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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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faisant appeler doña
Maria, répand de faux bruits... Les hommes blancs venus de la mer ne sont pas
Viracocha et la femme indigne a volé mon enfant !
    Un cri guttural
sortit de la poitrine d'Atahualpa. Son doigt pointait vers Zéphyrine. Douze
gardes à longs pendants d'oreilles, en tuniques bleues et piques d'argent à la
main, tombèrent sur la jeune femme et ses
compagnons.
    Tandis qu'on
l'entraînait, Zéphyrine entendit résonner un rire. Elle se débattit. Ce
ricanement, elle l'aurait reconnu en enfer. Zéphyrine se retourna, certaine de
la présence de doña Hermina se
dissimulant sous les voiles des dames de la cour. Déjouant sa belle-fille, la louve avait
réussi à s'attirer la confiance du naïf Inca. Comme elle avait dû s'amuser, la
scélérate, de voir Zéphyrine courbée devant Atahualpa.
    —       Je
suis vraiment désolée, Pando-Pando ! dit simplement Zéphyrine, tandis que les
gardes de l'Inca les jetaient sans façon tous les quatre dans un
cul-de-basse-fosse.
    —       Toute
savante que vous êtes, Madame, la vérité n'est pas toujours bonne à dire ! Il n'y a rien à faire avec certaines gens qui refusent la réalité ! zozota Pluche, en guise
de reproche.
    Dehors, il pleuvait à torrents. Zéphyrine et ses compagnons s 'installèrent dans le cachot suintant. A la
tombée de la nuit, un garde leur jeta un peu de nourriture.
    Les prisonniers se
partagèrent de curieux tubercules séchés de chuno [128] , que
demoiselle Pluche trouva exécrables. Ils burent un peu d'eau dans un cruchon de
terre. Zéphyrine trouva un goût bizarre à ce liquide croupi. Comme ses
compagnons, elle bâilla vite et s'endormit sur la paille humide.
    Elle rêva de
Karolus. Il posait une main sur son front et murmurait : « Ne t'inquiète pas,
Zéphyrine, je suis là... je protège Luigi, je te protège, toi aussi... Dors, ma
nièce, pauvre enfant. »
    Les doigts du nain
effleuraient son cou. Elle étouffait. Elle poussa un cri rauque, puis un soupir
extasié. Fulvio la prenait dans ses bras, elle sentait sa bouche sur ses
lèvres. Elle tendait les bras vers Fulvio, son amour...
    Zéphyrine se
réveilla en sursaut. Elle était enroulée dans une couverture en poils de
guanaco. Ses compagnons aussi. Une âme charitable était venue pendant la nuit
leur apporter de quoi se protéger du froid. Zéphyrine rabattit frileusement les
pans de sa chemise sur sa poitrine. Ses doigts cherchèrent la chaîne de son
médaillon. Ils ne trouvèrent que ses seins. A quatre pattes dans la paille,
Zéphyrine, aidée de ses compagnons, fouilla le cachot sans rien trouver. Elle
dut se rendre à l'évidence. Pendant son sommeil, on lui avait volé le médaillon avec les trois plaquettes mystérieuses. Les mains
appuyées sur le front, elle repensa à son rêve. Karolus était-il venu cette
nuit voler le bijou ? Etait-ce lui qui leur avait apporté des couvertures ?
    Zéphyrine
regrettait surtout la mèche de cheveux de Luigi. Malgré la laine de
guanaco, elle grelottait à cause de l'altitude de Cajamarca. Elle se laissait aller
au découragement, pensant à son fils probablement si proche.
    La journée passa,
lugubre, avec toujours le bruit de la pluie et le suintement des murailles.
    Vers
le milieu de l'après-midi, un garde leur jeta un brouet  maïs. Les prisonniers
affamés le dévorèrent jusqu'au dernier grain.
    Parfois,
Zéphyrine entendait des pas dans la forteresse. Elle sursautait, sûre de voir doña
Hermina surgir un poignard à la main pour l'égorger. Rien de pareil ne se
produisit.
    Trois
jours s'écoulèrent de la même façon. Pour ne pas perdre la notion du temps,
Zéphyrinelesmarquaitavec un caillou sur la
muraille.
    La
vermine et la saleté envahissaient les prisonniers. Ils souffraient de la faim,
de l'isolement, du froid terrible la nuit (sans les couvertures, ils seraient
morts) et surtout de l'incertitude de leur sort.
    Pour
les distraire, Pando-Pando leur décrivait par le menu toutes les peines que les caracas [129] risquaient de leur infliger pour crime de lèse-majesté envers l'Inca.
    —       Pacha Inca nous faire enfermer avec crapauds, serpents rats,
arracher œil gauche, suspendre nous par cheveux à un arbre... ou mourir sous
jets de pierres... Mais si Sapa Inca très bon juste cent coups de fouet avec
remontrances publiques et confiscation des biens !
    Demoiselle
Pluche ponctuait cette énumération de « Aïe aïe aïe » et de gémissements qui,
en d'autres circonstances, auraient

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