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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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laissèrent tomber sur un banc de bois appuyé contre un mur. Tous les quatre.
    Constant dormait depuis longtemps, recroquevillé en boule dans la pièce attenante. Calvin avait jugé bon de retourner chez lui, non sans avoir prévenu les gueux et les réformés que les hommes de Chazeron avaient forcé leur repaire et qu’il valait mieux ne pas se regrouper avant nouvel ordre.
    Albérie ferma les yeux et s’adossa à la muraille. Elle était fourbue, fourbue mais satisfaite. Ma dormait encore, le souffle régulier. Isabeau et Philippus ne parvenaient pas à détacher leur regard de cette table de bois où le sang commençait à coaguler.
    —  Vous avez fait du bel ouvrage, Isabeau, lâcha-t-il sincère.
    Isabeau tourna vers lui un visage aux yeux cernés, zébré par endroits encore d’un rouge noirâtre.
    —  Vous aussi, mon ami… Compte tenu de votre sotte intervention.
    —  La vengeance était à votre portée, répondit-il. Je ne comprends pas. Que va-t-il advenir de Marie ?
    Isabeau eut un sourire franc.
    —  Ne vous inquiétez pas pour elle. Cette scène à laquelle vous avez assisté était montée de toutes pièces. Nous savions que Chazeron avait posté des hommes autour de la porte du Temple. Rien n’échappe aux gueux, même si nul ne les voit. Le passage ne s’ouvre de l’extérieur que par une manœuvre habile que les soldats n’auraient pu reproduire dans l’obscurité. Jean est retourné leur ouvrir et s’est ingénié à les guider.
    —  Pourquoi ?
    —  Il fallait que Chazeron s’imagine emmener Marie contre son gré. C’était le seul moyen pour qu’il ne se doute de rien. Il va la conduire à Vollore.
    —  Et ensuite ?
    —  Ensuite ? Ensuite, il mourra.
    Philippus laissa échapper une grimace sceptique. Isabeau posa sur son avant-bras une main chaleureuse.
    —  Moi-même j’ai douté devant l’audace de cette intrigue, mais Marie m’a convaincue. Je me demandais hier encore de qui elle avait hérité cette persévérance, ce courage, en me disant que le sang de François de Chazeron en était peut-être à l’origine. Je me trompais. Elle ressemble à son père assurément. Je vous prie de me pardonner, Philippus. Sans mon égoïsme, sans ma folie, vous auriez élevé cette enfant avec Loraline et l’ordre des choses nous aurait tous rendus heureux.
    —  Comment avez-vous deviné qui j’étais ?
    —  Comme vous, Ma était sur le qui-vive, tapie dans l’ombre, prête à intervenir si Chazeron tentait de faire du mal à Marie. Puis vous avez surgi et elle vous a plaqué au sol pour vous sauver. Je ne connaissais pas votre nom, Albérie l’a murmuré en s’effarant de la scène, donnant une réalité à mon sentiment. On ne sacrifie pas sa vie sans raison. Ma est un animal, son instinct de survie est plus fort encore que celui des humains. Si vous doutiez de l’amour de ma fille, preuve vous a été donnée que seule son apparence a changé.
    —  Elle m’importe peu. J’ai été abusé par votre ressemblance, j’ai cru que, comme pour Albérie, la transformation était périodique. Jamais je ne l’aurais exposée, si j’avais su.
    —  Elle vivra.
    —  N’existe-t-il pas un moyen de lui rendre son véritable visage ?
    —  Hélas ! Croyez-vous que j’aurais accepté mon destin si cela était ? répliqua Albérie avec une pointe de sarcasme.
    Philippus tourna le visage vers elle. Elle n’avait pas ouvert les yeux. La tête renversée contre le mur, elle semblait dormir.
    —  Pourquoi m’avoir menti ? Je ne l’aurais jamais abandonnée.
    —  Elle ne voulait pas vous condamner à vivre en reclus auprès d’une bête, comme elle l’avait fait avec Cythar des années durant. Vous n’étiez plus du même monde. Elle vous aimait.
    —  Tout cela est de votre faute. Si vous m’aviez autorisé à l’emmener quand il était temps… jeta-t-il malgré lui.
    —  Ce n’est pas si simple, Philippus, objecta Isabeau. Croyez-moi. Il m’a fallu réapprendre à vivre pour m’apercevoir que j’aimais Loraline, que j’avais eu tort de lui laisser croire à ma mort. Je voulais aiguiser sa haine, que Chazeron meure de la main même de celle que sa cruauté avait engendrée. Seule cette pensée me donnait la force d’affronter le jour suivant. Lorsque je tenais ma fille sur les genoux, je l’imaginais comme une arme impitoyable qui me laverait sans remords de l’injure de son géniteur. Je n’avais pas compris, jusqu’à ce que je

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