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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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quartier.
    Mais lorsqu’il arriva au cimetière, après force détours pour éviter les barrages, il apprit que les troupes royales assiégées
     n’avaient reçu aucun ravitaillement et étaient assoiffées et affamées.
    Se sentant forte, la populace bravait maintenant les soldats du roi, menaçant de les mettre en pièces. Soudain, une compagnie
     de Suisses tenta une sortie. Immédiatement les tireurs disposés en haut des murs du cimetière en abattirent quelques dizaines
     à coup de mousquet. Des soldats parvinrent pourtant à s’enfuir en sautant par-dessus les barricades, poursuivis aussitôt par
     des bouchers armés de hachoirs et de broches. Nicolas Poulain imagina avec un frisson d’horreur ce qui leur arriverait quand
     ils seraient rattrapés.
    Tandis que la fusillade se prolongeait dans un désordre indescriptible, Poulain grimpa sur un pas de mule et découvrit que
     les Suisses du cimetière s’étaient jetés à genoux, implorant pitié en montrant leur chapelet.
    — Bon catholique! Bon catholique! criaient-ils pendant qu’on leur tirait dessus.
    Malgré leurs supplications, ils auraient tous été abattus si, soudain, d’autres cris n’avaient retenti qui firent cesser la
     fusillade :
    — Guise! Mgr de Guise!
    Nicolas se dirigea vers où la foule se portait. En bousculant, il parvint au premier rang. C’était en effet le duc entouré
     d’une trentaine de serviteurs et de gentilshommes. En pourpoint blanc, couvert d’un grand chapeau, une baguette à la main,
     un page portant son épée, il sourit à la foule avant de demander la grâce des soldats royaux aux officiers de la milice.

    Le duc de Guise était jusqu’à présent resté dans son hôtel pour ne pas être accusé de complicité avec les rebelles, mais il
     avait eu connaissance des ordres du roi par la reine mère. Ayant appris le repli de Crillon, il avait accueilli Biron avec
     chaleur. La demande du maréchal ne pouvait mieux tomber, tant le Balafré voulait montrer qu’il n’était pour rien dans l’émeute. Il avait donc quitté son hôtel pour aller place de Grève afin de demander
     à la foule de laisser partir les régiments du roi, mais apprenant en chemin que les Suisses étaient massacrés aux Innocents,
     il s’y était rendu en premier.

    Sous leurs acclamations, Guise obtint la grâce des Suisses. Ensuite, la négociation sur la reddition fut rapide. Mèches éteintes,
     tambours sur le dos, c’est avec un serrement de cœur que Nicolas Poulain vit les belles troupes royales, souillées de crachats
     et de boue, se replier vers le Louvre. Le silence se faisait sur leur passage. C’était une nouvelle magnifique journée de Saint-Séverin , mais à l’échelle de la capitale. Les Parisiens avaient vaincu les quatre mille soldats royaux.
    Comme les troupes vaincues s’éloignaient honteusement, un homme cria :
    — Il ne faut plus lanterner, monsieur le duc! Il faut vous mener à Reims!
    En réponse à ces mots, les vivats et les « Vive Guise! » fusèrent.
    Poulain remarqua alors que sous son chapeau baissé, le duc avait le fou rire. Parvenant à peine à le dissimuler, il lança
     plusieurs fois à la foule :
    — Mes amis, c’est assez! Messieurs, c’est trop! Criez donc : Vive le roi!
    Puis, une main sur la bouche pour contenir ses rires, il partit avec ses gens pour la place de Grève sous des hourras assourdissants.
    Après son départ, Nicolas Poulain se sentit complètement découragé. Où devait-il diriger ses pas? Le plus raisonnable était qu’il sorte de Paris, si les portes n’étaient pas encore fermées. Mais ensuite? Et que deviendrait sa famille? Certes, elle était en sécurité chez Olivier, mais pour combien de temps? Pourtant, à force de réfléchir, il se rassura. Les compagnies suisses et françaises de la garde du roi étaient humiliées mais n’avaient pas subi beaucoup de pertes et étaient toujours armées. Le régiment de Picardie allait arriver. Le roi de France ne pouvait être vaincu par une poignée de pouilleux parisiens! Il décida donc d’aller au Louvre pour se placer au service de son souverain comme il l’avait décidé le matin.
    Mais avant, il voulait être certain que sa famille était bien en sécurité chez Hauteville.
    Il tenta donc de revenir vers la rue Saint-Martin. Les barricades ne l’inquiétaient pas, car il connaissait toutes sortes
     de passages entre les maisons et les potagers, d’échelles et de galeries permettant

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