La Vallée des chevaux
toutes les femmes désirent. Tu as fini par y croire
toi-même. Tu prenais bien garde de ne jamais prononcer ce mot que toutes les
femmes attendaient. Et tu étais très fier de ne l’avoir jamais dit à aucune
femme. Tu as fini par tomber amoureux – et tu refusais de l’admettre.
Il a fallu que Doni t’envoie ce rêve pour que tu t’en rendes compte ! Et
quand tu déclares ton amour à la femme que tu aimes, elle ne sait même pas ce
que ce mot veut dire !
Ayla l’observait alors qu’il faisait les cent pas dans la
caverne en discourant avec lui-même sur l’amour.
— Jondalar, que veut dire « aimer » ?
demanda-t-elle, un peu contrariée qu’il n’ait pas répondu à sa question.
— C’est un mot que j’aurais dû t’expliquer depuis
longtemps, répondit-il en s’agenouillant à côté d’elle. L’amour, c’est le
sentiment qu’on éprouve pour une personne à laquelle on est très attaché. C’est
le sentiment qu’éprouve une mère pour ses enfants ou un homme pour son frère.
Quand un homme dit à une femme qu’il l’aime, c’est qu’il est tellement attaché
à elle qu’il désire partager sa vie et ne jamais être séparé d’elle.
Ayla ferma les yeux et ses lèvres se mirent à trembler.
Avait-elle bien entendu ? Bien compris ce qu’il venait de dire ?
— Je ne connaissais pas ce mot, Jondalar, mais je savais
depuis longtemps ce qu’il signifiait. J’ai compris le sens de ce mot le jour où
je t’ai recueilli et plus je vivais avec toi, mieux je le comprenais. J’ai tant
de fois désiré connaître ce mot pour pouvoir exprimer ce que j’éprouvais. (Ayla
eut beau fermer les yeux, elle ne put s’empêcher de verser des larmes de joie
et de soulagement.) Moi aussi, je... t’aime, Jondalar.
Jondalar la prit dans ses bras et se releva avec elle. Il
l’embrassa tendrement sans la serrer trop fort, comme s’il venait de découvrir
un trésor et qu’il ait peur de le casser ou de le perdre. Ayla entoura sa
poitrine de ses bras pour bien s’assurer qu’elle ne rêvait pas, craignant, si
elle le lâchait, qu’il s’évanouisse comme les images d’un rêve. Jondalar
embrassa son visage mouillé de larmes et quand elle laissa retomber sa tête
contre lui, il enfouit son visage dans sa chevelure dorée pour essuyer ses
propres larmes.
Il était incapable de dire quoi que ce soit. Il ne pouvait que
la serrer contre lui en s’émerveillant de la chance qui lui avait permis de la
rencontrer. Il avait fallu qu’il voyage jusqu’aux confins de la terre pour
trouver une femme dont il puisse tomber amoureux et rien maintenant ne pourrait
les séparer.
— Pourquoi ne pas rester ici ? demanda Ayla. Il y
a dans cette vallée tout ce dont nous avons besoin pour vivre. A deux, ce sera
bien plus facile. Grâce aux propulseurs, nous n’aurons aucun mal à chasser.
Whinney nous donnera un coup de main et Rapide aussi.
Ils marchaient dans la prairie sans but précis. Ils avaient
récolté tous les grains dont Ayla pensait avoir besoin, chassé et fait sécher
suffisamment de viande pour se nourrir tout l’hiver, cueilli et engrangé des
fruits mûrs et des racines, ainsi que toutes les variétés de plantes
nécessaires pour cuisiner et se soigner. Ils avaient même rassemblé toutes
sortes de matériaux dans le but de s’occuper pendant l’hiver. Ayla voulait en
profiter pour décorer des vêtements. Jondalar comptait sculpter des jeux en
ivoire, puis apprendre à jouer à Ayla. Mais pour elle, la seule chose qui comptait,
c’était que Jondalar l’aimât – jamais plus elle ne serait seule.
— C’est une très belle vallée en effet, convint Jondalar.
Pourquoi ne pas rester là avec Ayla ? se dit-il. Thonolan
avait bien choisi de vivre avec Jetamio. Mais ils n’étaient pas tout seuls...
Pendant combien de temps supporterait-il de vivre sans voir personne ?
Ayla avait tenu trois ans. Et ils ne resteraient pas seuls longtemps. Quand
Dalanar avait fondé sa Caverne, il n’y avait avec lui que Jerika et la mère de
sa compagne, Hochaman. Très rapidement, d’autres gens s’étaient joints à eux et
des enfants étaient nés. Ils pensaient déjà à fonder une Seconde Caverne de Lanzadonii.
Pourquoi ne pas fonder une nouvelle Caverne, comme Dalanar ? Ce ne serait
pas une mauvaise idée. A condition que ce soit avec Ayla...
— Tu as besoin de rencontrer d’autres gens, Ayla. Et je
veux que nous retournions ensemble chez moi. C’est un long
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