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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sois séparée d’elle, qu’elle n’était rien d’autre qu’une enfant. Mon enfant. Lorsque je suis revenue pour tenter de réparer mes erreurs, il était trop tard. Alors ma sœur m’a menti, à moi aussi. Je n’ai découvert la vérité sur Marie, Ma et vous-même que tout récemment. Sur l’instant, j’en ai voulu aussi à Albérie de m’avoir tenue loin des miens. Aujourd’hui, je sais qu’elle a eu raison. J’ai passé ces dernières années à me reconstruire. L’aurais-je pu de la même manière en croisant le regard de Ma au quotidien ? Aurais-je pu rire sans me condamner pour ma faute ? Aurais-je pu me pardonner assez pour faire face à Chazeron ? Ma et moi nous nous sommes découvertes différemment grâce à mon ignorance. Elle a su comprendre mes erreurs. Elle a su me pardonner. Je n’ai pas engendré un monstre, Philippus, elle a été conçue dans l’horreur, la perversité, et cependant elle porte en son âme la plus généreuse et belle des lumières. Grâce à l’amour sans doute dont vous l’avez bercée.
    —  Je me suis si souvent perdu sans elle, avoua-t-il, ému de la confidence d’Isabeau.
    —  Chazeron va payer, Philippus.
    —  Cela ne me suffit pas, dame Isabeau. Dieu m’est témoin que ce savoir acquis au fil des ans ne l’aura pas été en vain. J’y consacrerai le restant de ma vie s’il le faut, mais je lui rendrai son apparence. Je vous rendrai votre fille, Isabeau, et je ferai d’elle mon épouse. Je vous en fais serment.

9
     
     
    Huc de la Faye s’émerveilla lorsque, à la suite de son seigneur, Marie descendit de voiture. Ses paupières étaient gonflées et des marques rosées, laissées par la manche de sa gorgerette sur laquelle elle s’était assoupie, lui marbraient le visage, mais elle demeurait si jolie qu’on eût dit un bouton de rose. Marie ouvrit un œil curieux sur l’imposante bâtisse mais davantage encore sur lui. Huc se contenta d’une révérence. Il avait espéré que Philippus retrouverait Marie le premier ; puisque visiblement ce n’était pas le cas, il lui faudrait mourir pour avoir trahi son maître. Il s’y était préparé dès réception du courrier de François. Fort de cette certitude, c’est avec le regard droit et fier qu’il toisa Chazeron en se redressant.
    —  Antoinette-Marie, voici mon prévôt, Huc de la Faye, jeta François, l’air mauvais.
    —  Etes-vous l’époux de tante Albérie ? demanda aussitôt Marie en s’avançant vers lui, souriante.
    Huc sentit son cœur se serrer à l’évocation de sa femme. Il hocha la tête et ajouta d’une voix troublée par l’émotion :
    —  Je vous souhaite la bienvenue chez-vous, damoiselle Antoinette-Marie.
    —  Conduis-la à Bénédicte, qu’elle lui donne une chambre, lui prépare un bain, et fasse monter ses malles. Ne traîne pas. Nous avons à parler.
    Le ton était froid, cassant. Huc s’en moqua. Mourir lui était égal depuis longtemps. Sa seule inquiétude était Marie. Il arrondit élégamment son coude et lança :
    —  Accepterez-vous mon bras, damoiselle ?
    —  Parbleu, Huc, s’exclama Marie en riant, vous êtes un vrai chevalier. Je ne peux en dire autant de certaines personnes, ajouta-t-elle en jetant à François de Chazeron une œillade méprisante.
    Il ne la releva pas et les regarda pénétrer dans le castel en ruminant sa rage. Avant longtemps cette petite peste serait mariée à un généreux parti. Il n’avait plus besoin d’intendant pour Vollore. Il était temps de se débarrasser de Huc de la Faye. Résolument, il leur emboîta le pas pour donner ses ordres aux domestiques.
    —  Accompagnez-moi, Huc, demanda Marie comme l’intendante voulait l’entraîner vers un escalier de pierre.
    —  Votre père m’attend, objecta-t-il sans conviction.
    —  Eh bien, il attendra ! Allons !
    Elle lui tendit une main franche et Huc la suivit sous l’œil réprobateur de Bénédicte. Elle ne dit mot pourtant. Elle appréciait davantage le prévôt que son maître.
    —  Laissez-nous, Bénédicte, mon père veut que vous me fassiez préparer un bain. Et de fait j’en ai grand besoin. Allez !
    —  C’est que, damoiselle, il n’est pas bienséant de rester…
    —  Dehors ! ordonna-t-elle gentiment avec une moue déterminée. J’apprendrai dès demain les manières qu’on m’imposera. Pour l’heure, mes souhaits sont des ordres, Bénédicte.
    —  Bien, damoiselle.
    La porte se referma sur son visage

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