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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Certes, ils pourraient se diriger vers le
     Louvre où Clément voulait se rendre, mais ils trouveraient en chemin de nouvelles barricades, sans pour autant être certains
     de le retrouver. Olivier, soucieux pour Cassandre, jugea plus raisonnable de revenir à la tour de l’hôtel de Bourgogne, ce
     qui n’allait déjà pas être facile.
    — Rejoignons la place de Grève par cet escalier, nous passerons ensuite entre les maisons sur piliers, proposa-t-il à Caudebec.
    Ils avaient faim, les pâtés étaient digérés depuis longtemps, mais ils n’avaient aucune possibilité de se rassasier ou même
     de boire. La chaleur était accablante. Ils arrivèrent enfin à la place de l’Hôtel de Ville. Sur le port de la grève les barques
     étaient alignées en rangs serrés le long des pontons ou accolées les unes aux autres. Malgré l’insurrection, quelques gagne-deniers
     déchargeaient les bateaux.
    Sur la place, la foule était nombreuse et il n’y avait aucun soldat. Olivier et François Caudebec observèrent quelques garçons
     de la Grande boucherie qui traînaient deux cadavres de Suisses pour les pendre aux potences, devant les façades de l’Hôtel
     de Ville, pendant qu’un groupe de religieux chantaient des cantiques. Plus loin, des femmes dansaient une sarabande autour
     de la croix érigée au milieu de la place. On fêtait apparemment une victoire.
    Ils arrêtèrent un porteur d’eau dont la large sangle sur l’épaule soutenait deux seaux maintenus par un cerceau de bois.
    — Qui veut de l’eau? criait-il.
    — Elle vient de la Seine? demanda Olivier.
    — Non, monsieur, d’un grand puits! Point ne mens!
    Ils avaient si soif qu’ils le crurent, regrettant quand même de ne pouvoir y mettre un peu de vinaigre. Ils en burent un cruchon
     contre deux liards. Désaltéré, Olivier demanda :
    — On arrive de l’Île… Où sont les troupes du roi?
    — Les régiments du bougre se sont repliés pour rejoindre le Louvre – le porteur d’eau cracha par terre, tout en postillonnant dans ses seaux –, mais il y a eu des accrochages avec les Suisses. Ils ne doivent leur salut qu’à Mgr de Guise venu nous demander de les laisser partir. Sinon, ils seraient tous pendus comme ceux-là!
    Il montra la potence où se balançaient les corps attachés par les pieds.
    — Guise! ne put s’empêcher de lâcher Olivier.
    L’autre dut prendre son interjection pour un cri de joie, car il ajouta avec ferveur, dévoilant les chicots noirs de sa bouche :
    — Monseigneur est la bonté même. Il était en blanc, beau comme l’archange saint Michel de Notre-Dame.
    Après la déroute à laquelle ils avaient assisté dans la Cité et l’Université, cette humiliation des Suisses était encore plus
     incroyable pour les deux hommes de Navarre. De plus en plus inquiet, Olivier avait hâte de rentrer à la tour.
    Laissant le porteur d’eau, ils traversèrent la place sans encombre et, par l’étroite rue du Mouton, ils rejoignirent la rue
     de la Tisseranderie. Mais celle-ci était barrée des deux côtés, tout comme les rues transversales. Finalement, par un passage
     entre l’Hôtel de Ville et l’hôpital du Saint-Esprit, ils gagnèrent la minuscule rue du Coq-Saint-Jean. Ils s’y engagèrent,
     mais plus loin la rue Verrerie était barrée aux deux extrémités par des chaînes et des pelotons de bourgeois.
    Olivier sentit le découragement le gagner. Ils ne parviendraient pas facilement à la rue Mauconseil, se dit-il en revenant
     vers la place de Grève.

    Biron désapprouva l’ordre reçu du roi mais l’exécuta sans état d’âme. Il annonça à ses officiers que la prise des barricades
     était abandonnée et qu’ils se repliaient vers le Louvre. Lui-même se rendit à l’hôtel de Guise pour demander au duc de le
     laisser faire une retraite honorable afin d’éviter un bain de sang. En effet, pour gagner le palais, les régiments emprunteraient
     des rues fort ligueuses.
    Apprenant le repli des troupes, Nicolas Poulain retourna au cimetière des Innocents pour voir ce que devenaient les régiments
     qui s’y trouvaient. Il se sentait honteux pour l’humiliation subie par la monarchie mais aussi très inquiet, car à cette heure,
     Le Clerc devait le rechercher et sa tête était sans doute mise à prix. Il espérait quand même que les Suisses resteraient
     aux Innocents et recevraient des renforts. Tant qu’ils seraient là, la Ligue ne pourrait imposer sa loi dans le

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