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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pouvoir prononcer un mot. Il vit alors combien il l’aimait. Presque aussitôt apparut Mabel, – Anne de Dramans, – rajeunie de vingt ans, et, après les premières effusions, tous trois montèrent jusqu’en haut.
    Ils étaient tous trois aussi heureux que peuvent l’être des créatures humaines.
    Buridan était venu à Montmartre pour se retremper.
    Il écartait donc de son esprit toute pensée attristante, résolu à connaître au moins un jour de bonheur de vivre en paix, sous le double regard d’amour de sa mère et de sa fiancée.
    Aussi, lorsque Mabel, au bout de deux heures, parla d’organiser le départ, il renvoya au lendemain toute résolution.
    Le lendemain, Mabel parla encore de partir.
    Mais Buridan éluda encore la question.
    Le moment vint enfin où Buridan dut avouer qu’il ne pouvait encore songer à s’éloigner de Paris. Mabel lui en demanda les raisons.
    « Je ne partirai pas avant d’avoir délivré Philippe et Gautier d’Aulnay. »
    Mabel tressaillit. Buridan continua :
    « Pardonnez-moi, ma mère, de vous rappeler de terribles souvenirs avec ces deux noms-là. Mais, si je m’en allais tandis que ces deux hommes vont mourir, si je partais sans avoir tenté l’impossible pour les sauver, il me semble que je ne pourrais plus vivre moi-même.
    – Va donc, mon fils, fit Mabel avec un soupir.
    – Ce n’est pas tout, reprit Buridan. J’ai à vous parler du père et de la mère de Myrtille…
    – Enguerrand de Marigny ? interrogea Mabel.
    – Arrêté !…
    – Marguerite de Bourgogne ?…
    – Arrêtée !…
    Buridan raconta comment il avait voulu sauver Marigny, comment il était allé à la Tour de Nesle, comment le roi, prévenu par Stragildo, avait surpris ses paroles accusatrices et les aveux de Marguerite.
    « Fatalité ! murmura Mabel, comme l’avait murmuré Buridan. Ainsi pendant quinze ans, j’ai rêvé, combiné des plans de vengeance dont chacun me semblait ensuite chimérique. Et le hasard, par des voies toutes naturelles, a atteint Marguerite.
    « Elle a été frappée comme je voulais qu’elle le fût ! À l’endroit où je voulais qu’elle le fût ! Et frappée par qui !… »
    *
    * *
    Il fut convenu que Mabel et Myrtille continueraient à demeurer dans cette chaumière où il y avait, en effet, bien peu de chances qu’on s’avisât de venir les chercher.
    Et d’ailleurs, il n’y avait plus maintenant qu’un homme qui pût avoir la pensée ou le désir de retrouver Myrtille.
    C’était le comte de Valois.
    « Et pour celui-là, dit Buridan d’un ton ferme, j’ai une idée ! »
    Mabel, frémissante, chercha vainement à savoir quelle pouvait être cette idée.
    Il s’agissait maintenant de faire accepter par Myrtille cette nouvelle séparation, et Mabel redoutait que la jeune fille, déjà ébranlée par tant de secousses, n’en reçût une atteinte, cette fois, profonde.
    Buridan se contenta de sourire.
    Il serra sa fiancée dans ses bras en jetant un regard de triomphe à sa mère.
    Lorsque vint le moment de la séparation, ce fut Mabel qui se montra la moins courageuse et c’est tout simple : elle était la mère.
    Enfin, après force promesses d’être prudent, après force baisers et larmes, Buridan, vers le moment du coucher du soleil, s’éloigna et commença à redescendre les pentes de Montmartre de façon à arriver avant la fermeture des portes.
    Plus d’une fois, il se retourna pour apercevoir une fois encore les deux femmes qui, près de la roche que lui avait montrée Myrtille, lui disaient encore adieu par leurs signes.
    Puis elles disparurent enfin à ses yeux, derrière les cimes des châtaigniers et des chênes.
    Alors il se mit en selle et partit au trot.
    *
    * *
    À ce moment quelqu’un qui était dans un fourré, quelqu’un qui l’avait vu venir et avait étudié chacun de ses gestes, cet homme, donc, se redressa, puis sortit du taillis, s’avança jusque sur le sentier qu’avait suivi Buridan et le regarda s’éloigner.
    Cet homme s’appuyait sur un bâton, une forte branche qu’il avait coupée à un arbre et qui devait lui servir de défense plutôt que de soutien, car il était alerte et vigoureux. Il était vêtu, comme la plupart des paysans, d’une souquenille serrée aux reins par une ceinture de cuir.
    Son visage était sombre. Il suivait d’un ardent regard le jeune homme qui avait pris le trot et qui ne tarda pas à disparaître au loin.
    Alors il se tourna vers le hameau et il

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