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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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vallée du Yangzi.
    Au VIII e siècle, cette Chine du Sud, au climat
lourd et amollissant, n’est qu’une partie négligée d’un vaste empire. L’intérêt est ailleurs. Le
cœur aussi. Le Sud, pour beaucoup, n’est pas la
terre de leurs ancêtres : ils ont le sentiment d’y
être en exil. Enfin, les grandes dynasties chinoises ont toujours eu leurs capitales dans le
Nord, dans la région de l’actuelle Xi’an ou plus
à l’est.
    Cependant, dans la suite des siècles, le poids
de cette Chine du Sud s’est fait sentir de plus en
plus ; elle s’est peuplée, s’est enrichie, a développé ses relations maritimes et fluviales, elle a
inauguré un genre de vie spécifiquement urbain
qui était pratiquement inconnu de la Chine du
Nord, elle a donné naissance à de grandes
familles lettrées, enfin, elle a pris conscience
d’elle-même et de son dynamisme. De cette
modification profonde et insensible à la fois, il y
a une explication qui vient de prime abord àl’esprit et qui a des chances d’être exacte : la
poussée continue des Barbares nomades d’Asie
centrale et de l’actuelle Mongolie depuis le X e jusqu’au XIII e siècle doit être la cause principale
de cette progression dans l’économie générale
de la Chine des régions de la vallée du Yangzi et
des provinces du Sud-Est.
    La coupure des routes d’Asie centrale, sous
les Tang, fut une première étape de la poussée
des nomades. La constitution de puissants Etats
barbares (Xixia, Lao et Jin) au nord de la
Grande Muraille, et la menace constante qu’ils
firent peser de la fin du X e siècle au début du XII e sur les provinces du Nord constituent la seconde.
La suite se présente sous un jour plus tragique,
et c’est l’histoire de l’époque où se situe notre
description de la vie quotidienne en Chine. Deux
dates la résument : 1126, chute de la capitale
des Song du Nord (960-1126), l’actuel Kaifeng
au Henan, suivie de l’invasion de toute la Chine
du Nord jusqu’au Yangzi, puis d’une stabilisation de la frontière entre Chinois et Barbares à
la vallée de la Huai et de l’installation de la
cour à Hangzhou ; 1276, prise de Hangzhou par
les Mongols et occupation de toute la Chine
pour la première fois de son histoire. De ce complet asservissement de la Chine par les Barbares
les plus rebelles à toute culture, les plus fidèles à
leurs traditions tribales et guerrières, par ces
hordes dont les conquêtes prodigieuses ont faitl’admiration de l’Occident, l’âme chinoise gardera une sorte de désenchantement. L’occupation
mongole portera une profonde atteinte à ce
grand pays, le plus riche et le plus évolué du
monde à cette époque. Dans bien des domaines,
la civilisation chinoise brille d’un de ses plus
vifs éclats à la veille de la conquête mongole, et
cette conquête marque une interruption assez
nette dans son histoire.
    Dirons-nous que ce fut une période troublée ?
Ce serait admettre que les grands événements
historiques ont une répercussion directe sur la
vie de tous les jours. Or, les grandes catastrophes de l’histoire ne touchent la plupart des
hommes que lorsqu’ils y sont eux-mêmes impliqués. Ce fut sans doute une période d’inquiétude
pour les dirigeants les plus patriotes et les plus
conscients du danger. Mais on peut affirmer que,
jusqu’au siège de la ville, la vie continua à
Hangzhou avec la même insouciance : comme
chacun sait, les Chinois ont une bonne dose de
philosophie.
    Il faut d’ailleurs reconnaître que, dans les
hautes classes, l’inconscience et la soif de plaisirs sont presque générales. Les historiens chinois
postérieurs n’ont pas manqué d’attribuer à cet
affaiblissement du sens moral chez les dirigeants
la défaite et l’asservissement de la Chine. Il y a là
un vieux thème classique : l’indulgence pour les
plaisirs et l’oubli des rites chez un souverainmènent l’empire à sa perte. Le dernier empereur
des Song du Nord était un esthète passionné de
peinture et de collections d’art. Les derniers
empereurs des Song du Sud manquèrent tout
autant de « vertu » et de réalisme. Cependant, la
défense était solidement organisée, et l’Etat
consacrait la plus grande partie de ses ressources à l’entretien d’une armée de plus d’un
million d’hommes. Les recherches montreront
sans doute un jour que les vraies causes de l’effondrement de la Chine furent tout autres que le
laisser-aller moral, et probablement de

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