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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mérite une autre fin. Il eût été dommage qu’il mourût simplement d’un coup de poignard.
    – Coup de poing, rectifia Bigorne. Mais où allons-nous le mettre ?…
    – Je sais qu’il y a deux caveaux à ce logis. Les clefs doivent être là, quelque part.
    – Les voici ! fit Bigorne qui furetait partout et décrochait un trousseau de clés accroché à un clou par son anneau.
    – Bon. Qu’on le descende dans l’un des caveaux, fit Buridan. Qu’on mette près de lui un pain et une cruche d’eau. Nous verrons ensuite ce que nous ferons de lui. »
    Guillaume, Riquet et Bigorne soulevèrent Stragildo, et Buridan, frôlé, s’écarta en frissonnant comme au contact d’un reptile. Une furieuse colère grondait en lui et il tourmentait le manche de son poignard. Mais déjà les trois hommes, emportant le quatrième, avaient disparu.
    Lorsqu’ils remontèrent. Bigorne raconta son expédition.
    « Bonne prise, mort Dieu ! fit Buridan avec un rire terrible qui n’annonçait rien de bon pour Stragildo. Pourquoi Philippe et Gautier ne sont-ils pas là pour… ? »
    Il s’arrêta tout à coup comme frappé d’une idée soudaine.
    Et peut-être cette idée avait-elle quelque chose d’effrayant car il pâlit un peu et, allant s’asseoir à l’écart, se plongea dans une méditation d’où il fut tiré quelques minutes plus tard par des exclamations, des hi han ! féroces et des chants de jubilation extraordinaires.
    Il regarda autour de lui et vit que Guillaume, Riquet et Bigorne avaient disparu.
    « Que se passe-t-il donc ? » murmura-t-il en se dirigeant vers la porte.
    À ce moment, Bigorne apparut, la bouche fendue jusqu’aux oreilles, le visage bouleversé d’émotion et de joie délirante. Il portait deux sacs dans ses bras. Guillaume et Riquet qui venaient derrière lui, en portaient chacun un.
    Les sacs furent déposés sur une table.
    Les trois compères y plongeaient leurs mains, ils riaient, ils se racontaient des facéties terribles, ils étaient fous de joie.
    Buridan comprit tout.
    Ces sacs contenaient le trésor de Stragildo.
    Il s’approcha de la table, les sourcils froncés, les lèvres serrées, il était pâle.
    « Riches ! Riches à jamais ! hurlait Bigorne.
    – De l’or pour jusqu’à la fin de nos jours », ajoutaient Guillaume et Riquet.
    Buridan prit une des pièces d’or et parut l’examiner.
    Puis il la laissa retomber dans le sac d’un geste de dégoût, et, d’une voix sourde, prononça :
    « Il y a du sang sur cet or !… »
    Bigorne, Bourrasque et Haudryot s’arrêtèrent instantanément de crier et de rire ; ils se regardèrent d’un air étrange.
    « Du sang ! continua Buridan. Le sang de tant de malheureuses victimes attirées à la Tour de Nesle et assassinées par Stragildo. Ceci, c’est le paiement des meurtres ! Ceci a payé le sang de Philippe et de Gautier… »
    Les trois compères eurent un même mouvement de recul instinctif et, tout pâles, frissonnèrent.
    « Ceci, continua Buridan, c’est l’or d’un homme que nous allons tuer ! Si nous prenons cet or, nous ne sommes plus des juges, des hommes venant au nom de la justice humaine, mais des bourreaux que l’on solde. »
    « Moi je ne puis même pas tolérer de demeurer dans le logis où se trouve l’or taché de sang. Et vous ?…
    – Fais ce que tu voudras, dit Guillaume, d’une voix rauque.
    – Fais ce que tu voudras, répéta Riquet, en essuyant la sueur qui coulait de son front.
    – Maître, dit Bigorne, faites ce que vous voudrez ! »
    Sacrifice sublime ! Car, selon les idées du temps, Buridan était un fou de ne pas prendre simplement ce trésor. Et de tout temps d’ailleurs on a dit que l’or n’a pas d’odeur. Ou, si on ne l’a pas dit, on l’a pensé.
    Guillaume, Riquet et Lancelot, en abandonnant ce trésor sans comprendre peut-être les répugnances de Buridan, lui donnaient donc une preuve extraordinaire de leur amitié.
    Les quatre sacs furent replacés sur le cheval par Bigorne qui, chose remarquable, s’abstint de maugréer.
    « Mes bons compagnons, dit alors Buridan, je pars. Je pars seul. Je serai absent un jour, ou peut-être deux jours. De l’or ? je vous en apporterai, moi. Pendant mon absence, ne bougez pas d’ici et veillez sur notre prisonnier. »
    Quelques minutes plus tard, Buridan, monté sur le cheval de Stragildo, s’éloignait de la Courtille-aux-Roses.
    *
    * *
    Buridan, monté sur le cheval de Stragildo,

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