur annonça enfin la
caravane de Kirisha.
    Elle aussi
avait changé. Son visage portait la grâce de son ancienne beauté, mais les
rides y racontaient la mort d’Akébo. Sa taille s’était arrondie. Sa silhouette
montrait cette lassitude tendre et apaisée que le souvenir de la jeunesse
dépose tel un don du temps sur les plus belles femmes.
    Elle
embrassa longuement Makéda, lui raconta les mille nouvelles d’Axoum et comment,
en traversant le royaume, elle avait entendu tout au long du chemin conter et
chanter ses exploits avec ferveur.
    Kirisha
retrouva avec autant d’enchantement que de larmes la chambre qui avait été
celle de ses premières, amours avec Akébo. Elle voulut aller chanter avec
Makéda pour Bilqîs dans le sanctuaire d’Almaqah, afin d’honorer d’un sacrifice
la première et unique épouse de celui qu’elle avait aimé sans jamais de
jalousie.
    Ses sœurs
arrivèrent de Kharibat. Il y eut de nouvelles embrassades, des rires, une
longue fête sur la terrasse royale, sans autres hommes que les gardes sur le
chemin de ronde.
    Makéda eut
la patience d’attendre. Quand enfin le calme revint, elle prit la main de
Kirisha, lui dit :
    — Allons
prendre un bain.
    Elles se
retrouvèrent dans le bassin des thermes où les servantes faisaient brûler des
encens et des feuilles de sauge. Ce même bassin où Makéda avait pour la
première fois chanté et avoué à Kirisha : « C’est pour toi que
j’invente ces chansons. Tu es la plus belle et celle que j’aime. »
    Cette
fois, elle dit :
    — Salomon,
le roi de Juda et Israël m’a écrit.
    Et elle
raconta à Kirisha tout ce qu’elle savait et pensait de Salomon. Kirisha écouta.
    Elle
réclama aux servantes le savon noir, composé d’huile et de bergamote pilée.
Tandis que Makéda racontait, elle lui savonna doucement le dos, les épaules,
tout ce corps d’une beauté de merveille avec laquelle elle ne se comparait
plus.
    Quand
Makéda se tut, elle déclara :
    — Il
n’est pas un homme sur terre, pas un roi ou un pharaon, qui n’hésiterait à
guerroyer pour avoir le privilège de faire ce que je viens de faire. Et cela
les rendrait encore plus fous qu’ils ne le sont déjà !
    Elles
rirent de bon cœur. Puis Kirisha ajouta :
    — Tu
iras voir ce Salomon de Jérusalem, sinon, tu en mourrais de regret avant le
prochain printemps.
    Makéda la
contempla de ce regard qui faisait baisser les paupières de Tan’Amar. Mais
Kirisha ne détourna pas la tête. Au contraire.
    — S’il
est un homme sur terre dont tu veux connaître le cœur, c’est lui.
    — Il
ne veut pas connaître le mien. Il veut connaître mon visage et mon corps.
    — Ainsi
sont les hommes. C’est seulement une fois en nous qu’ils commencent à voir
clair.
    — Il
est plein d’orgueil, d’arrogance, de mots de séduction !
    — Le
contraire, tu ne le

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