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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la duchesse, flattée malgré tout. Savez-vous pourquoi je vous ai appelée?
    — Non, madame.
    — Parce que je vous ai trouvée charmante, mademoiselle, et que je souhaiterais vous prendre à mon service.
    — Moi, madame? s’étonna Perrine.
    — Oui, vous, mais peut-être préféreriez-vous rester là où vous êtes…
    — Surtout pas, madame! Si vous saviez ce qui m’est arrivé dans cette maison…
    Elle se retint d’en dire plus, songeant que si elle disait avoir été presque violée, la duchesse la rejetterait.
    — Vous me raconterez… Cependant, vous êtes au service d’un autre maître…
    — Il n’est pas à Paris, madame, je peux facilement quitter sa maison…
    — Ce ne serait pas courtois, ni dans les usages… lui reprocha la duchesse.
    Perrine vit s’envoler ses chances d’entrer à son service et les larmes lui vinrent aux yeux.
    — Comment s’appelle votre maître? sourit Catherine de Lorraine en la voyant si malheureuse.
    — Olivier Hauteville, madame.
    — Savez-vous où il est? Je pourrais le prévenir…
    — Je l’ignore, madame… balbutia Perrine, désespérée et maudissant ce maître qui ne reviendrait peut-être jamais, l’abandonnant ainsi à une vie sans éclat et sans fortune.
    — C’est dommage! soupira la duchesse.
    Elle laissa sa phrase en suspens avant de suggérer :
    — Nous pourrions convenir d’une solution, pourquoi ne me préviendriez-vous pas si votre maître revenait à Paris?
    — Je le ferai, madame, je vous le promets! jura Perrine qui reprit espoir.
    — Mais attention, pas un mot à quiconque! Je le verrai moi-même et je le convaincrai de vous laisser partir. Si vous en parliez, vous feriez tout échouer… Il serait dommage pour vous de perdre une place de cent écus par ans. Je donne aussi parfois une de mes vieille robes pour Noël à mes domestiques, quand je suis contente d’elles…
    Perrine embrassa la main qu’elle lui tendit. Sa fortune était assurée… si seulement son maître revenait!

    La duchesse rentra à l’hôtel du Petit-Bourbon 2 satisfaite. Perrine serait désormais sa créature. Si Hauteville venait à Paris, cette sottarde la préviendrait. Ensuite,
     tout serait facile : elle le ferait saisir par ses gardes et conduire chez elle dans un coche fermé. Son hôtel, situé entre
     la foire de Saint-Germain et l’église Saint-Sulpice 3 , donc en dehors de la vieille enceinte fortifiée de Charles V, avait de bonnes caves et personne n’entendrait Hauteville
     hurler pendant qu’elle le supplicierait.
    Se souvenant de l’humiliation subie à Garde-Épée, quand Hauteville et M. de Mornay avaient traîtreusement surpris sa garnison,
     et n’arrivant pas à oublier dans quelles conditions elle en était partie, sans manteau, sans coche et sans argent, elle éprouva
     pour la première fois une profonde jouissance en imaginant ce qu’elle infligerait au jeune homme avant de faire jeter son
     cadavre écorché et mutilé à la Seine.
    Dommage qu’elle ne puisse se venger de la même façon de Cassandre pour laquelle elle aurait imaginé des supplices bien pires.
     Elle décida qu’elle lui enverrait la tête embaumée de son amant. Après tout, c’est ce que Catherine de Médicis avait fait
     avec celle de Coligny qu’elle avait envoyé au pape après la Saint-Barthélemy. Ruggieri lui fournirait peut-être sa recette
     pour momifier les corps.
    C’est dans cet état de béatitude que ce même dimanche de novembre 1587, elle reçut dans l’après-midi le curé de Saint-Benoît,
     Jean Boucher, qui lui avait demandé audience quelques jours auparavant. Ce n’était pas dans ses habitudes de recevoir un dimanche
     un prédicateur, mais Boucher avait tant insisté.
    Curé à Reims, puis régent de philosophie au collège de Bourgogne à Paris, Jean Boucher, membre fondateur de la sainte union,
     était à quarante ans recteur de l’Université. Dans ses sermons il vouait aux gémonies autant Henri III que l’hérétique Henri
     de Navarre, mais il excitait si violemment le peuple à la révolte contre le roi qu’il venait d’être convoqué à la cour et
     menacé d’une exemplaire justice . La duchesse pensait que c’était pour cette raison qu’il voulait la voir, pour lui demander sa protection.
    Elle le reçut à huis clos dans sa chambre d’apparat et s’étonna en découvrant qu’il était accompagné de Jean Prévost, le curé
     de Saint-Séverin, qu’elle connaissait moins. Elle

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