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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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comme vous. Mais vous n’obtiendrez jamais l’allégeance des chevaliers tant que La Valette les commandera. Il est trop entièrement français, et gascon de surcroît.
    – Tu as déjà réfléchi à une éventuelle solution, affirma Ghisleri.
    – Oui. Nous devons arranger l’élection d’un Italien comme grand maître. »
    Ghisleri fronça les sourcils. Ludovico savait pourquoi. Le collège électoral de la Religion était le plus complexe qu’on n’ait jamais inventé, superbement conçu pour empêcher toute interférence extérieure, surtout de Rome. À la mort d’un grand maître, son successeur devait être élu sous trois jours. Ce seul fait remettait le processus entre les mains des seuls chevaliers présents dans l’île à ce moment précis. Et même ainsi, soixante-douze heures d’intrigues fiévreuses s’ensuivaient invariablement – corruption, pressions directes, chantages et serments extravagants – entre les frères des huit langues en compétition. Beaucoup marchaient masqués pour déguiser leurs allégeances, avait-on dit à Ludovico. Les chevaliers, après tout, étaient une enivrante distillation de nobles sangs, et charriaient dans leurs veines le plus ancien des vices aristocratiques : l’obsession du pouvoir. Leur système électoral compliqué, développé pendant des siècles, n’avait fait que rendre la compétition encore plus sauvage.
    « Est-ce possible ? demanda Ghisleri.
    – Le mécanisme de l’élection est byzantin, dit Ludovico. Chaque langue se réunit dans sa propre chapelle et élit un chevalier pour la représenter. Ces huit chevaliers choisissent alors un président de l’élection. Ils choisissent aussi un triumvirat comprenant un chevalier, un chapelain et un frère sergent d’armes, chacun d’une langue différente. À partir de là, le président, ainsi que le conclave originel de huit chevaliers, ne prennent plus part à la procédure. Ce nouveau triumvirat choisit alors un quatrième membre, puis ces quatre en choisissent un cinquième, les six un septième, et ainsi de suite – chaque nouveau membre d’une langue différente du précédent – jusqu’à atteindre un total de seize électeurs. Au moins onze de ces électeurs doivent être chevaliers de justice, mais aucun ne peut être un grand maître. Ces seize, enfin, votent pour élire le nouveau grand maître, avec le président en réserve pour voter en cas d’égalité parfaite. »
    Ghisleri enregistra tout cela et dit : « Un grand maître italien serait merveilleux. Et j’ai arrangé autant d’élections que n’importe qui à Rome. Mais avec de tels garde-fous, comment faire ?
    – Avec votre bénédiction, dit Ludovico, j’ai l’intention de devenir chevalier de la Sainte Religion. »
    Ghisleri le dévisagea.
    « Une fois dans la place, poursuivit Ludovico, je pourrai agir pour le candidat approprié.
    – Et qui est-il ? demanda Ghisleri.
    – Un brillant soldat, admiré par toutes les langues pour sa maîtrise de la guerre, et un homme que vous connaissez très bien.
    – Pietro Del Monte », dit Ghisleri.
    Ludovico acquiesça. Del Monte était prieur de la langue italienne et amiral de la flotte de la Religion. À soixante-cinq ans, sa réputation n’était plus à faire.
    Ludovico continua. « Sa seule faiblesse, un manque de sophistication politique, est à notre avantage. Il sera sensible à vos besoins, ou devrais-je dire à ceux du pontife. Et les autres langues trouveront en lui l’élu le moins désagréable par rapport à leurs propres aspirants.
    – Comment cela ? demanda Ghisleri.
    – Face au Turc, tous les frères donneraient leur vie pour leurs frères. Pourtant, ils ne manquent pas de rivalités internes. Les Français ont dominé l’ordre pendant presque tout notre siècle. Les Espagnols, Catalans et Portugais en conçoivent une grande amertume. Un Français, De L’Isle Adam, a perdu Rhodes, et même La Valette n’est pas à l’abri de l’intrigue et du désastre – dix-huit mille Espagnols massacrés à Djerba ; l’échec de la libération de Tripoli ; Zoara a été leur pire défaite depuis Rhodes. C’est une tricherie française qui a fait perdre Tripoli, et La Valette n’a pas seulement fait libérer le coupable, Gaspard Vallier, de sa geôle, mais il lui a promis l’intendance de Largo. En temps de paix, les querelles et les affaires politiques des Français et des Espagnols sont à peine plus

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