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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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l’immense volière. Seules les petites servantes
le suivaient. Les autres voulaient savoir qui, de Yotam ou de l’architecte,
gagnerait la bataille des mots. Ils en raconteraient les meilleurs morceaux aux
abords du Temple avant le zénith.
    Devant les
grilles de jonc de la volière, Salomon tira un gousset de cuir de sa ceinture.
Il y puisa des grains qu’il lança avec précision aux colombes de Damas. Les
volatiles se jetèrent dessus avec des roucoulements féroces qui lui rappelèrent
la voix de l’architecte. D’ordinaire, il goûtait leur impatience. Parfois, on
disait de lui qu’il était autant le maître de la faune que des hommes et des
terres de Juda et Israël. Une flatterie qui ne lui déplaisait pas.
    Il
entendit les pas derrière lui, les servantes qui s’écartaient. Il sut qu’il
allait devoir écouter Benayayou.
    Sans se
détourner, il lança :
    — Ne
me dis pas tout ce que tu penses, Benayayou. L’architecte a déjà épuisé une
large part de ma bonne humeur. Mais je t’écoute.
    — Deux
mauvaises nouvelles, tout-puissant seigneur.
    — Bravo.
    — Le
nouveau pharaon, Sheshong, ne nous apprécie guère. Il se refuse à nous livrer
les chevaux que tu attends si tu ne lui envoies pas l’or de l’échange.
    — Il
ne s’agit pas d’une nouvelle, Benayayou.
    — Sheshong
oublie que son oncle était ton beau-père et ton ami. Il dit qu’une épouse
d’Egypte ne compte aujourd’hui pour rien parmi toutes tes épouses. Il dit que
tu ne sais dans quelle couche tu dois la chercher parmi toutes les femmes dont
tu honores l’attente. Que cela ne fait plus alliance entre vous. Il t’insulte,
tout-puissant seigneur, avec un aplomb incroyable.
    Un aplomb
que Benayayou transmettait avec beaucoup de gourmandise. Voilà qui était une
vraie nouveauté, et des plus désagréables.
    — Ah,
fit simplement Salomon, prenant soin de ne rien montrer.
    Il eut un
regard vers le palais, étonné de ne pas voir accourir Yotam et le reste de la
cour du matin. L’architecte phénicien devait se révéler plus retors que prévu.
    Un couple
d’oiseaux verts aux ailes pointues achevées d’une tache écarlate vint chasser
les colombes de Damas pour s’approprier les grains. Leurs becs étaient acérés
et précis. Salomon sourit.
    — Tu
as vu leur manœuvre, Benayayou ? Ne trouves-tu pas que ces oiseaux
ressemblent à Pharaon ? Verts comme ses marais du Nil et tachés de rouge
par tout le sang qu’il aime verser pour régner ?
    — Justement,
tout-puissant seigneur, c’est bien ce sang qui m’inquiète. Sheshong est un
pharaon venimeux. Il ne montre rien de la tranquillité des autres. Il déteste
notre forteresse d’Ezion-Guézert. Nous avons là-bas tout ce qui lui
déplaît : un port sur la mer des Roseaux qu’il considère comme un bassin
dans ses jardins, des murs imprenables et des forges de fer d’où nous tirons de
meilleures lames que les siennes.
    — Il
a raison. Nous avons bien œuvré à notre paix.
    — Sheshong
déteste aussi que nous possédions des chars de combat capables de l’affronter.
Et par-dessus tout, il déteste…
    Benayayou
s’interrompit avant que sa bouche ne formule quelques propos irrémédiables. Son
regard glissa sur les ombres du jardin, les colonnes trop splendides du palais.
    Salomon
vida d’un coup son gousset de grains dans sa paume et les jeta aux oiseaux
verts avant d’achever la pensée de Benayayou :
    — Moi,
Salomon, le plus sage des rois de Juda et Israël et qui règne depuis des
dizaines d’années sur la terre de l’Éternel, béni-soit-Il. Voilà ce qu’il
déteste le plus, Sheshong. Benayayou ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Nous savons tout cela depuis des lunes. Ne me crois-tu plus capable de faire
face à mes ennemis… ou à mes anciens amis ?
    — Tout-puissant
seigneur, les prêtres n’apprécient plus ta manière d’être sage. Les caisses sont
vides. Nos chars sont les plus beaux qu’on ait vus à ce jour, mais nous n’avons
plus assez de chevaux pour les tirer. Pharaon le sait. Il joue avec cette idée.
Et s’il nous sent faible ou pauvre, jamais il n’ouvrira ses écuries…
    Benayayou
s’interrompit. Les lévites et Yotam arrivaient d’un pas pressé en compagnie
d’un messager.
    — Tout-puissant
seigneur !
    Pour une
fois, le visage de Yotam s’animait.
    — Tout-puissant
seigneur, la reine du Midi ! La reine de Saba, tout-puissant seigneur.
Celle que vous avez invitée à

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