La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
comporte, en
dehors de la ville murée, que des faubourgs assez
peu étendus : le lac, le fleuve et les collines s’opposent à l’extension de la ville. La densité
moyenne semble avoir été élevée vers 1270.
Mais tout l’espace urbain n’est pas également
peuplé. Les collines du sud, où se trouve le palais
impérial, servent de résidence aux classes riches.
Les hauts fonctionnaires habitent la colline des
Dix Mille Pins 17 et les marchands enrichis dansle commerce maritime le mont des Phénix, plus
au sud 18 . Kiosques et pavillons y sont dispersés
au milieu de parcs et de jardins.
Au contraire, la partie basse de la ville murée,
au nord du palais et, plus particulièrement, les
quartiers populaires qui sont adjacents à la Voie
impériale, sont surpeuplés. C’est là que sont
bâties les maisons à étages, en bordure de ruelles
étroites et encombrées. Il y a un contraste frappant entre le plan clair des larges avenues qui traversent la ville de part en part, le caractère
monumental des murailles et des portes, la splendeur des édifices officiels et des temples, l’étroitesse des ruelles et l’entassement désordonné des
quartiers populaires. A vrai dire, ce contraste
n’est pas particulier à Hangzhou. Il est commun
à toutes les villes de l’empire et paraît être la traduction d’un état politique : il est comme un symbole de la juxtaposition d’une administration
omnipotente et du peuple innombrable qui vit à
son ombre et qui côtoie les puissants sans
prendre part à la gestion des affaires publiques.
Les maisons des quartiers populaires ont sans
doute une façade très étroite sur la rue et elles
s’étendent surtout en profondeur. Le rez-de-chaussée est généralement occupé par une boutique ou par l’atelier d’un artisan. Le témoignage
d’Oderic de Pordenone, qui mentionne tantôt dix
étages et tantôt dix familles par maison, semble
indiquer que ces bâtiments abritent une famillepar étage, quelle que soit en fait leur hauteur.
Les loyers sont payés probablement chaque
mois au propriétaire, personne privée ou administration publique. Les maisons qui appartiennent à l’Etat sont gérées par un office spécial,
dénommé Direction des magasins et des maisons à étages. « Cet office, dit un texte, se trouve
au nord du pont Liufu. Les pouvoirs publics y
ont préposé des employés qui fixent les loyers
d’après le nombre des habitants, perçoivent les
paiements annuels et le prix de location des terrains nus 19 . »
On ne sait pas quel était le prix des loyers,
mais les difficultés de logement et les mesures
libérales prises assez fréquemment par la cour
laissent à penser que ces locations devaient être
une lourde charge pour les habitants. Il y a, dit
un habitant, trois classes de loyers : grande,
moyenne et petite. Lors des cérémonies ordinaires ou des mesures de grâce consécutives aux
calamités (grands froids, pluies excessives,
incendies), les administrations et les propriétaires privés publient des avis annonçant la
remise d’un certain nombre de jours de location.
Pour les loyers de grande classe, ces exemptions
vont de trois à sept jours, pour ceux de la classe
moyenne de cinq à dix jours et, enfin, pour les
loyers de petite classe de sept à quinze jours.
Lorsque les loyers n’ont pas encore été réduits
pour l’un de ces motifs, une remise des troisdixièmes des loyers est accordée en cas de cérémonie exceptionnelle. Ainsi, pour un loyer de
mille pièces de monnaie, administrations et propriétaires privés ne reçoivent que sept cents
pièces 20 .
LES INCENDIES ET LA LUTTE CONTRE LE FEU
Les maisons à étages des quartiers les plus
peuplés, que ne traverse qu’un lacis de ruelles,
sont en bois et en bambou. On comprend la fréquence et la gravité des incendies et l’importance des mesures qui furent prises pour lutter
contre le feu. Jamais, dans aucune ville chinoise,
le danger n’avait été si grand. En effet, dans les
anciennes capitales des plaines du Nord, d’immenses avenues qui se coupaient à angle droit
traversaient les villes de part en part et délimitaient les quartiers. Les plus grandes de ces avenues avaient plus de cent mètres de large, les plus
petites quarante mètres ou plus. Ainsi, les incendies restaient généralement limités à certains
quartiers, Cependant à Kaifeng, capitale des
Song du Nord de 960 à 1126, les incendies
étaient déjà plus redoutables : la population
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