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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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que l’organisation avait été
modifiée dès les débuts de l’occupation mongole. En outre, les règlements devinrent plussévères, et le couvre-feu fut strictement imposé.
« Une partie des gardes, dit Marco Polo, fait des
patrouilles dans les rues pour vérifier s’il y a des
feux ou lumières au-delà des heures permises : si
une maison est trouvée en défaut, ils font une
marque sur la porte et, le matin, le propriétaire doit
comparaître devant les magistrats ; s’il ne peut
fournir une excuse valable, il sera condamné. De
même, s’ils rencontrent une personne circulant
dans les rues aux heures défendues, ils l’arrêtent
et, le matin, la conduisent devant le tribunal 25 . »
    Ces mesures sévères durent sembler très
pénibles aux habitants d’une ville où la vie nocturne avait toujours été très intense. Avant l’occupation mongole, de nombreux quartiers de la
ville, et en particulier ceux qui se trouvaient en
bordure de la Voie impériale, restaient animés
jusqu’à une heure avancée de la nuit. Des
lampes multicolores illuminaient l’entrée et la
cour des restaurants, des cabarets, des maisons
de thé et la devanture des boutiques. Cependant,
il est probable qu’il n’y avait pas d’éclairage
public : là où les rues n’étaient pas éclairées par
les lampes des commerces nocturnes, on circulait sans doute avec des lanternes.
    Un régime aussi libéral explique peut-être
pourquoi, malgré la rapidité des secours, Hangzhou connut encore de très graves incendies au XIII e siècle. Ainsi, le 28 de la 3 e lune (15 avril) de
1208, le feu, qui avait pris naissance dans lequartier des bâtiments administratifs, au nord du
palais impérial, ravagea ensuite pendant quatre
jours et quatre nuits une grande partie de
Hangzhou. 58 097 maisons furent réduites en
cendre sur une distance de plus de cinq kilomètres, à l’intérieur et à l’extérieur des remparts.
Cinquante-neuf personnes périrent dans les
flammes, et celles qui moururent écrasées dans
les bousculades furent innombrables. Quatre
mois plus tard, l’administration décida de loger
provisoirement une partie des sinistrés, soit
5 345 personnes parmi lesquelles on comptait
4 077 adultes et 1 268 enfants, dans les établissements religieux (monastères bouddhistes et
taoïstes, temples du culte officiel). Les secours
distribués aux familles des disparus s’élevèrent à
160 000 ligatures de pièces de monnaie et à 400
tonnes de riz. On octroya aux sinistrés 500
sapèques et 30 litres de riz par adulte, 200
sapèques et 13 litres de riz par enfant. Certains
fonctionnaires, n’ayant plus où loger, louèrent
des barques sur le lac 26 .
    Trois autres grands incendies sont signalés au XIII e siècle, l’un en 1229, à peine moins grave
que celui de 1208, un autre en 1237, où 30 000
maisons furent la proie des flammes, le dernier
enfin en 1275, à la veille du siège de la ville par
les Mongols.
    A cause de la fréquence des incendies, les
grands commerçants de la ville et les marchandsqui ont affaire à Hangzhou trouvent plus prudent
d’entreposer leurs marchandises dans des bâtiments qui ont été construits spécialement pour
être, dans tous les cas, à l’abri des flammes. Au
dire d’un contemporain, ce serait là une institution particulière à Hangzhou : dans une partie de
la ville qui est arrosée par de nombreux cours
d’eau, près de la porte nord-est des remparts,
riches familles, impératrices et eunuques du
gynécée impérial ont fait construire plusieurs
dizaines de vastes bâtiments qu’ils louent aux
marchands de passage et aux boutiquiers de la
ville. Ces sortes d’entrepôts, entourés d’eau de
tous côtés, restent toujours à l’abri des incendies
et des voleurs, et leurs propriétaires, qui entretiennent là en outre des gardiens chargés de faire
des rondes dès la tombée de la nuit, se font
payer très cher chaque mois les frais de garde et
d’occupation 27 .
    Les habitants vivent en permanence dans la
hantise du feu. Aussi les paniques sont-elles fréquentes, et un avertissement impérial dut interdire aux gens de s’effrayer en se rapportant des
récits d’incendie. L’administration doit veiller
également à empêcher les pillages, car la lie de
la population trouve une occasion favorable aux
rapines dans l’affolement panique qui accompagne les incendies. Ces « suiveurs de feu »,
selon l’expression chinoise, doivent être

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