La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
jugés
selon la loi martiale.
Nombre de superstitions sont suscitées par la
terreur du feu. C’est ainsi que les incendies très
nombreux des années 1132 et 1133 furent attribués par les habitants de Hangzhou à l’influence
du nom de la première ère dynastique des Song
du Sud : elle s’appelait « Etablissement flamboyant ». En 1282, une baleine de plus de
30 mètres de long s’échoua sur les bancs de
sable du fleuve Zhejiang, près des remparts de
Hangzhou, et des garnements montèrent sur son
dos avec des échelles pour la dépecer et s’en
nourrir. Or, peu de temps après, un incendie se
déclara dans la ville. Des gens en attribuèrent la
cause à cette baleine. Cependant, dans la nuit du
22 au 23 de la 12 e lune de 1291, une nouvelle
baleine, plus grosse encore, vint mourir près des
remparts et, presque aussitôt, le feu détruisit plusieurs bâtiments officiels et plusieurs milliers de
maisons au nombre desquelles se trouvait la
demeure du prévôt des marchands arabes. « On
voit donc, dit l’auteur qui rapporte cette anecdote, que les propos en l’air qui circulent dans le
peuple ne sont pas toujours sans fondement 28 . »
Des temples sont dédiés aux génies du fleuve
et des eaux ainsi qu’aux rois-dragons : les habitants espèrent que ces divinités, flattées par les
sacrifices qu’ils leur adressent, protégeront la
ville contre le feu. Des sources tardives mentionnent également, au milieu d’un étang, dans
le nord de la ville, un pavillon dédié à Mercure,l’étoile de l’eau. Cette construction hexagonale,
haute de 23 mètres, doit dater de la fin du XIII e siècle 29 .
TRANSPORTS ET RAVITAILLEMENT
En moins de deux siècles, la population de
Hangzhou a doublé. Cependant, la ville ne s’est
guère étendue en dehors de ses remparts. Grâce
aux constructions en hauteur, à l’occupation de
tous les terrains libres, plus des deux tiers des
habitants, vers 1270, logent à l’intérieur d’une
enceinte dont le tracé date du début du VII e siècle
et qui avait été construite pour abriter les habitants d’une petite ville. On se demande donc
comment il est possible de circuler à Hangzhou
au XIII e siècle et comment peuvent s’y faire les
transports nécessaires au ravitaillement d’une
population aussi nombreuse. En fait, les grandes
avenues est-ouest ainsi que la Voie impériale et,
surtout, les nombreux canaux qui traversent
Hangzhou suffisent à tous les besoins.
« La ville, dit Marco Polo, est située de telle
façon que, sur l’un de ses côtés, elle a un lac
d’eau douce d’une limpidité extrême et, sur un
autre côté, un très grand fleuve. Les eaux (du lac)
alimentent nombre de canaux de toutes dimensions qui coulent à travers les différents quartiers
de la ville, évacuant toutes les immondices…Les eaux sortent ensuite pour couler vers
l’océan, produisant ainsi une atmosphère des
meilleures. Au moyen de ces canaux, aussi bien
que par les rues, on peut parcourir la cité dans
tous les sens. Rues et canaux sont si larges et
spacieux que charrettes d’une part, embarcations
de l’autre peuvent facilement aller et venir pour
transporter les approvisionnements nécessaires
aux habitants 30 . »
Au XI e siècle, les canaux de la ville étaient
périodiquement envahis par la vase qu’amenaient
les plus fortes marées, et il fallait creuser à nouveau leur lit tous les trois à cinq ans. C’était alors
un bouleversement général à Hangzhou. Les travaux troublaient les activités commerciales et
importunaient toute la population. Tous ceux,
petits employés et soldats, qui avaient quelque
moyen de faire pression sur les habitants en profitaient pour se faire acheter. « Il faut déposer la
terre ici, disaient-ils, il faut faire passer le canal
d’écoulement par là », assez haut pour être
entendu par qui de droit, et, quand un propriétaire, effrayé par la perspective des terrassements
qui allaient être entrepris chez lui, avait grassement payé les chefs de chantier, ceux-ci allaient
ensuite exercer le même chantage sur le propriétaire voisin. Enfin, des travaux mieux conduits et
l’installation, au cours des années 1086-1093,
d’une grande écluse qu’on fermait à marée haute
mirent un terme à tous ces maux 31 .
Les canaux de la ville et ceux qui, à la sortie
des remparts, menaient vers les grandes préfectures voisines étaient de dimensions variables.
Les plus importants devaient avoir
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