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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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de
tels crimes est la mort. Elle est aussi requise pour cette femme, votre
complice, que nous connaissons depuis bien longtemps. La sentence est
exécutable immédiatement.
    Sénart arma le chien de son
pistolet.
    — Vous oubliez que c’est moi
qui suis du bon côté du canon.
    L’autre haussa les
épaules :
    — Voilà un détail bien
insignifiant. Abaddon, viens.
    Le jeune homme entendit du
bruit derrière lui. Suivit presque tout de suite le hurlement étouffé de
Marie-Adélaïde. À regret, il se retourna et là, il vit.
     
    L’ange exterminateur.
    Il l’avait déjà aperçu dans la
cathédrale obscure ou dans les sous-sols de la Contrescarpe, mais là, il le
voyait en pleine lumière.
    Il ressemblait à un des
écorchés de Fragonard. Sa peau, arrachée par endroit, pendait en lambeaux, sur
ses bras, ses jambes et sa poitrine, dévoilant une musculature nouée comme les
cordages d’un navire. Sa chair nue, habituée à un tel traitement, possédait la
couleur du vieux cuir. Ses veines charriaient un sang abondant et on pouvait
les voir se gonfler et se dégonfler au rythme des battements de son cœur. Même
son visage avait subi les colères du monstre contre lui-même. Ses lèvres déchiquetées
dévoilaient sa mâchoire ricanante et les paupières rongées laissaient
apparaître deux yeux globuleux au regard fixe et brillant.
    Mais le pire c’est que cette
créature sortie du rêve d’un dément vivait. Sa cage thoracique, à nue, se
soulevait à un rythme régulier. Il fit un pas en avant. Il ne pouvait cligner
des yeux mais son affreux regard immobile se promena tout autour de la pièce et
se fixa sur le jeune homme.
    Sénart ne réfléchit pas une
seconde : il tira.
    Rien. Le bruit assourdissant
les avait tous fait sursauter et l’odeur de poudre se répandit aussitôt, mais
la silhouette cauchemardesque était toujours là.
    « L’ai-je
raté ? »
    Mais non, Sénart avait vu
distinctement l’impact sur la poitrine d’Abaddon. Il avait à peine tressailli.
    La voix de dom Gerle retentit,
railleuse :
    — Notre ami Fragonard vous
avait bien prévenu ! Il faut viser droit au cœur. Qu’avez-vous touché
là ? Le côté… voyons mon cher, il en faut bien plus pour abattre notre
cher Abaddon. Par contre, le bruit d’un pistolet le met en général très en
colère. Abaddon, écoute-moi ! Tue-les !
    Les yeux fixes n’avaient pas
quitté le jeune homme. Le monstre fit un pas. Sénart réfléchit à toute vitesse.
« Il est presque invulnérable, il est agile, il ne connaît ni la peur ni
la douleur. Il faut que je l’attire hors d’ici. »
    L’autre était presque arrivé au
niveau de Marie-Adélaïde. La jeune femme semblait fascinée. Il avança la main
comme pour la toucher.
    Alors tout alla très vite.
    Sénart se retourna, bouscula
dom Gerle et Fragonard pour faire écrouler la vitrine contenant l’homme
écorché. Le monstre voyant cela recula comme effrayé et poussa un cri strident.
Un long hululement suraigu qui ne paraissait pas sorti de la bouche d’un être humain.
Le jeune homme se précipita vers Marie-Adélaïde, immobile, comme
tétanisée ; il lui prit la main et emprunta une allée de l’amphithéâtre de
manière à contourner Abaddon. Un instant plus tard, ils étaient dehors,
rejoignant les pièces où s’étendaient les vitrines pleines d’animaux écorchés.
Il se hâta de fermer la porte à clef.
    — Vite, vite, nous pouvons nous
échapper.
    Elle se laissait emporter,
toujours muette, mais les larmes aux yeux. Au loin, ils entendirent dom Gerle
crier :
    — Attrape-les, Abaddon,
tue-les !
    Ils coururent à travers les
allées obscures, mais bientôt un fracas retentissant se fit entendre. Le
monstre venait de défoncer la porte. La poursuite commençait.
    Gabriel-Jérôme et la Sibylle se
perdaient dans le labyrinthe des vitrines, mais Abaddon, lui, avançait tout
droit, défonçant tout sur son passage. Les vitres et même les étagères de chêne
volaient sous ses coups. Les animaux naturalisés tombaient à terre et
répandaient leurs os et leurs organes desséchés.
    — Où est la porte ? hurla-t-il.
    — Je ne vois rien,
sanglota-t-elle pour toute réponse. Je crois que c’est par là.
    Ils contournèrent une haute
étagère remplie de fœtus divers conservés dans des bocaux et, effectivement,
une porte à double battant s’ouvrait là. Ils la franchirent le plus vite qu’ils
purent, et Gabriel-Jérôme prit bien soin de pousser le

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