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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’est-à-dire vingt-six livres parisis.
    – Capeluche, dit Buridan, si je te demandais de ne pas tuer Enguerrand de Marigny, que dirais-tu ?
    – C’est possible. Tout est possible.
    – Tu consens à faire pour Marigny ce que tu as fait pour d’autres ?
    – Oui, dit Capeluche, sans hésiter. Seulement, pour celui-là, c’est grave. C’est un puissant. Un ministre. J’aurai trois mois de cachot, au moins. La corde qui doit pendre un Marigny ne peut être une corde ordinaire, vous comprenez ? »
    Buridan défaillait. Il lui semblait que Capeluche allait se rétracter.
    « Alors, ajouta tout à coup Capeluche, écoutez bien : pour préparer la corde d’un bourgeois, je demande trois écus, pas moins ; pour la corde d’un noble homme, il me faut huit écus d’or ; pour Marigny, qui est ministre, et en mettant mes trois mois de cachot à dix écus, l’un dans l’autre, c’est trente écus d’or que vous me verserez. Sans quoi, bonsoir la compagnie !
    – Vide tes poches ! rugit Buridan.
    – Hein ! sursauta Bigorne.
    – Oui ! le restant de la cassette de Malingre ! tu l’as sur toi, donne ! »
    Il y avait vingt-sept ducats d’or, plus quelques écus, c’est-à-dire environ le triple de ce que demandait le maître des hautes œuvres. Capeluche eut le grognement furieux d’un avare qui découvre un trésor ; de ses larges mains, il fit un tas des pièces d’or, et, en un instant, elles eurent disparu.
    Buridan s’approcha de lui, le regarda fixement dans les yeux et, d’une voix qui fit tressaillir le bourreau :
    « Marigny ne mourra pas ?… »
    Capeluche, pour toute réponse, se tourna vers une croix et, en signe de serment, leva la main.
    « C’est bon », dit Buridan.
    Et, faisant signe à Bigorne de le suivre, il se retira. Les deux hommes regagnèrent la Courtille-aux-Roses. Bigorne grondait :
    « Qui m’eût dit qu’un jour ce serait moi, moi, Lancelot Bigorne, qui rachèterait la vie de Marigny ! Saint Barnabé me soit en aide, je crois que j’en aurai une fièvre malingre, ou même la peste. »
    Dans le grenier de la Courtille, ils dormirent deux heures.
    Au point du jour, les quatre compagnons étaient debout. Bigorne et Guillaume Bourrasque sortirent en toute hâte. Seul, Riquet Haudryot demeura pour surveiller Stragildo. Lorsque Buridan arriva à la porte aux Peintres, il vit que déjà le peuple sortait de Paris et se dirigeait vers le colossal gibet qui, sur les fonds pâles de l’aube, plaquait sa silhouette funèbre.

XLIII
 
LA DERNIÈRE VISION DE MARGUERITE DE BOURGOGNE
    Le comte de Valois, après le départ de Buridan, était resté de longues heures dans une prostration d’esprit et de corps telle qu’on eût pu le tuer sans qu’il essayât un geste de défense. Ce ne fut qu’au matin, lorsque le plein jour entra dans la chambre qu’il parvint à surmonter cette stupeur.
    Des résolutions multiples se présentèrent à son esprit. Il pensa à faire rechercher Buridan et Bigorne, mais le temps manquait. Il pensa à sortir de Paris et à prendre la fuite, mais c’était renoncer à une situation conquise par vingt ans de travail terrible, c’était peut-être proclamer l’innocence de Marigny ! Il pensa à rassembler ses gens d’armes, à marcher sur le Louvre, à braver le roi, à l’arrêter, à faire une révolution de palais dont il fût sorti roi. Mais c’était le risque suprême d’une bataille. Louis X était aimé. Il serait défendu… Il pensa aussi à obéir à Buridan, c’est-à-dire à relâcher au moment convenu Marigny et Gautier d’Aulnay… Mais il comprit qu’il préférait encore mourir plutôt que de mettre en liberté l’homme qu’il était arrivé à haïr plus qu’il n’aimait sa propre vie. Enfin, il pensa à aller supplier Marguerite de démentir Buridan, si Buridan mettait sa menace à exécution.
    Et, comme il en était à envisager ce dernier projet, tout à coup, le seul projet possible et pratique, le seul qui pouvait tout sauver, se présenta à lui…
    Une heure plus tard, Valois entrait dans le cabinet de Louis Hutin.
    « Sire, dit-il, je viens vous rendre compte des mesures prises pour assurer l’exécution d’Enguerrand de Marigny, condamné pour dilapidation et forfaiture. S’il plaît au roi, nous avancerons d’un jour la cérémonie de la pendaison. L’âme du ministre y perdra peut-être quelques prières, mais nous y gagnerons en tranquillité. Je sais que des gens sans foi,

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