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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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rien.
L’effort ne lui fait pas peur. Il sera de plus en plus fort.
    J’ai peur. Pourquoi je ne sens
rien ? Pourquoi je n’ai plus mal. Je ne sens plus rien sauf avec ma tête.
Tout le reste disparaît. Ça n’existe pas.
     
    — Hé, regardez qui va là ?
    — C’est Charles, la bête !
Hé, voyez un peu comme il marche. Attention, tu vas tomber.
    Je tombe et ma tête est par
terre.
    — Ah, ah ! Il ne tient pas
debout.
    Son pied s’approche de moi. Je
pense que mes mains pourraient l’attraper. Tout de suite, je les vois. Elles
viennent à mon secours et prennent le godillot.
    — Qu’est-ce qu’il fait ?
    C’est le godillot qui fait mal.
Je ne l’aime pas. Je vais l’envoyer loin.
    — Il va me casser la
cheville ! Aidez-moi.
    Ils viennent tous et tentent
d’enlever le pied, mais moi, je veux qu’il parte loin et que je ne le revoie
plus. Alors je le tiens.
    — Il va m’arracher le pied.
AAAH !
    Quelque chose craque, comme une
branche morte. Maintenant le pied est tout mou et l’enfant hurle. Il hurle très
fort et moi je crie aussi. Et puis, je veux arrêter ça. Alors, je dis à ma main
d’aller sur la bouche du garçon. Elle y va. Ça fait comme un grand coup. Il n’y
a plus de cri sauf les miens mais j’arrête.
    Les autres se mettent à hurler
à leur tour :
    — Charles a tué Gaston !
Au secours !
    Ils partent et je dis à mon
corps de me relever. Ce n’est pas facile. Il y a des choses à faire dans
l’ordre et je me trompe. Quand je suis debout, je regarde par terre.
    Le garçon est là, la bouche
ouverte comme pour crier mais il ne crie plus. Il y a du rouge sur sa bouche.
    Alors, il y a beaucoup de monde
qui vient. Ça crie partout. C’est désagréable. Je crie aussi. Plusieurs veulent
m’attraper. Ma tête va dans tous les sens. Je vois qu’ils m’ont pris les bras.
Je ne veux pas, alors je leur dis de bouger et de pousser tous ces gens pour
qu’ils reculent. Ils obéissent et le vieux Victor tombe en arrière et va se
cogner contre un arbre. Je crie encore et c’est plus fort qu’eux. Il y en a
deux autres qui viennent. Je dis à mes pieds de bouger et à mes mains de les
pousser. Les deux sont à terre.
    — Il est fort comme un
Hercule !
    — Comme le diable, oui !
Victor, réveille-toi et filons d’ici.
    — Il faut prévenir le bailli.
C’est un dément. Il doit aller en prison.
    — Mon Dieu, le petit Gaston. Il
ne respire plus.
    — C’est une brute, un chien
enragé. Abattons-le !
    Maintenant, ils restent à
distance. J’avance et ils reculent. Ils ne veulent plus me pousser ou me prendre
les bras. Je crie encore parce que je ne suis pas bien et je retourne à la
ferme.
    La mère me prend dans ses bras.
    — Mon petit, qu’as-tu encore
fait ? Cette fois-ci, ils vont t’arrêter !
    La mère a peur, alors je crie
un peu parce que je ne suis pas bien.
    — Chut, doucement mon bébé. Je
suis là.
    Je ne connais pas cet endroit.
Il y a du monde partout. Les gens ne nous regardent pas. Ils passent. Il n’y a
pas de champs mais des maisons. Beaucoup de maisons. La mère me tient la main.
Je ne la sens pas mais je la vois. J’aime bien quand la mère me tient la main.
Je sais qu’il ne faut pas que je serre trop parce que, sinon, je lui ferai du
mal. Elle se mettrait à crier. Alors je dis à ma main de serrer doucement et
elle obéit.
    Nous entrons dans une maison
que je ne connais pas. J’ai peur, c’est tout noir. Il y a des animaux, des
animaux partout mais ils ne bougent pas. Ils n’ont pas de peau et ils me
regardent. J’ai peur et je commence à crier. Je vais demander à mes mains de
repousser ces animaux.
    — Ne t’inquiète pas, mon bébé,
je suis là.
    Je vois un homme. C’est le
monsieur. Il me regarde et il parle avec sa voix de tonnerre.
    — Madame ?
    — Monsieur, vous vous souvenez
de moi ? Vous avez soigné mon petit Charles, il y a cinq ans de cela.
    — Charles, je me souviens très
bien oui. Mais… Vous n’allez pas me dire que…
    Il me regarde comme s’il était
étonné. Il met des choses sur ses yeux, de toutes petites fenêtres et il me
regarde encore.
    — Par tous les saints, oui,
c’est bien lui. Mais c’est un colosse.
    — Il mange beaucoup. On a
l’impression que rien ne peut apaiser sa faim. Et puis, il part dans la
campagne. Il marche des lieues et des lieues. Il soulève des pierres. Parfois,
il s’amuse même à briser des arbres, comme ça pour rien. Mais ce n’est plus
possible. Il est trop

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