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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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dit-il à ses hommes, laissez tomber la porte et venez avec moi.
    — Laissez-moi rentrer d’abord, monsieur le commissaire. Je ne veux pas d’ennui, supplia-t-elle.
    Louchart hésita, puis il se dit que cette fille pouvait encore servir.
    — Reprenez votre travail, bande de feignants, fit-il aux hommes à la hache. On ira chez Hauteville dans un moment.
    1   Châtillon, capitaine protestant, était le fils de l’amiral.
    2   Approximativement la place Saint-Michel.
    3   Brissac avait rejoint la Ligue par dépit. Ayant commandé une expédition en mer qui avait été un échec, Henri III avait dit
     de lui : Brissac n’est bon ni sur mer ni sur terre! Durant ces journées des barricades, il déclara à ses proches : Je ferai voir au roi que j’ai trouvé mon élément et que je suis bon sur le pavé!

17.
    Midi était passé quand, sur ordre du roi, le seigneur d’O et Alphonse d’Ornano vinrent chercher les troupes Suisses et Françaises
     dans l’Île. À nouveau, il y eut négociations avec les bourgeois qui tenaient les barricades, O voulant être certain que la
     populace laisserait passer les soldats sans les offenser. Vers trois heures, un accord fut trouvé et la retraite commença
     en direction du pont Notre-Dame.
    Ce n’était pas une mince affaire que de mettre en marche des centaines d’hommes au milieu d’une foule qui les insultait et
     crachait sa haine. Les barricades s’ouvrirent pourtant les unes après les autres devant les soldats.
    Olivier et Caudebec, mêlés au peuple, gardaient l’œil sur Clément qui était toujours avec ses compagnons, clamant des propos
     menaçants en brandissant piques et couteaux.
    Durant cette retraite, les Suisses avaient gardé les mèches de leurs arquebuses allumées de manière à pouvoir tirer si on
     les agressait. À une barricade, on exigea qu’ils les éteignent. Ils refusèrent. Soudain, un coup de feu éclata et un bourgeois
     tomba. Immédiatement Clément et ses amis écoliers chargèrent avec furie un groupe de tambours de la garde française. La mêlée
     devint vite confuse et les malheureux soldats furent accablés d’une grêle de balles, de tuiles et de pavés.
    L’émeute s’étendit vite aux autres régiments. Des dizaines de soldats tombèrent, tués par les pavés que les femmes et les enfants jetaient par les fenêtres dans la rue étroite en criant : « Vive Guise! Vive la sainte union! Vive la sainte Ligue! »
    Ne parvenant pas à se défendre, leurs officiers morts ou en fuite, les Suisses cessèrent vite toute résistance et se jetèrent
     à genoux, jurant qu’ils étaient bons chrétiens en tendant leurs chapelets.
    — Bonne France! imploraient-ils.
    Plus loin, les gardes françaises suppliaient aussi à mains jointes en demandant miséricorde.
    D’autres se rendaient même en criant :
    — Vive Guise!
    Les officiers guisards intervinrent et cette fois les soldats furent désarmés par M. de Brissac et conduits dans la boucherie
     du Marché Neuf où on les enferma. Les morts étant enterrés immédiatement dans une fosse sur le parvis Notre-Dame. Quant au
     marquis d’O et au colonel d’Ornano, ils crurent leur dernière heure arrivée. Pourtant, ils ne furent pas meurtris mais se
     retrouvèrent aussi prisonniers.
    Caudebec et Olivier ne surent tout cela que bien plus tard, car à peine l’échauffourée avait-elle commencé que Clément et sa bande s’étaient précipités sur le pont Notre-Dame en criant : « Au Louvre! » Aussitôt, ils les avaient suivis.
    Au bout du pont, la barricade s’ouvrit devant ces furieux armés et menaçants, mais quand Olivier et Caudebec, suivis de quelques
     dizaines de crocheteurs et de gagne-deniers avides de pillage, arrivèrent à leur tour, l’officier bourgeois ne les laissa
     passer qu’à la file en leur donnant ordre de rejoindre la milice qui encerclait les Suisses aux Innocents.
    Ils obtempérèrent en s’engageant vers la puante rue Planche-Mibrai, espérant retrouver Clément, qui avait disparu. Une autre
     barricade, tenue par une dizaine de bouchers, barrait la rue au niveau de la Halle aux Veaux.Conscients qu’ils auraient à donner des explications, et risquant d’être découverts, ils se joignirent à un groupe de moines
     en corselet, porteurs de hallebarde et de mousquet, qui descendait vers la grève de la Seine en direction du Grand-Châtelet.
    Sur la rive, ils abandonnèrent leurs frocards, hésitant sur la marche à suivre.

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