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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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La sainte Ligue, que ses ennemis appelaient Madame la Ligue .
    Début mars 1588
    On était lundi. Le soleil n’avait pas encore percé quand Olivier Hauteville, revêtu d’un épais pourpoint de peau tannée et
     enroulé dans un manteau de laine rugueuse, passa le pont-levis du château de Nérac. Le froid était extrêmeet la neige gelée crissait sous les sabots de son cheval. Il venait de l’auberge où il logeait depuis qu’il était revenu de
     Casteljaloux avec la compagnie commandée par le roi de Navarre, après avoir repris Damazan et le Mas-d’Agenais aux troupes
     royales.
    La veille, dans la grande salle du château où se trouvait réunie toute la cour de Nérac, le roi de Navarre s’était adressé
     ainsi à son cousin le comte de Soissons, frère cadet du prince de Condé issu d’un second lit.
    — Mes paysans pestent contre un vieux solitaire qui ravage leurs labours. Il est temps d’y porter remède. J’ai décidé d’une battue demain et nous ramènerons ce malveillant dont on fera des jambons. Viendrez-vous avec nous, cousin?
    Soissons était un homme jeune, au regard dur et aux expressions soigneusement contrôlées. Hautain jusqu’à l’arrogance, il
     portait une épaisse barbe pour tenter de paraître plus vieux qu’il n’était. Élevé à la cour d’Henri III dans la religion catholique
     par son oncle, le cardinal de Bourbon, il avait rejoint l’armée protestante avec trois cents gentilshommes l’année précédente
     et s’était distingué à la bataille de Coutras. Depuis, il était un des rares capitaines à être restés près du roi de Navarre,
     mais les jaloux murmuraient que c’était uniquement pour épouser sa sœur.
    — Certainement, mon cousin! avait répondu le comte en s’inclinant.
    Henri de Bourbon s’était alors tourné vers Olivier Hauteville pour lui demander, de sa voix rugueuse et chantante :
    — Vous avez déjà chassé le sanglier, Fleur-de-Lis?
    Le roi de Navarre l’appelait ainsi depuis qu’il avait acheté son fief, et Olivier ne s’y habituait toujours pas.
    — Jamais, monseigneur…
    Il ajouta en se moquant de lui-même :
    — Jusqu’à peu, je n’étais qu’un clerc en Sorbonne, monseigneur, et il n’y a pas de sanglier sur la montagne Sainte-Geneviève…
    — De sanglier, c’est vrai! s’esclaffa Navarre, mais Ventre-saint-gris, les prédicateurs y sont plus féroces que les loups d’ici!
    La salle se mit à rire.
    — Nous partirons au lever du soleil. On vous donnera un épieu, Fleur-de-Lis, si vous croisez la bête…

    Voilà pourquoi Olivier pénétrait si tôt dans la grande cour de Nérac. Dans un vacarme infernal, quelques dizaines de gentilshommes
     à cheval, ivres de chasse et de sang, s’interpellaient bruyamment en riant tandis que les paysans chargés de la battue se
     rassemblaient avec leurs fourches au son des trompes. Mais ce qui dominait ce tumulte, c’étaient les aboiements des innombrables
     chiens qui tiraient de toute leur force sur les cordes qui les retenaient.
    Henri de Navarre aimait passionnément la chasse. S’il dépensait peu pour ses plaisirs personnels, ses chiens avaient droit
     à tous les égards. Les chenils de Nérac abritaient plusieurs meutes d’épagneuls, de chiens courants et surtout de lévriers
     capables de traquer loups et sangliers.
    Enfin la battue commença. Olivier suivit les chasseurs avec un médiocre intérêt, tant il aurait préféré rester à l’auberge
     pour lire les Histoires tragiques de François de Belleforest que M. de Mornay lui avait offert avant son départ de Coutras. Navarre, en revanche, galopait
     toujours le premier derrière les chiens en les encourageant par toutes sortes de cris et d’interjections.
    Olivier s’interrogeait sur l’attitude d’Henri de Bourbon depuis qu’ils étaient revenus de Casteljaloux. Navarre paraissait
     toujours aussi jovial, mais Hauteville avait remarqué l’ombre qui voilait son regard quand le comte de Soissons était près
     de lui. Le roi, habituellement si exubérant, était rarement taquin avec son cousin, et ne plaisantait jamais avec lui.
    Comme beaucoup à la cour, Olivier n’appréciait guère Soissons. Imbu de sa race de prince de sang, le comte nerecherchait pas l’amitié des compagnons du roi, et encore moins la sienne bien qu’il connaisse sa proximité avec Cassandre
     de Saint-Pol, comme s’il refusait le contact avec celui qui avait approché cette sœur adultérine.
    Soissons

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