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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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visage de Huc lui apparut, tel qu’en son souvenir. Le prévôt avait vieilli, sa chevelure blanche en témoignait, de même que ses rides profondes, mais l’œil était vif et l’allure de même. Philippus comprit à son regard qu’il ne le reconnaissait pas.
    —  De fait, je vous cherchais, il est vrai.
    Huc écarquilla les yeux et recula d’un pas, figeant sur les lèvres de Philippus l’explication qu’il s’était donné le temps de trouver depuis Montguerlhe.
    —  Cette voix, cet accent ! Par ma foi, messire, seriez-vous celui que je crois ?
    —  Que croyez-vous ?
    —  Qu’autrefois un médecin se perdit dans la bourrasque jusqu’en ces terres et s’y retrouve ce jourd’hui, bien changé d’allure il est vrai.
    —  En ce cas, vous croyez bien, affirma Philippus.
    Huc avança vers lui une main franche.
    —  Soyez le bienvenu à Vollore… Philippus von Hohenheim, si mes souvenirs sont exacts ?
    —  Ils le sont. On me nomme Paracelse désormais, répondit Philippus en saisissant la main amie.
    Quelques secondes après, entraînés par l’élan spontané d’un lourd secret, ils s’étreignirent en une accolade fraternelle. Puis Huc s’écarta de lui et appela.
    —  Bénédicte, holà ! Nous avons un invité. Fais préparer collation en cuisine et une chambre !
    —  Il me faut auparavant saluer la dame de ce lieu, s’empressa Philippus.
    Huc le regarda avec curiosité.
    —  Que savez-vous de François de Chazeron ce jourd’hui, ami ?
    —  Rien que ce que le temps m’en a laissé, hélas ! J’avais le souhait de rencontrer votre épouse et l’espoir d’entrevoir Marie de Chazeron, ajouta Philippus qui ignorait ce qu’Albérie avait précisément avoué à son époux.
    Huc appliqua un doigt sur sa bouche pour lui intimer le silence. Dans la pièce, une porte venait de s’ouvrir et une jouvencelle apportait une miche de pain et une terrine de lapin, suivie d’une autre qui portait jambon et vin, et d’un jouvenceau encore, bras chargés d’un plateau odorant de fromages de brebis, de fruits et de couverts.
    Ils dressèrent une table en silence, surpris sans doute qu’on les regardât faire sans mot dire, puis Huc ordonna comme ils sortaient :
    —  Qu’on ne nous dérange pas avant mon ordre. Sous aucun prétexte !
    La jouvencelle acquiesça en rougissant un peu, puis la porte les isola du reste de la maisonnée.
    —  Assieds-toi, mon ami, et régale ta panse. Je vois à ta mise que le hasard ne t’a point été favorable et ce que j’ai à te dire peut se faire en mangeant.
    Philippus s’en félicita. Sans faire de manières, il trancha le pain et piqua le couteau dans la terrine.
    —  Pour tous, Albérie est défunte, de même que l’enfant, conclut Huc, une fois son récit achevé.
    Philippus se demanda s’il devait s’en réjouir ou s’en plaindre. Il avait eu envie de revoir sa fille, il découvrait que la situation dans laquelle il l’imaginait n’existait pas et qu’il ne tenait qu’à lui de donner un sens à ses rêves.
    —  Savez-vous où elles se trouvent ?
    —  Hélas, Paris est grand. Tant d’années ont passé. Pas une fois je n’ai reçu de leurs nouvelles. Y sont-elles seulement parvenues ? Les brigands sont nombreux sur le chemin, même si la louve les aurait fait fuir.
    —  Je trouve curieux que cet animal les ait suivies. Ce n’est pas le comportement habituel de ces bêtes. Elles appartiennent à une meute et sont solidaires d’elle.
    Huc hocha la tête.
    —  J’ignore quelle place elle aura trouvé auprès d’elles, mais Marie y semblait très attachée. Elles paraissaient complices toutes deux. De fait, cela m’a rassuré de la savoir sur leurs traces. Elle avait un étrange regard. Oui, un étrange regard.
    Philippus avala une rasade de vin. Il n’était pas surpris quant à lui de l’attachement de Marie aux loups. Elle avait baigné dans leur odeur, dans leurs cris, dans leurs grognements au travers des émotions de sa mère pendant la grossesse.
    C’était une autre de ses théories. Il était persuadé que l’environnement d’une femme pendant cette période influençait les sentiments, les rejets, les affinités de l’enfant après sa naissance.
    —  Qu’est devenue Antoinette de Chazeron ? demanda-t-il enfin, sortant de ses pensées.
    —  Elle s’est retirée dans un couvent après les funérailles de Marie. Elle s’y trouve encore. Je le regrette. C’était une noble dame. Elle

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