La Vallée des chevaux
regarda
autour d’elle dans l’espoir de trouver un endroit où le planter. Tout au bout
de la corniche, il y avait un tas de pierres qui s’étaient détachées de la
paroi rocheuse. Elle y enfonça le bout de bois. Il tenait droit mais jamais il
ne pourrait supporter la traction que la viande exercerait sur les cordes.
Malgré tout, Ayla tenait là une idée. Elle alla chercher un panier, descendit
vers la plage et remonta avec un chargement de pierres.
Après quelques essais infructueux, elle découvrit qu’il fallait
qu’elle donne au tas de pierres la forme d’une pyramide et qu’elle utilise un
bâton plus long que d’habitude. Elle fit quelques corvées supplémentaires
jusqu’à la plage pour rapporter plus de pierres, coupa des bâtons à la longueur
voulue et tendit les cordes en travers de la corniche. Avant de se remettre à
découper la viande, elle alluma un petit feu sur la corniche et en profita pour
y griller une épaisse tranche de renne qu’elle mangea aussitôt.
Qu’allait-elle donner à manger au lionceau ? Les bébés
absorbaient la même nourriture que les adultes, se souvint-elle, à condition
que celle-ci soit réduite en bouillie pour qu’ils puissent l’avaler sans avoir
à mâcher. Le mieux, c’était de préparer un bouillon de viande en coupant très
finement des tranches de renne. Et pourquoi ne pas mettre la viande à cuire dans
l’infusion qu’elle venait de préparer ?
Aussitôt, Ayla se mit au travail. Elle coupa la viande en petits
morceaux et la mit à cuire dans l’infusion de camomille et feuilles de
consoude.
Un moment plus tard, quand elle jeta un coup d’œil dans la
caverne, elle s’aperçut que le lionceau était réveillé. Incapable de se
relever, il poussait des miaulements plaintifs. En la voyant s’approcher, il se
mit à grogner et à siffler et essaya de reculer. Nullement impressionnée, Ayla
se pencha vers lui en souriant.
Pauvre petite chose apeurée, songeait-elle. Comme je te
comprends. Ouvrir les yeux et se retrouver dans un endroit qu’on ne connaît pas
et en face de quelqu’un qui ne ressemble pas à sa mère. (Elle approcha sa main
du museau de l’animal.) Ouille ! Tes petites dents sont drôlement
pointues ! Vas-y, ne te gêne pas. Goûte ma main et renifle mon odeur.
Comme ça, tu auras moins de mal à t’habituer à moi. C’est moi qui vais être ta
mère maintenant, car ta vraie mère ne saurait pas prendre soin de toi. Je ne
connais pas très bien les lions des cavernes. Mais cela n’a pas d’importance.
Un bébé est un bébé et j’ai déjà élevé une petite pouliche. As-tu faim ?
Je ne peux pas te donner de lait. Mais je t’ai préparé un bouillon de viande.
Ayla se releva pour aller chercher le récipient dans lequel
avait cuit le bouillon. En refroidissant, celui-ci avait pris une consistance
épaisse qui l’étonna beaucoup. Elle le remua avec l’os qui lui servait de
cuillère et s’aperçut que les morceaux de viande formaient un bloc compact et
gélatineux au fond du récipient. Et soudain, elle comprit ce qui s’était passé
et éclata de rire.
Je comprends pourquoi la consoude est bonne pour les blessures,
se dit-elle. Si elle rapproche l’une de l’autre les chairs déchirées comme elle
a figé ce bouillon autour des morceaux de viande, cela doit en effet faciliter
la cicatrisation.
— Veux-tu un peu de ce bouillon, bébé ?
demanda-t-elle, par gestes, au lionceau.
Elle versa un peu de bouillon gélatineux dans un petit récipient
en écorce de bouleau et le plaça sous le museau du lionceau qui avait réussi à
se remettre debout. Celui-ci recula en sifflant.
Ayla entendit le bruit des sabots de Whinney et, l’instant
d’après, la jument pénétra dans la caverne. Le lionceau était parfaitement
réveillé et comme il bougeait, Whinney s’approcha pour le renifler. Effrayé par
cet animal de grande taille qu’il ne connaissait pas, le bébé lion recula en
grognant et alla se réfugier entre les jambes d’Ayla. Un peu rassuré par la
chaleur de son corps et cette odeur qu’il commençait à connaître, il se blottit
contre elle. Il se passait vraiment de drôles de choses dans cette caverne.
Ayla souleva le lionceau et le posa sur ses genoux. Puis elle
l’entoura de ses bras et commença à le bercer en chantonnant d’une voix apaisante – comme
elle aurait fait pour n’importe quel bébé.
— Tout va bien. Tu vas t’habituer à nous.
Whinney remua la tête et
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