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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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ablutions dans une
autre cour, les deux femmes entrèrent dans une pièce qui devait être la chambre
des maîtres de maison. Les parois étaient ornées de tapisseries tissées de
laines colorées.
    Zéphyrine s'empara
d'une tunique en laine de vigogne bleue, fendue sur le côté. Elle y ajouta un
châle retenu sur la poitrine par une épingle d'or. Elle trouva la même tenue
rouge pour demoiselle Pluche. Un bonnet pour les protéger du froid et de
longues boucles d'oreilles d'or complétèrent le tout.
    Satisfaite de sa
tenue de dame aristocrate inca, Zéphyrine retourna
avec ses compagnons vers le quartier général de Francisco
Pizarro.
    Sur la grande place
de Cajamarca, les conquistadors se préparaient pour l'entrevue historique. La
nuit tombait. A la lueur des torches, Zéphyrine pensa à l'entrevue du Camp du
Drap d'or.
    Les Espagnols, à
genoux, en armures, se confessaient et communiaient.
    Les habitants de la
ville revenaient peu à peu. Ils regardaient sans
crainte ces nouveaux dieux. Ils devenaient de plus en plus nombreux. Zéphyrine évalua la population massée à plusieurs milliers. Elle se rassura. Que
pouvait faire une poignée de soldats contre cette foule ?
    Dissimulée parmi
les Incas, elle regardait Pizarro. Comme ses soldats, il avait revêtu sa plus belle armure. Il portait épée et gantelet de fer. Avec le moine et ses hommes, Pizarro chantait
le vieux psaume sacré : Exsurge Domine et judica causam tuam ( «
Apparais, Seigneur, et sois juge de ta cause »).
    Sous le casque, les
yeux de Pizarro, éclairés par les flammes, brillaient comme des charbons
ardents.
    Zéphyrine trembla,
cet homme ressemblait comme un frère à doña Hermina. Il portait en lui la haine
du diable !

Chapitre XXIX
LE PIÈGE
     
     
    Un frémissement de plumes
et d'étoffes annonça l'arrivée de l'Inca.
    Zéphyrine se mit
sur la pointe des pieds. Des centaines de serviteurs, tout de rouge vêtus,
balayaient la route avec des palmes pour en chasser la poussière.
    Des chants rauques,
sorte de mélopée, sortaient de leur gorge. Venaient juste derrière les y
anas [130] chargés de vases d'or et de marteaux d'argent.
    —       Qu'est-ce
qui leur prend de sortir toutes leurs richesses? murmura Zéphyrine, en voyant
les yeux luisants des Espagnols.
    —       Hommage
à Viracocha ! rétorqua Pando-Pando, d'un air satisfait.
    Les gardes de
l'Inca avançaient à pas lents dans leurs vêtements de couleur en damiers,
apparaissaient ensuite les officiers, nobles en tenues bleues, lourdes
breloques d'or aux oreilles. C'était, Zéphyrine le comprit, la garde
prétorienne de l'empereur. Venait enfin le palanquin de l'Inca, garni de
plaques d'or et de plumes de perroquet, porté par les plus hauts dignitaires du
royaume.
    Sur son trône en or
massif, l'Inca offrait au regard de son peuple et des Espagnols l'image d'une
idole. Derrière lui se déplaçaient, sur d'autres litières plus petites, des
personnalités de sa famille et ses concubines préférées.
    Parmi les
nombreuses femmes, Zéphyrine remarqua une jeune créature dont la beauté lui
rappelait un peu les yeux fendus et l'exotisme de Malitzin.
    —       C'est
princesse Nazca Capac..., sœur bien-aimée du Sapa Inca Atahualpa, fit
Pando-Pando pour Zéphyrine.
    La jeune femme
observait les regards ardents de la soldatesque. A l'envie de l'or se mêlait le
manque de femmes dont souffraient les conquistadors.
    Pour le moment,
tout se passait bien.
    « Pizarro a compris
qu'ils sont trop nombreux. Il ne va rien tenter », se rassura Zéphyrine.
    Sur les sommets
entourant Cajamarca, elle voyait se déployer des milliers de soldats incas.
Atahualpa avait tout de même été prévoyant.
    Le cortège avait
envahi la place. Avec Pluche et Piccolo, Zéphyrine cherchait fébrilement, sous
les bonnets et voiles des dames incas, doña Hermina. Aucune silhouette, aucun
visage ne leur rappelaient la créature maudite.
    —       La
misérable nous échappe encore, Madame! se désola Pluche, le nez rouge.
    Dans sa tenue,
bonnet enfoncé sur les oreilles, elle était vraiment inénarrable, Arthémise.
    Les nobles venaient
d'arrêter le palanquin de l'Inca devant les marches du palais. Zéphyrine,
soudain, ne vit plus aucun soldat espagnol. Ils avaient disparu comme par
enchantement !
    Seul restait,
devant le portail, le moine dominicain Vicente de Valverde.
    Zéphyrine fit un
signe à Pando-Pando et à ses compagnons. Jouant des coudes dans la foule, ils
se

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