La Vallée des chevaux
était
couvert de larmes et Son corps secoué par des sanglots. Il voulait La consoler,
Lui dire de ne pas pleurer, mais il était incapable de parler. Il sentit qu’on
le repoussait.
Il se retrouva soudain au milieu de l’immense foule qui
s’écoulait de Ses entrailles, perdu parmi les gens qui tous portaient une
tunique brodée de perles. Il voulait retourner vers la Mère, mais le flot
humain l’entraîna comme un tronc d’arbre charrié par les eaux de la naissance – comme
la Grande Rivière Mère avait entraîné le tronc auquel était accrochée sa
tunique ensanglantée.
Il tordit le cou pour essayer de voir ce qui se passait derrière
lui et aperçut alors Ayla, debout à l’entrée de la caverne. Les sanglots de la
jeune femme résonnèrent dans ses oreilles, puis dans un grondement de tonnerre,
la caverne s’effondra sur elle et il se retrouva tout seul, en train de
pleurer.
Quand il ouvrit les yeux, il faisait toujours nuit. Le feu
allumé un peu plus tôt par Ayla s’était éteint. Le noir était si absolu qu’il
n’était pas certain d’être réveillé. Il ne voyait pas les parois de la caverne,
ne discernait aucun détail de son environnement habituel et avait l’impression
d’être suspendu dans un vide insondable. Les images de son rêve étaient la
seule chose à laquelle il pût se raccrocher. Des pans entiers du rêve lui
revenaient en mémoire et à force d’y réfléchir, il finit par le reconstituer
entièrement.
Quand les ténèbres s’estompèrent et qu’il discerna les contours
de l’ouverture et du trou à fumée, les images qui l’avaient visité dans son
sommeil commencèrent à prendre un sens. Il se rappelait rarement ses rêves,
mais celui-ci s’était imposé à lui avec une telle force, une telle précision
dans les détails qu’il était certain qu’il lui avait été envoyé par la Mère.
Qu’avait-Elle essayé de lui dire ? Si seulement un zelandoni avait été là
pour l’aider à interpréter son rêve !
Lorsque la lumière de l’aube pénétra dans la caverne, il vit le
visage d’Ayla auréolé par sa chevelure en désordre et prit soudain conscience
de la chaleur de son corps allongé à côté de lui. Il avait terriblement envie
de l’embrasser. Mais il se contenta de prendre entre ses lèvres une des longues
mèches blondes. Puis il se leva sans faire de bruit. Il se servit un bol
d’infusion et emporta la boisson sur la corniche.
Dehors, il faisait froid, il frissonna. Pendant un court
instant, il songea aux vêtements en peau qu’Ayla avait fabriqués pour lui. Puis
il chassa cette idée. Il contempla le ciel en train de s’éclaircir à l’est et
la vallée qui émergeait peu à peu de la nuit. Il repensa ensuite à son rêve et
essaya d’en démêler les fils et d’élucider son mystère.
Pourquoi Doni avait-Elle éprouvé le besoin de lui montrer que
toute vie venait d’Elle ? C’était quelque chose qu’il savait, une évidence
ancrée en lui depuis sa plus tendre enfance. Pourquoi dans son rêve lui
était-Elle apparue alors qu’Elle donnait naissance aux poissons, aux oiseaux,
aux animaux à fourrure, aux...
Aux Têtes Plates ! Bien sûr ! Elle avait voulu
lui dire que les membres du Clan étaient aussi Ses enfants ! Pourquoi
personne n’avait-il songé à cela plus tôt ? Si la Mère était créatrice de toute vie, pourquoi les gens du Clan étaient-ils aussi calomniés ? On les
traitait d’animaux, comme si les animaux étaient des êtres malfaisants.
Pourquoi les assimilait-on à des êtres malfaisants ?
Parce que justement ils n’étaient pas des animaux ! Ils
étaient humains, une espèce différente d’êtres humains ! C’était ce
qu’Ayla n’avait cessé de lui répéter.
Il comprenait pourquoi la donii qui avait arrêté le lion dans
son rêve avait le visage d’Ayla – personne ne voudrait jamais croire
qu’elle soit capable de faire une chose pareille et pourtant c’était la vérité,
une vérité plus invraisemblable encore que son rêve. Mais pourquoi son ancienne
donii avait-elle, elle aussi, le visage d’Ayla ? Pourquoi la Grande Terre
Mère en personne lui était-Elle apparue sous les traits d’Ayla ?
Jondalar savait qu’il ne comprendrait jamais toute la
signification de son rêve et il sentait qu’une part importante de celui-ci lui
échappait complètement. Repensant aux dernières images qui l’avaient visité
dans son sommeil, il revit Ayla, debout à l’entrée
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