La Vallée des chevaux
vraiment comme un idiot...
Est-ce que Serenio s’était endormie ? Il lui souffla dans
l’oreille. Elle le regarda en souriant tendrement. C’était vraiment une femme
merveilleuse. Pourquoi ne puis-je pas tomber amoureux ? se demanda
Jondalar.
13
Quand Ayla se retrouva aux abords de la caverne, un nouveau
problème se posa à elle. Elle avait prévu de dépecer et de faire sécher la
viande sur la plage comme la première fois. Mais le lionceau blessé ne pouvait
pas être soigné en plein air. Il fallait qu’elle l’installe dans la caverne.
Elle n’aurait aucune difficulté à le transporter là-haut dans ses bras :
il était un peu plus gros et trapu qu’un renard. Mais le renne, c’était une
autre histoire... Les épieux qui servaient de supports au travois étaient trop
écartés pour que Whinney puisse s’engager avec son chargement dans l’étroit
sentier. Et pourtant, il faudrait bien hisser le renne jusque là-haut. Il
n’était pas question de le laisser sur la plage alors que des hyènes se
trouvaient à proximité.
Ayla avait raison de s’inquiéter. Quand elle redescendit de la
caverne, après y avoir déposé le lionceau blessé, les nécrophages étaient en
train de renifler la natte qui enveloppait le renne, en dépit des ruades de
Whinney. Ayla n’attendit pas d’être arrivée en bas pour se servir de sa fronde
et elle fit mouche du premier coup. Surmontant le dégoût que lui inspirait cet
animal, elle saisit la hyène morte par les pattes arrière et alla la déposer de
l’autre côté de la saillie rocheuse. Elle se lava les mains dans la rivière
pour chasser l’odeur infecte que dégageait la bête et rejoignit Whinney.
Tremblante et couverte de sueur, Whinney battait l’air de sa
queue. Elle avait eu tellement peur en voyant les hyènes qu’elle avait tenté de
fuir, mais une des perches du travois s’était coincée entre deux rochers. Elle
était complètement paniquée.
— Tu as eu une dure journée, n’est-ce pas, Whinney ?
dit Ayla en entourant de ses bras l’encolure de la jument, comme elle aurait
serré contre elle un enfant apeuré.
La présence d’Ayla finit par calmer Whinney, elle cessa de
trembler et sa respiration reprit un rythme régulier. Ayla la lâcha et décida
que mieux valait la débarrasser de son chargement, même si elle ne savait
toujours pas comment faire pour transporter le renne jusqu’à la caverne. Après
avoir desserré un des épieux, elle s’aperçut qu’il se rapprochait de celui qui
restait en place, réduisant du même coup la largeur du travois. Son problème
était résolu. Elle bloqua la perche qu’elle avait desserrée le plus près
possible de l’autre et s’engagea avec Whinney dans le sentier. Le chargement
manquait de stabilité, mais la distance à parcourir était très courte.
Le renne pesait à peu près le même poids que Whinney et la
montée était rude : la jument peina pour arriver jusqu’en haut,
fournissant une fois de plus la preuve des services qu’elle pouvait rendre.
Lorsqu’elle s’arrêta en face de l’entrée de la caverne, Ayla la débarrassa de
son harnachement et lui donna une tape amicale. Elle allait pénétrer à
l’intérieur de la caverne quand un hennissement plaintif de Whinney la fit se
retourner.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.
Le lionceau ! se dit-elle aussitôt. Whinney avait senti
l’odeur du félin et n’osait pas la suivre à l’intérieur.
— Tout va bien, Whinney, dit-elle en posant son bras sur
l’encolure de la jument et en la poussant gentiment à l’intérieur. Ce lionceau
ne peut pas te faire de mal.
Ayla s’approcha avec Whinney du petit lion toujours étendu sur
le sol. La jument le renifla, puis elle recula en poussant un hennissement
peureux. Ayla ne l’avait pas lâchée et sa présence était si rassurante que
Whinney, après avoir à nouveau reniflé le lionceau, finit par se diriger vers
son emplacement habituel. Oubliant l’intrus, elle s’attaqua aussitôt au foin
qui se trouvait dans son panier.
Ayla s’approcha alors du lionceau. Sa livrée beige très clair
était marquée de taches légèrement plus foncées. Il semblait tout jeune. Mais
elle était incapable de déterminer son age exact. Les lions des cavernes
hantaient les steppes ; elle avait seulement étudié les carnivores qui
vivaient dans les régions boisées proches de la caverne du Clan. A cette époque-là,
elle ne chassait pas en terrain
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