Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
s’était rendu tout droit à la Cour des Miracles. Les postes, inutiles désormais, avaient été retirés, les passages étaient libres.
    Parvenu dans la cour où il demeura à cheval, Buridan fit appeler le duc d’Égypte par un boiteux qui veillait au coin de la rue et lui demandait ce qu’il voulait. Sans doute le boiteux reconnut Buridan, car, quelques minutes plus tard, le duc d’Égypte apparut, escorté de quelques hommes dont quelques-uns portaient des torches.
    Buridan détacha le premier sac et le laissa tomber à terre.
    Puis le deuxième, le troisième et le quatrième.
    Les sacs, en tombant, rendaient un son d’or. Les truands ouvraient des yeux terribles. Le duc d’Égypte demeurait calme. Alors Buridan prononça :
    « Je t’ai promis que, si je devenais riche, je t’apporterais, pour toi et tes compagnons, la moitié de ma fortune. Je tiendrai parole plus tard, car ceci n’est pas ma fortune. C’est de l’or que je ne puis garder. Et j’ai pensé qu’il te conviendrait de l’accepter afin de le répartir entre les veuves et les enfants de ceux qui sont morts pendant l’attaque des troupes royales. »
    Le duc d’Égypte inclina la tête en signe d’assentiment et fit un geste.
    En un clin d’œil, les quatre sacs disparurent, emportés.
    Buridan eut un sourire, puis, saluant le duc d’Égypte, il s’éloigna au pas de son cheval et sortit de la Cour des Miracles.

XXIX
 
C’ÉTAIT ÉCRIT
    Nous revenons dans le grenier de la Courtille-aux-Roses.
    La nuit était venue ; l’ombre et le silence y régnaient souverainement au moment où nous prions le lecteur d’y pénétrer avec nous.
    Ce grenier n’était point inhabité, cependant.
    Trois êtres, trois fantômes, mornes et lugubres, l’occupaient en ce moment et gisaient, çà et là, en des poses variées, mais qui dénotaient un accablement intense et un détachement des choses d’ici-bas d’une profondeur insondable.
    Ces trois fantômes étaient : Lancelot Bigorne, Guillaume Bourrasque et Riquet Haudryot, lesquels paraissaient plongés dans des réflexions profondes, il est vrai, mais dénuées de toute gaieté, à en juger par les soupirs lamentables et les grognements larmoyants qui s’échappaient de temps en temps de l’une ou l’autre poitrine des trois tristes compères.
    « Lancelot, dit Bourrasque, qui commençait à connaître son compagnon, Lancelot, tu as une idée.
    – Des idées, on en a toujours.
    – Oui, mais j’entends une bonne idée.
    – Ma foi, compère, je n’en sais encore rien. Mais ce que je sais, par exemple, c’est que j’ai faim…
    – Et soif, ajouta Guillaume.
    – Faim et soif, parfaitement, et que ce n’est pas en restant ici à gémir que je trouverai quelque chose à nous mettre sous la dent. En conséquence, je vais sortir à mon tour, ne serait-ce que pour voir si je serai plus heureux que mon maître Buridan.
    – Bien déduit ! fit Riquet. Ce Lancelot aurait pu faire un logicien d’assez bonne force. Qu’en dis-tu, compère Guillaume ?
    – Par les poils de la sainte barbe du Christ, je dis comme toi, compère Riquet. Mais il ne faudrait cependant pas oublier que nos têtes sont mises à prix.
    – C’est vrai… Insigne honneur… dont nous nous serions bien passés.
    – Cornes du diable ! messire Buridan, mon maître, s’est bien exposé en plein jour ; je puis bien, moi, Lancelot, son écuyer, me risquer la nuit !
    – C’est juste !… car ainsi, tu ne manqueras en rien à la déférence qu’un bon serviteur doit à son maître. Va donc, Lancelot.
    – Mais surtout, sois prudent !
    – Fiez-vous à moi. Mais, vous autres, ne bougez pas d’ici, ne dormez que d’un œil et tenez-vous prêts au premier appel.
    – Va, Lancelot, va ! et sois sans inquiétude, nous veillerons. »
    Sur ces mots, Lancelot Bigorne se glissa doucement et à tâtons dans l’escalier, certain qu’il était que ses deux compagnons resteraient, comme ils l’avaient promis, l’œil et l’oreille aux aguets.
    À vrai dire, Lancelot Bigorne n’avait aucun plan d’arrêté ; il allait tout simplement à l’aventure, se fiant à son instinct et à sa bonne étoile.
    Il parvint au rez-de-chaussée et s’apprêtait à sortir lorsqu’il lui sembla voir une lueur du côté de la fenêtre donnant sur le jardin.
    « Ouais ! se dit Lancelot, serait-ce un éclair ? Pourtant nous ne sommes point en saison où les orages sont communs. Serait-ce la faiblesse qui me

Weitere Kostenlose Bücher