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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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que fortuitement, et ce qui est fait ne peut-il être défait.
    —  C’est contraire àtoute logique et théorie, insista Marie en puisant une large ration de légumes. Ne t’ai-je point entendu dire que la matière est une et susceptible d’évolution ?
    —  Je le crois toujours. Sans détenir aucune certitude.
    —  Peut-être tes connaissances te sont-elles si évidentes que tu ne vois pas distinctement celle qui mène au but recherché. Père, on se gausse de tes théories et cependant elles guérissent, preuve qu’elles sont cette vérité.
    —  Elles sont la continuité de celles d’Isabeau et de Loraline.
    —  Alors, elles en sont la clé. Ensemble nous la trouverons. J’ai beaucoup appris durant ces années moi aussi. Nous allons repartir de la base. Ensemble. L’argent ne me manque pas pour achever ce qui fut commencé.
    —  Mon père est mort en septembre 1584. Je n’étais pas venu dans cette maison qu’il m’a léguée avant que tu écrives pour annoncer ta visite. Je voulais que tu t’y sentes chez toi, avoua Philippus. Je voulais ce foyer que je n’ai pas su vous donner, à ta mère et à toi.
    —  Il n’est pas trop tard, père. Tu le sais et je le sais aussi.
    Marie posa une main entre les oreilles de la louve.
    —  Dieu m’est témoin, affirma-t-elle, que tu reverras le visage de ma mère tout comme je le verrai.
    —  Puisse-t-il t’exaucer, Marie ! Puisse-t-il t’exaucer !
     
    La semaine suivante, Philippus montrait à Marie la pièce aux caissons d’alchimie qu’il avait installée au premier, à côté de sa chambre. Et elle renvoya à Vollore les hommes qui l’avaient escortée. Elle se méfiait toujours d’une riposte éventuelle de Catherine de Médicis et préférait savoir la garde au complet auprès de ses enfants.
    Elle était persuadée que son père avait écrit quelque part dans un de ses traités ou de ses notes une phrase-clé, quelque indice inconscient qui leur permettrait de trouver la solution. Elle se plongea donc dans leur lecture, puis les parcourut de nouveau jusqu’à les connaître par cœur tandis qu’il faisait l’inventaire de toutes les maladies, de leurs causes et des médications qu’il avait découvertes.
    Cela dura jusqu’au printemps 1541. Sans cesse des phrases venaient cogner la nuit aux portes de ses rêves, parfois elles se mélangeaient, devenaient confuses, perdaient leur sens, mais Marie les absorbait, les distillait. Plus sûrement que ne l’aurait fait l’athanor qui grondait.
    « Tout est poison, rien n’est poison, tout est question de dose. La maladie naît de la santé et la santé naît de la maladie. C’est pourquoi il faut connaître non seulement les origines de la maladie, mais encore les réparations de la santé », chantaient les écrits dans sa tête. « Les maladies proviennent de la transmutation. Tout ce qui est transmuté, transmute-le toi aussi et prends garde en cela que les anatomies concordent réciproquement. Ensuite, si les maladies surviennent, aie soin de disposer celles-ci dans l’une et l’autre transmutation. C’est ainsi que les recettes doivent être établies et composées, en apportant la plus grande attention à la préparation des remèdes, à la puissance, au temps et à l’heure, à la propriété et à tout ce qui s’y rapporte. »
    Au mois de juin 1541, Marie n’avait retenu que ces phrases, si violemment ancrées en elle qu’elle était certaine de leur importance. Philippus se rangea à son avis. Ils étaient devenus si complices au fil des mois qu’il leur suffisait d’un regard pour se comprendre. Leur amour commun pour la louve qui ne les quittait pas et les guidait de son propre instinct les confortait dans leur espoir fou. À lui seul, il représentait une victoire sur l’absurdité d’un monde égoïste et étroit. Pour lui donner plus de sens encore, Philippus étala devant eux l’étrange thème astral que Michel de Nostre-Dame lui avait établi. Ce thème qui, en reliant chaque étoile, composait l’image d’une louve au pendentif d’or. Ensuite, ils se penchèrent sur le tableau qu’il avait rédigé des différents maux. Puis étudièrent leur concordance, retrouvant çà et là des éléments communs au thème astral et aux planches anatomiques d’Isabeau : là le Soleil qui avait une action sur le cœur, puis la Lune sur le cerveau, Mars sur la bile et Vénus sur les reins. Le mercure, le sel et le soufre dont Paracelse était

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