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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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frayèrent un chemin vers l'Inca.
    Zéphyrine se
rendait compte que le souverain s'étonnait lui aussi de l'absence des envoyés
de Viracocha.
    Le moine s'approcha
du palanquin. Dans une main, il tenait la Bible, dans l'autre le crucifix.
    —       Je
viens, d'ordre de mon souverain, vous exposer, Monseigneur, la doctrine de la
vraie foi..., lança d'une voix forte le dominicain.
    Un interprète
traduisait. Au fur et à mesure que le moine parlait de la Sainte-Trinité, de la
création de l'homme, de la rédemption du Christ, du péché originel et du Dieu
unique de la foi catholique, Zéphyrine, navrée, voyait la stupéfaction se
peindre sur le beau visage acajou d'Atahualpa.
    —       Que
le roi des Incas abjure ses erreurs, qu'il embrasse la vraie foi, qu'en outre
il reconnaisse l'autorité du roi d'Espagne qui le considérera comme son vassal.
Alors, il sera sauvé ! acheva le moine en tendant sa Bible et son crucifix à baiser vers Atahualpa.
    Le Sapa Inca les
prit avec dégoût. Il les retourna dans ses mains, puis, de sa voix rauque, il
lança un cri que l'interprète traduisit en tremblant :
    —       L'Inca
maître tout-puissant de son royaume n'est le vassal de
personne. Il ne connaît pas le Dieu unique et triple dont tu parles, étranger,
il ne connaît que Viracocha, fils du Soleil, Dieu Suprême !
    Dans un geste de
colère, Atahualpa jeta Bible et crucifix à terre.
    —       Mon
Dieu! murmura Zéphyrine en joignant les mains.
    —       Sacrilège
! Sacrilège ! tonna le moine.
    Ce devait être le
mot de ralliement, car Francisco Pizarro apparut sur les marches. Il dénoua son
écharpe blanche, l'agita au-dessus de sa tête. C'était le signal. Le moine
hystérique hurlait :
    —       Allez-y,
fils de Dieu, ils sont à vous, je vous donne l'absolution !
    Jaillissant de leur
cachette, les soldats espagnols firent irruption sur la place aux cris de :
    —       Saint
Jacques ! Tombons sur eux !
    Les gueules des
canons dissimulés derrière des bottes de paille tonnaient le feu. Les
arquebusiers, cachés derrière des chariots, lâchaient la mitraille. Sautant
par-dessus les haies, les cavaliers sabraient les gardes de l'Inca.
    Zéphyrine et ses
compagnons rampèrent se mettre à l'abri d'un muret. La scène était horrible.
    Assommés par le
bruit infernal des canons, pris à la gorge par ces démons barbus, asphyxiés par
la fumée, les Incas, terrorisés par le « feu du ciel », ne savaient plus où
fuir.
    Les gardes de
l'Inca essayaient de protéger courageusement leur souverain. De leurs piques,
ils tentaient d'éventrer les chevaux caparaçonnés des cavaliers. Ils étaient
sabrés sans merci.
    Des Incas cherchaient refuge dans le palais. Au fur et à mesure, ils étaient égorgés ou abattus par les arquebusiers dissimulés derrière les
colonnes.
    Au milieu de la
mêlée, le palanquin royal avait fini par s'effondrer.
    Jeté à terre,
traîné, humilié, le Sapa Inca rampait sur le sol. Il n'était pas loin du muret
où se dissimulaient Zéphyrine et ses compagnons.
    La jeune femme fit
un signe à Pando-Pando et Piccolo. Au péril de leur vie, car leur costume inca
les désignait aux sabres des conquérants, Zéphyrine et ses deux compagnons sortirent
de leur retraite pour rejoindre l'Inca.
    Au milieu des
hurlements de joie des Espagnols et des cris des mourants, Zéphyrine se glissa
vers celui qui était encore, la minute d'avant, le maître absolu de son
royaume.
    Atahualpa avait dû
recevoir un coup violent sur la tête. Il gisait parmi les pompons d'or de son
trône. Excités par la vue du sang, les cavaliers sautaient par-dessus le corps,
pourfendant tout ce qui bougeait.
    Zéphyrine ôta son
bonnet d'Indien. La vue de ses cheveux dorés arrêta le sabre de Hernando de
Soto.
    —       Madame,
que faites-vous ici?
    Entourée de Piccolo
et de Pando-Pando, Zéphyrine protégeait le corps inanimé de l'Inca. Elle prit
sa tête dans ses bras, posa une main sur sa poitrine. Il respirait encore.
Zéphyrine écarta sa chevelure noire, souillée par du sang et de la poussière.
Elle poussa un cri de surprise. Dans le cou, derrière l'oreille, le Sapa Inca
portait, marqué sur sa peau brune, le dessin de naissance d'une rose... une rose de sang...
    Quel lien unissait
Luigi, Charles Quint et l'Inca Atahualpa ? Le malheureux souverain ouvrait les
yeux. Il eut le temps d'apercevoir le visage de Zéphyrine penché sur lui. Une
expression terrifiée se peignit

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