La Vallée des chevaux
aux paroles pour obtenir l’effet désiré. A un moment
donné, un des participants s’avança au milieu du cercle de ceux qui se
balançaient en frappant du pied et il lança en chantonnant :
— Jondalar est si grand et si fort qu’aucune femme ne lui
résiste. Cherunio est mignonne, mais toute petite. S’il veut l’embrasser, il va
falloir qu’il se plie en deux.
La plaisanterie eut l’effet escompté : tout le monde se mit
à rire à gorge déployée.
— Comment vas-tu faire, Jondalar ? demanda un autre
invité.
— Pas plier en deux, répondit Jondalar en soulevant
Cherunio du sol pour l’embrasser tandis que la foule l’acclamait.
Les pieds battant l’air, la jeune femme le prit par le cou et
l’embrassa à son tour passionnément. Jondalar, qui avait remarqué que certains
couples avaient déjà quitté la fête pour s’isoler dans les tentes ou sur les
nattes placées à l’écart, se dit qu’il n’allait pas tarder à les imiter.
S’ils partaient maintenant, tout le monde se moquerait d’eux.
Jondalar attendit donc que de nouveaux arrivants se joignent au groupe des
chanteurs et des danseurs et que le pas de danse change à nouveau pour quitter
la fête. Poussant Cherunio devant lui, il avait presque atteint les derniers
rangs de la foule massée autour des danseurs quand Radonio fit soudain
irruption devant lui.
— Tu l’as eu pour toi toute seule toute la soirée,
Cherunio, dit-elle. Ne crois-tu pas que le moment est venu de partager ?
Je te rappelle qu’il s’agit d’une fête en l’honneur de la Mère et que nous
sommes censés partager le Don du Plaisir.
Sans attendre la réponse de Cherunio, Radonio s’insinua entre
elle et Jondalar, et, plaquant ses lèvres contre celles du jeune homme, se mit
à l’embrasser. Puis d’autres femmes l’enlacèrent et se mirent à le caresser. Au
début, Jondalar se laissa faire, mais quand une main essaya de s’insinuer entre
les lanières qui fermaient son pantalon, il commença à changer d’avis. En matière
de Plaisir, il tenait à avoir le choix. Il entendit quelques bruits étouffés,
comme si on se battait à côté de lui mais il ne put voir ce qui se passait,
occupé qu’il était à se débarrasser des mains qui tiraient sur son pantalon.
C’en était trop.
Il repoussa brutalement les jeunes femmes qui s’agrippaient à
lui. Quand elles comprirent qu’il ne se laisserait pas faire, elles reculèrent
en minaudant. Brusquement, Jondalar constata que Cherunio n’était plus là.
— Où Cherunio est ? demanda-t-il.
Les jeunes femmes se regardèrent d’un air surpris en poussant de
hauts cris.
— Où Cherunio est ? répéta-t-il.
Et comme, au lieu de lui répondre, les jeunes femmes se
mettaient à ricaner bêtement, il s’avança vers Radonio et lui saisit le bras.
— Nous avons pensé qu’elle devait partager avec nous,
répondit Radonio avec un sourire forcé. Tout le monde a envie du beau et fort Zelandonii.
— Zelandonii envie de personne... Où Cherunio est ?
Le bras de Radonio commençait à lui faire mal, mais elle était
bien décidée à ne pas répondre et elle tourna la tête.
— Envie du fort Zelandonii ? s’écria Jondalar d’une
voix furieuse. Tu vas l’avoir !
Faisant pression sur le bras de Radonio, il l’obligea à
s’agenouiller.
— Tu me fais mal ! dit-elle. Aidez-moi, au lieu de
rester plantées là ! ajouta-t-elle à l’intention des autres jeunes femmes.
Mais ces dernières n’avaient aucune envie de s’approcher.
Lâchant le bras de Radonio, Jondalar la prit par les épaules et la poussa
jusqu’à ce qu’elle s’effondre sur le sol non loin du feu. La musique s’était
tue et les gens regardaient en souriant, ne sachant pas très bien s’il fallait
intervenir ou non. Radonio voulut se lever, mais Jondalar la maintint fermement
par terre.
— Tu veux fort Zelandonii, tu l’as ! lança-t-il. Et
maintenant : dire où est Cherunio.
— Je suis là, intervint Cherunio en s’approchant. Elles me
tenaient et m’avaient mis quelque chose dans la bouche. Elles m’ont dit que
c’était pour te faire une farce.
— Mauvaise farce, dit Jondalar en aidant Radonio à se
lever.
La jeune femme avait les larmes aux yeux et elle frottait son
bras douloureux.
— Tu m’as fait mal au bras ! cria-t-elle.
Réalisant soudain qu’il pouvait très bien s’agir d’une
plaisanterie, Jondalar se dit qu’il ne s’était pas montré à la hauteur.
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