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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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– disons un millier d’hommes ? –, alors Toledo pourra revendiquer qu’il a fait de son mieux, et, du coup, les chevaliers de La Valette me seront reconnaissants par ricochet, inquisiteur ou pas. »
    Ghisleri soupesa les possibilités. « Mais notre congrégation peut-elle rassembler les fonds nécessaires ? Corrompre le riche coûte cher, c’est pourquoi, d’ailleurs, je ne suis pas encore pontife. Toledo n’est pas pauvre, et la cupidité espagnole n’est pas une simple légende.
    – Les promotions, richesses et reliques sacrées à la portée du Saint-Père dépassent largement celles de notre congrégation. Le Vatican pourrait fournir plus que nécessaire pour corrompre non seulement Toledo, mais des éléments clés au sein même de la Religion. » Ludovico se pencha en avant. « Que Médicis paye le joueur de flûte pendant que nous dirigeons la musique. »
    Une fois de plus Ghisleri tira sur sa longue barbe blanche. « Ton stratagème en appellerait à Médicis autant qu’à son successeur. Et tu aurais toute l’autorité de la volonté papale.
    – Demain, dit Ludovico, je vais feindre d’arriver à Rome et j’irai faire mon rapport à Médicis, comme si je ne venais le voir que lui, et lui seul. Le pape me fournira les instruments et les promesses dont j’ai besoin.
    – Puis tu retourneras à Malte ?
    – En Sicile voir Garcia de Toledo, et ensuite à Malte, oui.
    – Et si Malte est déjà tombée aux mains du Turc ? »
    Ludovico ne répondit pas. Il se leva. « Une fois que j’aurai montré ma figure au Vatican, je serai surveillé pour le restant de mon séjour. Nous ne devons donc plus nous rencontrer avant mon départ. »
    Ghisleri fronça les sourcils. « Tu disais qu’il fallait deux étapes pour que la Religion t’admette en son sein. Quelle est la seconde ?
    – Je me joindrai aux chevaliers sur les remparts et je verserai de mon sang dans la bataille contre l’infidèle. »
    Une différente palette d’émotions colora les yeux de Ghisleri. Il tendit une main et la posa sur le bras de Ludovico. « Je t’en supplie, ne va pas plus loin que la Sicile. »
    Ludovico le regarda sans répondre.
    « Tu m’es plus proche qu’aucun fils ne le serait, dit Ghisleri. Et tout aussi cher. »
    Ludovico, inaccoutumé à l’affection, se trouva soudain ému. Mais il ne répondit toujours pas.
    « Tu es encore un jeune homme, dit Ghisleri, un jour tu pourrais toi-même porter l’anneau du Pêcheur. En vérité, c’est mon espoir et je prie pour cela. »
    Ludovico savait cela. Il avait envisagé chaque pas qu’il lui faudrait faire, comme un sentier de gros galets jetés pour traverser un torrent. Mais il avait maladivement soif d’accomplir l’impossible. Soif de la chute de La Valette. Soif du jugement de la bataille. Ces désirs insatiables, pensait-il, étaient l’expression d’un pouvoir à la fois fondamental et profond : la volonté de Dieu.
    « Vous m’interdisez d’y aller ? » demanda-t-il.
    Ghisleri soupira, balançant doucement la tête. « Et si tu meurs ?
    – Je m’en remets à la garde de Dieu. Ai-je votre bénédiction ?
    – En tant que membre de notre sainte congrégation ? Ou en tant que chevalier de Saint-Jean ?
    – En tant que ce dont j’ai besoin pour servir la volonté de Dieu. »

MARDI 5 JUIN 1565
    Le front de mer – Le Borgo – La nuit
    NUIT. VENT. ÉTOILES. Mer. Pierres.
    Les jours étaient d’une chaleur sans pitié, mais les nuits étaient fraîches, comme celle-ci l’était, et la robe de lin verte d’Amparo ne suffisait pas à lui tenir chaud. De ses bras minces, elle enveloppa ses genoux, frissonnant sous la brise. Les faibles ondulations de la mer étaient enrubannées d’argent et une lune gibbeuse descendait dans la poussière des cieux. Les directions ne signifiaient rien pour Amparo, pas plus que le temps. De là où elle était assise, cachée entre des piles de chevrons sur la baie de Kalkara, ces tendres amis – vent, mer, étoiles, lune, nuit – étaient les seules choses qu’elle connaissait et qui la réconfortaient. Sur ses genoux reposait son instrument de vision dans son cylindre de cuir. Elle avait essayé de lire les secrets de ses cristaux à la lumière de la lune, mais les anges n’avaient pas parlé. Elle n’avait vu que des volutes de couleurs. De jolis dessins, rien de plus. Les anges avaient-ils fui la haine qui prospérait tout autour

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