Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
s’ouvrit et deux gardes surgirent en criant à Chazeron de s’écarter. Philippus n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait. Il se sentit projeté en avant au moment même où le coup de feu partit. Il dévala les degrés, s’écroula sur la terre battue et reçut une masse geignante sur son ventre.
    —  Ma ! hurla Marie.
    Défaites, Isabeau et Albérie semblaient pétrifiées par la soudaineté et la violence de l’action. D’un geste vif, Marie échappa à Chazeron et s’agenouilla au chevet de ces deux corps enchevêtrés sur lesquels s’élargissait une tache écarlate.
    Hébété, Philippus se voyait entouré d’hommes d’armes, la louve couchée sur lui. Elle ne gémissait plus, dardait seulement dans le sien son regard d’émeraude, poignant de tendresse.
    —  Ma… murmura Marie.
    La louve grise lui lécha la main pour la rassurer.
    —  Elle vous a sauvé, dit-elle à Philippus, les joues ruisselantes de larmes. Pourquoi ? Ma, pourquoi ?
    —  Je suis ton père, Marie, osa Philippus la gorge nouée dans un murmure, retenant sa respiration pour s’assurer des battements de cœur de Ma, lourds et réguliers.
    Marie caressa le col de Ma avec tendresse. Quand François écarta ses hommes pour se saisir d’elle, elle chuchota pour Philippus seul :
    —  Alors sauvez-la ! Sauvez ma mère…
    Philippus noua ses bras autour du cou de la bête et regarda François qui entraînait Marie dans son sillage en clamant :
    —  Nous sommes quittes, Isabeau ! Ne te mets plus en travers de mon chemin. Ou comme cette louve tu mourras.
    Deux gardes assurant ses arrières, il s’enfonça dans le boyau avec Marie. Lorsqu’ils eurent disparu, Isabeau se précipita vers les deux corps enlacés. Philippus n’osait bouger, le nez perdu dans sa fourrure, leurs larmes mêlées d’une tendresse éperdue.
    —  Est-elle… ? S’enquit Isabeau le cœur déchiré.
    Avant que Philippus ait pu répondre, Ma leva une patte et la posa sur la main qu’avançait Isabeau.
    —  Tout ira bien, je suis là, murmura-t-elle à son tour. Etes-vous blessé ? demanda-t-elle à Philippus, d’un ton beaucoup plus rude.
    —  Non, pas comme vous l’imaginez.
    —  Alors ne bougez pas. Je dois m’assurer qu’il n’y a pas de risque à déplacer Ma.
    —  Prenez le temps qu’il vous faudra.
    Il ne comprenait pas, il ne comprenait plus. Il laissa Isabeau examiner la profondeur de la blessure de la louve. Il ne voyait pas où elle avait été touchée dans sa propre posture. Il percevait seulement sa souffrance, même si le regard émeraude brûlait d’un feu ardent. Le même qu’hier dans celui de Loraline. Il sentait la croix d’or ciselée marquer sa poitrine au travers de sa chemise. Tout était confus. Désespérément.
    Il s’était présenté avec Calvin au logis d’Albérie, était entré selon l’habitude consentie aux luthériens, sans attendre de réponse. Des voix les avaient guidés vers l’escalier de la cave qui s’ouvrait dans la cuisine. Philippus avait eu tôt fait de reconnaître celle de Chazeron mêlée aux suppliques de Marie.
    Il avait sorti cette espingole, saisie il y avait longtemps déjà sur un champ de bataille pour couvrir sa propre retraite et qu’il portait toujours, cachée sous son mantel.
    Calvin était resté en retrait, plus téméraire dans ses discours qu’en ses actes, et Philippus avait décidé d’intervenir.
    À présent, tout était nébuleux en lui. Son regard, d’un mouvement, avait reconnu Loraline et Albérie qui sacrifiaient Marie à ce monstre contre son gré. Il ne comprenait pas. Saisissant à peine que celle qu’il avait prise pour Loraline n’était qu’une autre, abusé par la foudroyante ressemblance. Tandis que contre sa chair, celle qu’il aimait se mourait. Derrière l’odeur de la bête, c’était celle de Loraline qu’il retrouvait. Cette odeur particulière entre femme et louve qui l’avait submergé de désir et d’amour tant de fois dans la grotte de Montguerlhe.
    Albérie et Constant s’avancèrent à l’appel d’Isabeau. Le jouvenceau s’était réfugié dans les bras de sa tante et pleurait à gros sanglots.
    —  Elle perd beaucoup de sang mais aucun organe vital n’est touché. Il faut extraire la balle. Vous êtes chirurgien, je crois, lança Isabeau à Philippus, vous m’assisterez. À mon signal, ordonna-t-elle à ses comparses.
    Jean Latour qui venait de reparaître glissa lui aussi ses mains sous le

Weitere Kostenlose Bücher