La Vallée des chevaux
de la caverne, avant que
celle-ci s’effondre, et faillit crier pour la prévenir du danger qui la
menaçait.
Les yeux fixés sur l’horizon, il ressentait le même sentiment de
désolation qu’il avait éprouvé lorsqu’il s’était retrouvé tout seul à la fin de
son rêve. Des larmes mouillaient ses joues. Pourquoi ce désespoir ? Que
cherchait-il à découvrir sans y parvenir ?
Il se souvint brusquement de tous ces gens qui portaient des
tuniques brodées de perles et quittaient la caverne. Ayla avait fait cette
tunique pour lui alors qu’elle ne savait même pas coudre. Elle lui avait offert
la tenue de voyage qu’il porterait lorsqu’il quitterait la vallée.
Quitter la vallée ? Quitter Ayla ? Le ciel s’embrasa.
Jondalar ferma les yeux et entrevit une lueur rouge sous ses paupières closes.
Grande Mère ! songea-t-il. Tu n’es qu’un pauvre idiot,
Jondalar Quitter Ayla ? Comment pourrais-tu la quitter ? Tu
l’aimes ! Comment as-tu pu être aussi aveugle ? Pourquoi a-t-il fallu
que la Mère t’envoie un rêve pour t’aider à comprendre une chose aussi
simple ? Une chose à la portée de n’importe quel enfant ?
Jondalar se sentit aussitôt débarrassé d’un grand poids. Il
éprouvait une liberté joyeuse, une légèreté toute nouvelle. Je l’aime ! Ça
y est, je suis tombé amoureux ! Je l’aime ! Jamais je n’aurais pensé
qu’une chose pareille puisse m’arriver ! Et pourtant, j’aime Ayla !
Débordant de joie, prêt à crier son bonheur à la face du monde
entier, il se précipita à l’intérieur de la caverne pour annoncer à Ayla qu’il
l’aimait.
Il retourna sur la corniche, prit une pyrite et un silex et
alluma un feu. Pour une fois qu’il était réveillé avant elle, il allait lui
faire la surprise d’une infusion bien chaude. Il alla chercher de la menthe,
prépara la boisson et revint à l’intérieur : Ayla dormait toujours.
Elle respirait régulièrement, le visage encadré par son
abondante chevelure blonde. Jondalar résista à la tentation de la réveiller.
Pour qu’elle dorme alors qu’il faisait grand jour, elle devait être bien
fatiguée.
Il emprunta le sentier qui menait à la plage, se nettoya les
dents avec une brindille, puis alla nager. Ce bain matinal lui fit du
bien : il se sentait en pleine forme et terriblement affamé. Ils n’avaient
même pas pensé à manger. En se souvenant de la raison de cet oubli, il se mit à
sourire et sentit son membre se redresser.
Il éclata de rire. Tu t’es retenu tout l’été, Jondalar, se
dit-il. Tu ne peux pas reprocher à ton faiseur-de-femmes d’être impatient.
Surtout maintenant qu’il sait ce qu’il a raté. Mais ne la brusque pas. Elle a
peut-être besoin de se reposer. Elle n’a pas l’habitude des Plaisirs. Il remonta
le sentier en courant et se glissa sans bruit à l’intérieur de la caverne. Les
chevaux étaient partis brouter. Ils ont dû quitter la caverne pendant que je me
baignais. Ayla dort toujours. J’espère qu’elle n’est pas malade. Dois-je la
réveiller ? Elle se retourna dans son sommeil, exposant un de ses seins,
ce qui ne fit qu’accroître le désir de Jondalar.
Il réussit à se maîtriser, s’approcha du feu et se servit un
second bol d’infusion. C’est alors qu’Ayla commença à bouger.
— Jondalar ! appela-t-elle en se dressant. Où es-tu,
Jondalar ?
— Je suis là, dit-il en se précipitant vers elle.
Ayla s’accrocha à lui.
— Je pensais que tu étais parti.
— Je suis là, Ayla, répéta-t-il en la prenant dans ses bras
pour qu’elle se calme. Ça va mieux ? demanda-t-il un instant plus tard. Je
vais t’apporter un bol d’infusion.
Ayla prit le bol qu’il était allé remplir pour elle et, après y
avoir trempé ses lèvres, elle lui demanda :
— Qui a préparé cette infusion ?
— Moi, dit-il en s’agenouillant à côté d’elle. Je tenais à
ce que tu puisses boire une infusion chaude à ton réveil. Mais elle est tout
juste tiède.
— Tu as fait ça pour moi ?
— Oui, Ayla. Je n’ai encore jamais dit ça à aucune femme,
mais.... je t’aime.
— Tu m’aimes ? demanda-t-elle. (Elle voulait s’assurer
que le mot qu’il venait d’employer correspondait bien à ce qu’elle osait à
peine imaginer.) Que veut dire « aimer » ?
— Que veut dire.... ! Jondalar ! Espèce d’idiot
prétentieux ! s’écria-t-il en se relevant brusquement. Toi, le grand
Jondalar, l’homme que
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