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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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monde un fils, si gros qu’elle eut le sentiment qu’on lui déchirait le bas-ventre. Il fut prénommé Philibert et s’avéra insatiable de tétée.
    Constant le trouvait magnifique et claironnait partout qu’il l’avait gaillardement fait. Gasparde, elle, le trouvait détestable, même s’il l’attendrissait lorsqu’il dormait dans son berceau. De fait, elle aurait préféré garder pour elle seule cette mère à peine retrouvée. Marie sentait combien la mort de Huc, celle de Noirot dont elle avait fait son compagnon privilégié, et les circonstances de cette agression l’avaient perturbée. Elle s’appliqua de son mieux à la rassurer et à lui accorder toute l’affection et la tendresse qu’elle attendait. Sans toutefois s’empêcher d’imaginer le déchirement qu’elle lui causerait à son prochain départ.
    Pourtant, sa décision était prise. Constant l’avait approuvée. Quelque chose en elle, une sorte d’intuition féroce lui donnait à croire que le temps désormais était venu. Elle ne voulait pas que le sacrifice d’Isabeau fût vain, que sa vie entière ait pu n’être qu’une fuite plus avant dans le malheur. Il fallait que tout cela ait un sens. Et ce n’était qu’en sauvant Albérie et Ma qu’elle le trouverait.
    Elle resta alitée deux semaines, jusqu’à ce que sa chair meurtrie par l’accouchement fût rétablie. Ensuite, au milieu du mois d’octobre, indifférente aux affaires de la France et du reste du monde, elle confia ses enfants une nouvelle fois, embrassa Constant avec tendresse, promit à Gasparde qu’elle reviendrait bientôt et s’en fut avec en elle la certitude qu’un cycle s’achevait.
     
    Marie atteignit le Saint Empire romain germanique à la mi-décembre 1540, avec trois hommes d’escorte. Malgré le confort de sa voiture qu’on avait agrémentée de coussins et de fourrures, ses cicatrices l’obligeaient à de fréquentes haltes et demeurer assise lui coûtait. Il fallut braver, outre sa douleur, le mauvais temps qui s’était installé et ralentissait la progression. Les chemins étaient bordés de neige ou de verglas, on s’y croisait avec précaution et souvent une ornière brisait un essieu. À mi-chemin, on dut même abattre un des chevaux qui s’était fracturé une jambe dans un trou plus profond que d’ordinaire, masqué par l’abondante poudreuse, et Marie dut attendre plusieurs heures qu’un des gardes en ramène un du relais suivant.
    Elle parvint épuisée à Salzbourg, espérant que Philippus s’y trouvait toujours depuis sa dernière lettre. Il lui avait affirmé qu’il attendait sa visite avec impatience. De fait, lorsque sa voiture aux armoiries des Chazeron s’arrêta devant le logis à colombages, à l’adresse qu’il lui avait donnée, son cœur battait plus fort que jamais.
    Elle frappa. La porte s’ouvrit sur Paracelse, si vieilli qu’il en était méconnaissable.
    —  Marie ! Jubila-t-il en l’attirant à l’intérieur.
    Elle se retrouva enlacée avec tendresse. Au même instant, un choc puissant lui plia les épaules. Et Marie saisit dans sa main la patte velue de Ma qui, comme autrefois, s’était précipitée contre elle. Une langue râpeuse lui balaya l’oreille et Marie éclata d’un rire joyeux et béat. L’instant d’après, elle s’effondra inanimée, vaincue par la fatigue et l’émotion.
    Elle s’éveilla avec le sentiment d’émerger d’un mauvais rêve. Elle se trouvait dans une chambre tendue de tapisseries colorées et le ciel de lit était parsemé d’une myriade d’étoiles. S’étirer lui arracha un gémissement. Son entrejambe tiraillait.
    Ma dressa une oreille et sauta sur le lit pour s’allonger à ses côtés. Marie tourna sa tête vers le museau de la louve et lui sourit.
    —  Ma, murmura-t-elle. Quel bonheur de te retrouver.
    Au même moment, la porte s’ouvrit et Philippus entra, un gobelet entre ses mains ridées. La voyant éveillée, il s’assit à son chevet sur le lit et gronda :
    —  Quelle belle frayeur tu nous as faite, ma fille !
    —  Je ne comprends pas, mentit Marie.
    —  Tes relevailles n’étaient pas achevées lorsque tu as quitté Vollore. L’enfant t’a déchirée, les plaies étaient profondes.
    —  C’était refermé, plaida-t-elle.
    —  Croustelevé serait plus juste, rectifia Philippus.
    Marie avoua :
    —  Soit. Mais je ne souffrais qu’à peine. Je pensais que cela finirait de se guérir en chemin.
    —  Elles se sont

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