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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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alors sa fille n’était pas loin. Calvin n’avait rien voulu lui dire, il l’avait seulement conduit à Nostre-Dame en affirmant que seul il ne pouvait décider de raconter ce qu’il savait. Cela n’avait réussi qu’à intriguer Philippus davantage encore. À présent, il se sentait rassuré. L’heure approchait. Il ne questionna pas davantage Jean qui s’était retranché dans un mutisme prudent. Pour détendre son nouvel ami et s’appliquer à passer le temps, il lança d’une voix guillerette :
    —  Et si nous parlions de ce vieil Erasme ?
    Le visage de Jean Calvin s’éclaira aussitôt et, tandis qu’il entraînait Philippus vers une taverne, celui-ci se conforta dans l’idée que la nuit serait belle.
     
    L’orage menaçait au-dessus de Paris. Parfois, de longs éclairs criblaient la nuit d’encre de spasmes grimaçants, révélant les silhouettes encapuchonnées qui se tenaient contre le pilier de soubassement de la porte du Temple.
    Refusant qu’elle s’exposât, Jean avait accompagné Isabeau. La lame au fourreau mais une main serrée sur son poignard discrètement niché contre son flanc, il attendait Chazeron de pied ferme.
    Celui-ci arriva comme les premières gouttes tombaient. Il semblait seul, aussi loin que pouvait porter le regard, mais Isabeau ne s’y fia pas. Elle avait habitué ses yeux à voir et ses sens à percevoir bien au-delà de l’ombre. François de Chazeron descendit de cheval avec une belle prestance et se présenta devant eux à visage découvert.
    Isabeau ne souriait pas, fidèle à l’image qu’elle s’était créée la veille. Elle lui tendit seulement un bandeau noir.
    —  Que veux-tu que j’en fasse ?, ironisa Chazeron.
    —  Il est ma garantie que vous ne reviendrez pas épurer notre cachette. Si vous voulez revoir Antoinette-Marie, vous devez respecter ces contraintes.
    —  Soit, puisque tu aimes le risque et le jeu, persifla-t-il d’un ton égrillard, je saurai te le rappeler, crois-le !
    —  Ce ne sera pas nécessaire, Chazeron, j’ai bien assez de mémoire, répliqua-t-elle sans se laisser distraire.
    François lui offrit un sourire carnassier puis noua l’étoffe autour de son front.
    —  Votre cheval restera là. Vous le trouverez en revenant.
    Jean Latour lui glissa une corde courte dans la main droite.
    —  Je serai devant vous et tiendrai l’autre extrémité. Il n’y a aucun obstacle sur notre chemin, seulement quelques escaliers dont je vous compterai les marches.
    Isabeau fit de même dans sa main gauche.
    —  Je fermerai votre pas. Tant que vous tiendrez ces cordes, vous nous assurerez de ne rien voir de l’endroit où l’on vous conduit. Si vous les lâchez, vous serez en danger.
    —  J’aurais pu mourir de ta main bien des fois, Isabeau, cette fois non plus tu ne trouveras pas le courage d’en finir avec ton passé.
    Pour toute réponse, Jean fit jouer une des pierres dans l’encadrement du pilier et celui-ci révéla un passage.
    Ils marchèrent longuement dans le boyau secret qui reliait le Temple à plusieurs habitations de la rue Vieille, s’arrêtant dans la cave d’Albérie qu’un autre mécanisme leur ouvrit. Celle-ci les y attendait, Marie et Constant à ses côtés.
    Tandis que Jean rebroussait chemin, Isabeau ôta son bandeau à Chazeron. La lanterne dansait sur l’ombre des murs et Chazeron prit le temps d’inspecter l’endroit en se frottant les poignets.
    Son regard s’arrêta sur Marie qu’Isabeau avait rejointe près de tonnelets et d’étagères encombrées de conserves.
    —  Tu n’as rien à craindre de lui, Marie.
    Puis, se tournant vers François de Chazeron qui n’avait pas bronché :
    —  Voici Antoinette-Marie. Elle est celle que vous cherchez.
    Contournant un escalier qui ramenait vers la cuisine, il s’avança vers elle, une once de douceur sur le visage. Marie recula.
    —  Ne vous approchez pas d’elle, gronda Constant.
    —  Du calme, mon jeune ami, répliqua François, je veux seulement vérifier que l’on ne m’a pas menti.
    Il sortit le médaillon de sa poche et le tendit à la jouvencelle.
    —  Ceci t’appartient-il ?
    Marie s’en empara vivement et s’empressa de rattacher la chaîne autour de son cou :
    —  Vos hommes me l’ont arraché sur la berge, bougonna-t-elle.
    Et fixant François droit dans les yeux :
    —  Vous devez cesser de tourmenter les gueux. Ils ne sont pas responsables !
    —  Ils ont voulu te défendre, oui, je le sais, mais

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