Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
stipendiés par les amis du ministre, ont projeté de s’assembler demain, pour essayer de l’enlever. Sire, nous devons déjouer ces projets. Sire, il faut que, demain matin, à l’aube, votre justice royale ait suivi son cours et que les mutins n’aient plus qu’un cadavre à délivrer. »
    Louis approuva d’un geste indifférent.
    Que lui importait que Marigny fût pendu tel jour plutôt que tel autre ! Que lui importait même qu’il fût délivré !
    Un vague espoir lui restait, c’est qu’il pourrait peut-être arriver à oublier un peu, une fois que Marguerite serait morte. Seulement, il n’avait pas le courage de la tuer, – et elle ne prenait pas le poison qu’il lui avait laissé !
    Valois étudiait Louis avec une scrupuleuse attention. Sans doute, il comprit cette effrayante indifférence du roi pour tout ce qui n’était pas sa douleur ; sans doute, il se rendit compte que cette douleur naïve, absolue, était réellement incurable ; et peut-être vit-il en cette douleur un moyen d’aboutir à l’acte qu’il avait résolu d’accomplir.
    « Sire, reprit-il, quelque pénible que soit mon devoir de conseiller intime et de bon parent du roi, il faut que je l’accomplisse jusqu’au bout. »
    Louis X murmura, dans une sorte de supplication :
    « Va-t’en, Valois. Tu as Marigny. Que te faut-il de plus ?
    – Ce qu’il me faut, Sire, c’est votre bonheur, c’est votre tranquillité, la paix de votre cœur reconquise. Tout cela est impossible tant que le crime habite sous le toit de votre Louvre, tant que vous respirez l’air que la coupable empeste de son haleine…
    – Elle mourra ! fit sourdement le roi.
    – Vous dites : « Elle mourra !… » Pas n’est besoin qu’elle meure, Sire ! Il faut seulement que votre honneur soit vengé et qu’un bon procès…
    – Je lui ai laissé du poison… Peut-être est-elle morte à cette heure ? »
    Valois se pencha vers lui, et, à voix basse, plus basse :
    « Veux-tu que je m’en assure, moi ?… »
    Louis hésita une minute, puis, enfouissant sa tête dans ses deux bras, comme un enfant qui a peur :
    « Va ! » dit-il.
    Valois s’élança, en étouffant un rugissement.
    Marguerite de Bourgogne, pendant ces quelques jours, descendit lentement jusqu’au fond du désespoir. Cet esprit solide se détraqua. La folie, en peu d’heures, entra dans son cerveau et s’y installa victorieusement. Cette abolition de l’intelligence chez la reine ne fut pas seulement provoquée par la série des secousses cérébrales, mais aussi par un fait matériel.
    La petite Juana avait vidé le flacon de poison apporté par le roi ; ce flacon, elle l’avait ensuite rempli d’eau. Juana ne voulait pas que la reine s’empoisonnât ; elle ne voulait pas être accusée d’avoir fait disparaître le flacon.
    Lorsque Marguerite, après le départ de Louis et l’arrestation de Juana, put réfléchir, elle envisagea la situation avec un sang-froid stoïque.
    En somme, elle avait à choisir entre la mort volontaire et la mort par les mains du bourreau.
    Marguerite, douée d’une énergie extraordinaire, n’hésita pas : puisqu’elle était condamnée, elle voulut mourir à son heure, et de sa propre volonté. Elle choisit le point du jour pour l’heure de sa mort.
    Au matin, lorsqu’elle vit que les premières lueurs du jour se glissaient dans sa chambre, elle se leva, marcha d’un pas ferme à la table, saisit le flacon, le déboucha et en but le contenu sans que sa main tremblât.
    D’abord, elle fut stupéfaite de se voir encore debout. D’après l’idée qu’elle s’en était faite, le poison devait la foudroyer. Elle n’éprouvait aucun malaise.
    Alors, elle tira les rideaux de sa fenêtre, et le joyeux panorama de la vieille cité lui apparut dans l’air léger du matin, dans la magie des couleurs qui vont du rose pâle à l’or rouge ; les toits serrés, dressant leurs pointes capricieuses, les girouettes, les murs de l’hôtel de Nesle et la Seine qui coulait, toute bleue, d’un bleu de saphir, et, enfin, devant elle, la Tour de Nesle.
    Et, dans la joie de cette matinée, la tour perdait de son mystère sombre… On eût dit que ses fantômes l’avaient abandonnée, satisfaits de savoir que la sanglante ribaude allait recevoir son châtiment.
    Marguerite pénétra dans la profonde embrasure, colla son visage aux barreaux et, longuement, contempla la tour. Elle la contempla sans terreur. Maintenant

Weitere Kostenlose Bücher