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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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supporterais pas.
    — Il
a plié trois et mille femmes sur sa couche, et même si ce n’est pas vrai, il
s’en vante comme un enfant de son premier grillon.
    — Tu
as, toi, une beauté qui lui brûlera la mémoire.
    — Ce
n’est pas ma beauté qu’il doit voir.
    — Qui
d’autre que toi pourra savoir s’il est capable de cet exploit ?
    Cette
fois, Makéda se tut.
    Kirisha
l’attira contre sa poitrine. Elles se laissèrent bercer par l’eau parfumée.
Kirisha murmura à l’oreille de Makéda :
    — Et
ce n’est que devant lui que tu sauras si cet amour que tu portes déjà n’est
qu’un songe.
     
    *
     
    Au soir
Makéda convoqua Tan’Amar. Elle lui annonça la nouvelle.
    Il
approuva d’un signe.
    — Je
savais que tu irais devant Salomon.
    — Je
ne resterai que le temps nécessaire. Tu seras mon roi ici. Je vais l’annoncer
devant le seigneur Yahyyr’an. Il devra se trouver une épouse. Il pourra, s’il
le veut, tuer un taureau dans l’enceinte de Bilqîs ma mère. Le passé est le
passé. Il n’est nul besoin d’y revenir. La vengeance est accomplie. Les
souvenirs n’annoncent plus les jours qui viennent. Le royaume de Makéda, fille
d’Akébo, doit être neuf comme un enfant qui n’a pas encore menti.
    — Que
ferai-je de Shobwa ? Makéda sourit.
    — J’y
ai bien réfléchi. À Makka’h, on le déposera dans une barque attachée à mon
navire. Quand nous serons au milieu de la mer Pourpre, on le laissera voguer.
    — Sans
eau, sans nourriture ?
    — Sans
rien d’autre pour se nourrir et se désaltérer que sa mémoire de fourbe. Almaqah
saura qu’en faire.
    Tan’Amar
éclata de rire. Puis ils se turent, sérieux.
    Les yeux
de Tan’Amar avouaient ce que sa bouche ne pouvait prononcer. Makéda s’avança,
noua ses mains si douces sur sa nuque, la ploya vers elle, lui offrit le baiser
qui brûlait depuis bien longtemps la poitrine de son plus fidèle compagnon.
     

 
     
     
     
     
     

Cinquième partie
     

1
Jérusalem
    C’était un matin d’automne, quelque temps après l’aube. La
douceur revenait dans Jérusalem après les éprouvantes chaleurs de l’été. Dans
l’enfilade des salles à peine achevées, le vestibule était baigné d’une lumière
tendre et apaisante. Au-delà, on devinait l’immensité du jardin. Ses éclats de
verts dorés, ses figuiers, ses cyprès, les arceaux de vignes et de cédrats qui
ombraient les allées. L’eau des bassins et le charivari des oiseaux y tissaient
une rumeur légère et obstinée.
    Salomon se
trouvait las, bien qu’il s’efforçât de ne pas le laisser paraître. La journée
qui s’annonçait possédait déjà l’ennui des jours ordinaires, avec son pesant de
tracas et trop peu d’agréments sortant de l’habitude.
    C’était le
moment pénible des audiences du matin. Une troupe réduite au nécessaire le
suivait. Deux lévites notaient ce qu’il fallait au côté de Yotam, le nouveau et
sage conseiller du palais. Benayayou, le grognon et plus si fidèle chef de la
garde royale, venait aussi dans l’ombre du roi en compagnie de visages sans
importance et de la cohorte des jeunes servantes.
    Ce matin,
ils allaient tous derrière Adoniram, l’architecte phénicien, un bonnet de
velours sur sa toison bouclée de vieux pâtre, qui faisait admirer avec beaucoup
de manières son œuvre achevée. Les murs du vestibule avaient pris une apparence
de forêt. Les poutres de cèdre huilé alternaient avec des plaques de marbre aux
veines chatoyantes, du pourpre au bleu pâle, pailletées, ici et là, de veinules
argentées. Comme le vantait Adoniram, cela faisait songer aux éclairages
changeants d’un sous-bois.
    Plus
étonnant encore était le sol, lui aussi composé de plaques de marbre
judicieusement assemblées. Il formait au milieu du passage, et de manière
inattendue, un bassin d’une eau très peu profonde et d’une transparence parfaite,
immobile.
    Adoniram,
qui guettait chaque regard de Salomon, perçut avec bonheur son étonnement. Avec
une modestie que démentait toute sa personne, il susurra :
    — Ne
te fie pas à tes yeux, tout-puissant seigneur. Ce n’est qu’une illusion.
    — Qu’est-ce
qui est illusion, architecte ? demanda Salomon. Ton ouvrage ou ton
humilité ?
    Adoniram
gloussa, laissa filer un coup d’œil vers Yotam pour s’assurer que la boutade
n’était pas une condamnation. Mais le premier des conseillers le laissa dans
l’incertitude. Il possédait la même

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