Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
persuadé que leur désaccord était cause de maux, l’antimoine et le vif-argent pour leur incidence alchimique.
    Des éléments qu’Isabeau avait utilisés dans la préparation initiale de l’alkaheist. Philippus expliqua à Marie qu’ils entraient aussi dans la composition de la numie, ce baume qu’il avait créé et qui avait guéri ses plaies vaginales.
    Il lui raconta qu’à l’aide de la potion fabriquée à partir du cerveau, des viscères et du sang du monstre engendré par Isabeau, il était parvenu à créer des homuncules, petits êtres vivants à l’image humaine, sans sexe, sans pesanteur véritable, qu’il lui montra, conservés dans des bocaux. Ils avaient vécu quarante jours dans la décoction de mandragore puis avaient cessé de gesticuler et de vivre.
    Isabeau était arrivée de son côté au même résultat. Peut-être y avait-il là autre chose que du hasard. Ni l’un ni l’autre n’avaient su comment les utiliser plus avant.
     
    Septembre s’avançait, ourlé de froid dans cette région montagneuse d’Autriche. Cela faisait presque une année qu’elle avait quitté l’Auvergne, mais les nouvelles leur parvenaient régulièrement, rassurantes. Tous se languissaient d’elle, mais Constant restait ferme dans ses courriers, insistant sur le fait qu’il s’appliquait efficacement à son rôle et qu’elle devait accomplir le sien pour pouvoir enfin offrir à cette terre tout ce qui lui manquait. Marie s’en réconfortait et lui répondait en retour toute la force de sa conviction, toute celle de son amour pour lui et pour les enfants. Grâce à cette constance, elle éprouvait seulement au quotidien une nostalgie sereine et constructive.
    Un feu brûlait gaillardement dans la cheminée, devant laquelle Ma reposait, sa belle tête sur ses pattes de devant, sur une paillasse propre. En dévorant de bel appétit une large tranche de pain trempée dans du lait chaud, Marie n’avait de cesse de la regarder, s’efforçant d’imaginer sous le masque la femme qu’elle serait devenue.
    —  Elle ressemblait terriblement à Isabeau, confia Philippus comme s’il avait pu lire dans ses pensées.
    —  Crois-tu qu’elle a vieilli de même ?
    Philippus prit dans sa main boudinée celle de sa fille qui reposait le bol, un sillon crémeux autour des lèvres.
    —  Nous le saurons bientôt, Marie.
    —  Parfois, je me demande si cela a encore une importance, répondit la jeune femme. Elle semble heureuse et nous le sommes aussi.
    Philippus soupira et Marie insista :
    —  N’est-ce point le cas ?
    —  Si fait, ma fille. Si fait. Mais ce bonheur tient à ces recherches. Elles nous ont unis, nous portent de même. Tes enfants te manquent comme tu m’as manqué si longtemps. Je voudrais te rendre à eux. Je voudrais te rendre à elle.
    —  J’ai eu la plus merveilleuse des mères. Je ne regrette pas ce qu’elle m’a donné.
    —  Je le sais, mais égoïstement, je ne peux m’en satisfaire. Je perçois sa souffrance, à ne pouvoir me livrer que cette image. Je pourrais m’en contenter. Pas elle.
    —  Je comprends et n’ai pas renoncé, père.
    Ils achevèrent leur petit-déjeuner en silence. Ma semblait dormir, indifférente à leur chuchotement, mais Marie savait qu’elle n’avait rien perdu de leur échange. Pour se distraire, elle ramena une question qu’elle avait souhaité poser plus d’une fois.
    —  D’où te vient ce surnom de Paracelse ? Isabeau prétendait que Michel de Nostre-Dame te l’avait donné le premier.
    —  C’est vrai. Cela signifie « près du ciel » dans un mélange de grec et de latin, cela m’a amusé, d’autant que la traduction française de mon nom de famille signifie « la maison haute ». Après avoir quitté Michel, la première fois, j’ai voulu y voir une référence à Aulus Cornélius Celsus dont le « para » en grec me disait l’égal.
    —  Qu’avais-tu de commun avec ce médecin du siècle d’Auguste ? S’amusa Marie.
    —  Pur orgueil, répliqua Philippus en haussant les épaules. La flatterie m’a plu sur le moment. Plus tard, j’ai associé ce surnom au thème astral que Michel avait tracé. Mon destin était peut-être dans cet arcane. En fait, je n’ai pas d’explication.
    —  Rien n’est hasard, père. Peut-être inconsciemment t’es-tu rapproché d’une vérité tollue {9} .
    —  C’est possible. Je possède ici l’ouvrage de Celsus : De arte medica, libris VIII, sur la médecine et

Weitere Kostenlose Bücher